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«J’espère jouer chez moi à Yverdon»

23 janvier 2015

A l’âge de 35 ans, l’enfant du Nord vaudois Joëlle Richard a concrétisé son rêve: écrire et mettre en scène un spectacle. Le résultat, «Ta main», a reçu, dernièrement, un très bon accueil à Nuithonie.

Le spectacle «Ta main» met en scène la rencontre de trois solitaires dans une forêt d’hévéas. © Joëlle Richard

Le spectacle «Ta main» met en scène la rencontre de trois solitaires dans une forêt d’hévéas.

Une salle de Nuithonie, à Villars-sur-Glâne, remplie six soirs sur sept. Des réactions enthousiastes. Le bilan du premier spectacle écrit et mis en scène par Joëlle Richard est pour le moins encourageant avant son passage en Valais, au Petithéâtre de Sion, l’autre structure co-productrice de «Ta main». Un titre «carré», «simple», sélectionnées parmi plus de 50 autres, pour évoquer un scénario imaginé dans un contexte particulier.

Alitée plusieurs mois, en 2009 -l’année de ses trente ans-, suite à un accident de la circulation, la jeune femme a du temps pour réfléchir sur la société actuelle et donner naissance à trois personnages, «trois exclus en fin de course, essayant de se dépêtrer de leur situation ». Une histoire qu’elle choisit alors de «laisser reposer quatre-cinq ans dans un tiroir», le temps de «faire ses armes» dans la mise en scène.

«Ce spectacle ne se déroule pas de manière classique. Il contient des flash-back et un grand travail sur l’image. J’ai aussi voulu lui donner un ton drôle et décalé», indique-t-elle. Voir son écriture se matérialiser sur les planches constitue la réalisation d’un rêve, d’une volonté née lors d’un festival de théâtre à Edimbourg, en Ecosse, pour Joëlle Richard.

Les arts de la scène, un aboutissement suprenant quand on sait que l’ancienne habitante de Cheseaux- Noréaz a obtenu son bac… scientifique à l’actuel Gymnase d’Yverdon. A l’Université de Lausanne, elle opte pour les Lettres, avec l’allemand, l’anglais et la traduction, et fait partie d’une compagnie théâtrale estudiantine. «Une bonne école », où il faut savoir jongler avec les nombreuses facettes de l’organisation d’un spectacle.

Destination Londres

Le virage théâtrale, elle le prend pour de bon trois mois après la fin de sa formation académique dans la capitale vaudoise, à la Royal academy of dramatic art de Londres. Deux de ses responsables de cours, qui suivent encore son parcours actuellement, apprécient ses qualités scéniques et lui offrent un appui précieux. La seconde année de cette formation est consacrée à un travail pratique sur Othello, une tragédie de William Shakespeare jouée dans la Cité thermale, au Théâtre Benno Besson, avant la capitale anglaise.

Ne pas compter ses heures

Fondatrice, il y a dix ans, de la compagnie Roz and Coz, la Nord-Vaudoise pratique de nombreuses professions. Le fait qu’elle ne déteste pas les chiffres est un précieux atout dans le fastidieux domaine administratif. L’écriture d’une pièce est soumise au rythme, à la musique, à la poésie que l’on veut donner aux scènes. Egalement, un peu, aux comédiens. «J’ai été avec eux les quatorze derniers mois. Je crois qu’ils m’ont influencée, sans que je l’aie forcément remarqué sur le moment. Il y a un petit peu d’eux dans mon écriture», relève Joëlle Richard qui, outre le casting du spectacle, doit penser à sa promotion et aux ambivalences du métier de metteur en scène. «Il y a 80% d’humain et 20% d’artistique. Il faut savoir imposer et être à l’écoute, se remettre en question et donner confiance. On est avec les autres, mais tout seul quand même. C’est un peu à l’image d’un enseignant », souligne-t-elle.

Joëlle Richard a vécu vingt années durant à Cheseaux-Noréaz. © Alain Kilar

Joëlle Richard a vécu vingt années durant à Cheseaux-Noréaz.

Le travail de longue haleine dans les coulisses de «Ta main», elle l’a accompli avec le soutien permanent de son compagnon, avec lequel elle vit à Fribourg, une ville dotée, selon elle, d’une belle dynamique artistique, idéalement située entre la Suisse romande et la Suisse alémanique. «Ce spectacle représente quasiment 15 heures de travail par jour à deux pendant deux mois. Mon ami s’est chargé des lumières, de la construction des décors et de la régie», déclare-t-elle.

Joëlle Richard ne peut pas vivre de sa passion à l’heure qu’il est, alors elle compte sur d’autres mandats, notamment dans la traduction. A l’aise dans les langues, elle souhaite mettre «Ta main» à la sauce anglaise pour présenter ce spectacle au pays de Shakespeare. Elle aimerait aussi pouvoir réaliser une tournée en Suisse romande l’année prochaine. «J’espère pouvoir jouer chez moi, à Yverdon-les-Bains», conclut-elle.

«Ta main», de Joëlle Richard, les 5,6 et 7 février au Petithéâtre de Sion. Plus d’informations sur www. rozandcoz.ch

Ludovic Pillonel