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Jiri «Rambo» Rambousek, l’homme aux multiples casquettes du HC Yverdon

3 janvier 2014

Hockey – 1re ligue – Récemment promu entraîneur principal, le Tchèque de 33 ans, arrivé cet été au HCY, s’y sent si bien qu’il a d’ores et déjà prolongé son bail pour les trois prochaines années. Rencontre.

Jiri Rambousek a pris ses aises à Yverdon. Mais qu’on ne s’y trompe pas, l’homme apprécie le sérieux et la discipline.

Jiri Rambousek a pris ses aises à Yverdon. Mais qu’on ne s’y trompe pas, l’homme apprécie le sérieux et la discipline.

Responsable de la formation au sein du HC Yverdon, entraîneur des juniors top, attaquant du HC Vallorbe et, depuis le 7 décembre dernier, coach principal de la première équipe yverdonnoise : débarqué de Gap cet été dans le club de la Cité thermale, Jiri Rambousek est un homme qui vit pleinement sa passion, c’est le moins que l’on puisse dire ! De nombreuses casquettes que le Tchèque, attendu comme le sauveur pour la «une», accumule avec un plaisir non dissimulé, surtout auprès des plus jeunes, auxquels il adore transmettre son amour du hockey sur glace. «Avec les enfants, ça va tout seul», glisse ce papa d’une petite fille, d’ordinaire plus réservé avec les adultes.

Originaire de Tabor, en Bohème du Sud, où il a tenu une crosse depuis ses 4 ans, le trentenaire -il a 33 ans exactement- s’est désormais installé avec sa femme et sa fille à Pontarlier. S’il a débuté sa carrière de hockeyeur professionnel sur le tard, le fils du glacier de la patinoire de Tabor a fait d’un rêve son métier. Le voilà désormais jeune entraîneur.

 

La Région : Qu’est-ce qui vous a mené à jouer en France ?

Jiri Rambousek : J’ai évolué jusqu’à mes 24 ans à Tabor, chez moi, en troisième division tchèque. J’avais aussi fait quelques matches à l’étage supérieur, grâce à une deuxième licence. J’ai réalisé une belle saison avec Tabor et je me suis dit que je pouvais peut-être encore essayer de vivre du hockey. C’était un rêve que j’avais depuis toujours, mais je n’étais pas assez bon plus jeune. Je ne pensais pas y arriver. Puis un ami qui jouait à Gap m’a proposé de venir y faire un essai. J’y ai signé mon premier contrat pro. Ça a changé ma vie !

 

Puis vous vous êtes retiré du haut niveau à la fin de la saison dernière. Etait-ce le moment de prendre votre retraite ?

Après huit ans passés à Gap, je n’ai pas réalisé une très bonne dernière saison. L’entraîneur et le président ont changé et ils n’ont pas souhaité renouveler mon contrat. Je savais que ça arriverait une fois, mais j’imaginais y rester encore une ou deux saisons au moins. J’avais entraîné les jeunes à Gap, car je savais que c’était ce que je voulais faire plus tard. J’ai envoyé mon CV un peu partout et j’ai alors dû prendre une décision. J’avais une offre de Ligue Magnus et plusieurs de Division 1 (réd : respectivement les premier et deuxième échelons en France) pour poursuivre en tant que joueur. Puis Christian Renaud (réd : le directeur technique du HCY) m’a contacté…

 

Pourquoi vous êtes-vous alors décidé pour Yverdon et la Suisse, après tant d’années en France ?

Le HC Yverdon souhaitait travailler sur le long terme. Moi, j’ai fait vingt ans à Tabor, huit ans à Gap. J’apprécie d’être bien installé, je n’aime pas le changement et je ne voulais pas risquer de devoir changer d’adresse après chaque saison. En plus, à Yverdon, cela me permettait de rester vivre en France, à la frontière, ce qui facilitait les choses. Quand je suis venu rencontrer Christian Renaud pour la première fois, sur le chemin du retour, sachant qu’il y avait plusieurs candidats, j’ai appelé ma femme pour lui dire que j’espérais qu’il me choisisse.

 

Auriez-vous souhaité trouver une place d’entraîneur principal d’abord ?

Non, pas au départ. J’étais encore joueur la saison dernière. J’ai besoin d’une période d’apprentissage et j’aime être avec les jeunes. J’avais de toute manière beaucoup de responsabilités à Yverdon. C’était la proposition idéale.

 

Finalement, vous vous êtes retrouvé comme entraîneur de la première équipe plus tôt que ce que vous pensiez.

C’est vrai. Mais je n’ai rien planifié pour ma carrière, si ce n’est que, pour le moment, mon avenir est dans le hockey. M’occuper du mouvement juniors me plaît énormément, j’adore le travail que j’ai. Entraîner des adultes est quelque chose de très différent, mais intéressant aussi. C’est pourquoi j’ai accepté.

 

Imaginiez-vous vous retrouver dans une situation sportive aussi délicate ?

