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Jeûne forcé pour les routiers étrangers

20 septembre 2016
Edition N°1831

Vallorbe – Interdits de passage à la douane du Creux, les chauffeurs de poids lourds ont passé le lundi du Jeûne fédéral le pied à terre. Ambiance.

Le routier Kryn Voogt prend la pose devant son camion. Il a dû patienter jusque ce matin pour poursuivre sa route. ©Simon Gabioud

Le routier Kryn Voogt prend la pose devant son camion. Il a dû patienter jusque ce matin pour poursuivre sa route.

La douane de Vallorbe-Le Creux, habituée à résonner au son du vrombissement des moteurs de poids lourds, a vécu un lundi étrangement calme, hier. Et pour cause. Il y a une année, la douane de Port-Franc de Chavornay, subdivision de celle de Vallorbe, avait été envahie par des dizaines de camions et s’était transformée en une aire de stationnement sauvage pour routiers. Cette année, afin d’éviter une situation similaire, l’Administration fédérale des douanes (AFD) a pris la décision d’interdire le passage des camions au goulet du Creux.

Alignés sur le parking, une dizaine de poids lourds sont à l’arrêt. Le silence règne. Appuyés contre leur véhicule, réfugiés derrière leur téléphone ou rassemblés en petits groupes, leurs propriétaires prennent leur mal en patience. Certains sont arrivés tôt le matin, d’autres viennent tout juste de mettre pied à terre. «Je suis arrivé il y a une heure, et je ne sais déjà plus quoi faire», lâche, dans un français hésitant, Kryn Voogt, un routier hollandais. «On ne peut même pas patienter au bistrot», renchérit un de ses compatriotes, d’un sourire qui peine à cacher la grogne et le mécontentement qui règne.

Derrière la bâche crème du mastodonte jaune, des dizaines de milliers de jeunes plantes sont empilées. Parti de Sens, dans le département français de l’Yonne, Kryn Voogt doit se rendre jusqu’à Mathod, puis Lonay, pour y livrer sa marchandise. «Je viens de faire près de cinq heures de route, poursuit le natif de Rotterdam. Il ne me restait plus que quelques kilomètres à parcourir. Maintenant, je suis obligé de passer la nuit dans mon camion.»

Des routiers pris par surprise

Si, en ce lundi du Jeûne, les barrières de la douane de Vallorbe sont restées baissées pour les poids lourds, ce n’était pas le cas de celles de Bâle ou de Genève, par exemple. A en croire l’Administration fédérale des douanes, les transitaires ont été informés de l’impossibilité de franchir l’esplanade du Creux, hier. «Personnellement, je n’ai jamais été mis au courant d’une telle décision», s’étonne le routier, feuilletant un agenda répertoriant les interdictions de circuler pour les poids lourds en Europe.

Pourquoi, donc, ne pas avoir opté pour Bâle après avoir pris connaissance de la fermeture de ladite douane ? «C’est d’abord une question de coût, justifie-t-il. Il aurait fallu payer le carburant jusque là-bas. Sans compter les contraintes administratives, relatives au passage des douanes notamment.»

Pour celui qui, chaque début de semaine, quitte le village portuaire et pittoresque de De Lier, plus qu’une affaire d’argent, c’est la «perte» d’une journée qui l’agace : «Toute ma semaine sera décalée d’un jour. Je bénéficierai donc d’une journée de congé en moins pour passer du temps auprès de ma famille, aux Pays-Bas.»