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«J’étais d’abord joueur de hockey et, après, j’étais papa, mari, frère, fils»
© Michel Duperrex

«J’étais d’abord joueur de hockey et, après, j’étais papa, mari, frère, fils»

20 octobre 2022

Jonathan Mercier ne pensait pas remettre un sac au vestiaire, lui qui a quitté Genève-Servette (NL) en fin de saison dernière. Le défenseur du HC Vallée de Joux revient sur ce changement de vie radical, lui qui a dû (ré)apprendre à organiser son quotidien.

 

Texte: Chloé Rebaudo

 

De Genève au Sentier

 

«Je suis venu pendant les Hockeyades, durant l’été, voir avec ma fille le match Genève – Vitkovice. Avec Jérôme (ndlr: Bonnet, son nouveau coach), on a parlé de nos après-carrières, et tout le reste, comme on a joué ensemble (ndlr: de 2003 à 2008). Et d’un coup, avant que je parte, il me glisse: Mais pourquoi tu ne viendrais pas jouer à la Vallée? Et j’ai dit: Mais qu’est-ce que tu racontes? Parce que je ne savais pas qu’il avait repris les rênes ici. J’ai pensé pourquoi pas, ça pouvait être sympa. J’ai quand même réfléchi un peu parce qu’il y a la vie de famille. J’ai enfin mes week-ends et là, bon, on ne joue pas trois fois par semaine donc c’est gérable. La décision a finalement vite été prise. J’avais pourtant mis un terme à ma carrière en fin de saison avec Genève. Je pensais que le hockey, c’était terminé.»

 

Joueur… Et coach des M17

 

« A la base, je voulais faire préparateur physique, puis là, je me suis dit pourquoi pas aider ces jeunes. Apparemment, ils n’ont jamais vraiment eu de coach qui était là une saison entière, donc je vais essayer d’être présent le plus souvent possible. Il y a des fois où on joue en même temps avec la première équipe, alors j’essaie de m’arranger pour que quelqu’un aille à leur match. Sinon, ils adorent avoir quelqu’un qui a fait quelques matches en LNA et, surtout, ils sont tout contents, et moi je suis aussi ravi de transmettre le peu que je connais du hockey sur glace.

Je vais être très honnête: être coach, c’est très dur. J’ai été joueur pendant 19 saisons à Genève, et changer de costume, c’est vraiment compliqué. Et surtout apprendre à des gamins, je n’ai pas l’habitude. La pédagogie? J’ai trois enfants, donc ça va. Mais par exemple pour la technique de shoot, j’en ai appris une d’adulte, alors qu’eux ont une technique de shoot de leur âge, et je ne me souviens plus comment je shootais quand j’étais à leur place.

Quant à mon idée de devenir préparateur physique, j’ai fait quelques papiers. Je ne pensais pas que j’allais venir rejouer au hockey, donc je m’étais mis en tête d’essayer de lancer un truc en tant que préparateur. Pour le diplôme, il me manque la pratique, car j’ai fait les cours en ligne et ils demandent de se filmer à faire des exercices. Je n’ai plus que ça à faire. Mais pour l’instant, je suis ici, donc je vais me concentrer sur la Vallée. Je suis bien ici, c’est très accueillant, et on verra pour la suite. Je fais la saison et on verra ce qu’il se passe.»

 

Transmettre son vécu

 

«Jérôme m’aligne avec un jeune défenseur, Léo Leuba. Je ne vais pas lui apprendre le hockey, mais tout ce que je peux lui transmettre, je le fais. Et puis, je vois que ça fait quelques matches maintenant et il est de mieux en mieux. Honnêtement, au début, ce n’était pas ça, je me suis dit que ça allait être long. Mais à parler avec lui, à lui donner des conseils, il progresse, il vient vers moi. Et il n’y a pas que lui, il y a les autres. Je suis là pour ça aussi. Je ne suis pas venu pour dire: Ouais, c’est moi, merci, j’ai fait je ne sais combien de matches en LNA, me faites pas chier, je viens faire mes points. Non, non, au contraire, je suis venu transmettre ce que je peux transmettre.»

 

Reprendre une vie normale

 

«Porter un autre maillot que celui de Genève? Celui-là ne me dérange pas plus que ça, alors ça me va très bien. Avoir un quotidien qui n’est plus dicté par le hockey, ça fait très, très, bizarre. Vraiment! Quand on passe le pas de la porte du vestiaire avec le sac de hockey et qu’on sait qu’on ne va plus revenir, alors qu’avant tout était, semaine après semaine, agendé… Là, je dois refaire un agenda sans ces entraînements.

Ça roule maintenant mais, honnêtement, ça m’a pris un peu de temps avant de pouvoir comprendre comment ça fonctionne. Je n’avais jamais fait d’agenda. J’avais mon planning et je savais que je devais être là à telle heure, et point barre. J’ai réappris. Là, il y a d’autres choses à faire que je n’avais pas l’habitude, comme de l’administratif. C’est madame qui gérait tout, et je remarque que c’est un travail de titan, donc j’essaie au maximum, avec mes connaissances, de la délester le plus que je peux. Ça va, je m’y fais, j’aime bien. C’est une autre partie. J’étais d’abord joueur de hockey et, après, j’étais papa, mari, frère, fils. Et là, la plus grosse partie, c’est être mari, etc., tout ce côté-là. Et hockeyeur est désormais la plus petite partie.»

 

Succès probant

 

Clair vainqueur de Monthey 5-0, mardi soir au Sentier, le HC Vallée reste sur quatre succès consécutifs, cette saison, après avoir perdu d’entrée contre Meyrin. Les Combiers, 2es, auront fort à faire samedi (20h), eux qui se rendent à Villars, un adversaire encore invaincu cette saison.

Rédaction