J’ai connu cela deux ou trois fois en tant que joueur. Je pense que ça peut m’aider. Mais il est vrai qu’une fois entraîneur, ce n’est pas la même chose. Cet été, je ne pensais toutefois pas que ce serait ainsi. Après les matches de préparation qui s’étaient bien passés, j’imaginais qu’on serait une équipe de milieu de classement.

 

Quelles solutions pensez-vous pouvoir apporter ?

Premièrement, il faut que chacun se rende compte que la situation est grave et qu’il ne sera pas facile de s’en sortir. Ensuite, tout le monde doit mettre de côté son ego et tout donner pour l’équipe. Ça, c’est le plus difficile à faire. En tant que joueur, on regarde toujours plutôt les autres que soi-même. J’étais pareil.

 

Peut-on encore croire aux playoffs ?

Mathématiquement oui. Mais vu les prestations sur la glace, ce sera très compliqué. On doit fixer des objectifs réalistes : si on a perdu une douzaine de matches de suite, il ne faut pas croire qu’on va tout gagner ce qui vient.

 

Ironie du sort, vous connaissez des soucis du même type avec Vallorbe, avant-dernier et pour qui vous jouez.

Mais c’est différent. Avec Vallorbe, on savait dès le début que ce serait très dur. Il y a beaucoup de jeunes motivés et c’est intéressant pour eux de jouer pour la première fois face à des adultes. Alors la situation est moins difficile, personne n’est choqué ou surpris. A Yverdon, il y a beaucoup plus de déception et de frustration.

 

Auriez-vous souhaité évoluer en 1re ligue plutôt qu’en 2e ligue ?

Bien sûr, si cela avait été possible (réd : le règlement ne le permet pas). Mais je voulais avant tout encore jouer, me faire plaisir, et c’est ce que je fais à Vallorbe. Je ne suis donc ni déçu, ni frustré.

 

Par contre, tout se passe très bien avec les juniors top du HCY, que vous entraînez et qui sont en tête de leur championnat.

Ce n’est pas moi qui rends cette équipe forte. L’effectif a la qualité nécessaire pour gagner des matches. Même si les personnalités sont différentes, tout comme le niveau de chacun d’ailleurs, certains étant titulaires avec la première, les gars sont très soudés. Pour preuve, on a organisé un week-end à Tabor pendant les vacances de Noël. Je pensais qu’on serait une douzaine et qu’il serait difficile de pouvoir disputer un match amical. Au final, on était 26 ! Plusieurs ont changé leurs plans pour pouvoir venir. Cela confirme qu’ils ont du plaisir à être ensemble, même si, évidemment, les bons résultats aident. Et moi, je suis heureux de pouvoir accueillir l’équipe chez moi.

 

Ne craignez-vous pas le fait d’avoir tant de casquettes ?

C’est beaucoup de travail, c’est sûr. Et malheureusement, je ne peux pas me consacrer à 100% au HC Vallorbe. Je ne vais pas m’entraîner. Mais je joue les matches que je peux pour mon plaisir et pour aider l’équipe. Pour le reste, c’était prévu comme ça dès le départ : en tant qu’assistant de la première équipe, j’étais présent à chaque fois. Maintenant que je suis le coach principal, c’est vrai, je dois un peu plus réfléchir à comment on va jouer, je dois plus discuter. Mais c’est avant tout la possibilité pour moi de prouver que je suis un bon entraîneur. C’est ma première expérience et, de toute façon, chaque entraîneur doit un jour passer par des moments difficiles, c’est normal. Je prends la situation comme un challenge.

 

Pourquoi vous surnomme-t-on Rambo ?

On m’appelle ainsi depuis que j’ai 6 ans, à cause de mon nom de famille. Ça fait partie de moi, c’est comme ça. Et ce n’est pas parce que je suis musclé comme Rambo.

 

Quelles sont les différences entre le Jiri Rambousek joueur et le Jiri Rambousek entraîneur ?

Je pense qu’il n’y en a pas beaucoup. Je déteste perdre dans les deux cas. Le sport me donne des émotions. Il est toutefois vrai que quand on joue, on peut plus directement changer les choses, faire la différence. A présent, depuis la bande, je peux expliquer, donner des consignes, mais c’est aux joueurs de les appliquer. Il n’est pas toujours évident d’accepter quand ils ne font pas ce que je veux.

 

Quelles sont vos aspirations futures ?

Le premier challenge pour moi, c’était de prouver qu’à Yverdon, ils ont fait le bon choix en m’engageant, ce que je pense avoir réussi. Pour le moment, je ne regarde pas plus loin que ça.

 

Cela signifie-t-il que vous serez encore là la saison prochaine ?

J’ai prolongé pour les trois prochaines années. C’est une des plus belles réussites de ma vie. Avec les jeunes, les objectifs sont sur le long terme, alors l’engagement doit l’être aussi.

 

Vous vous sentez donc bien à Yverdon.

Oui, vraiment. Je ne connaissais la mentalité suisse que par l’image que j’en avais. Mais les gens que je rencontre ici sont des personnes à qui je ne peux rien reprocher, qui ne sont pas là pour leur profit, mais pour le bien du club, dans une bonne ambiance. Ça me plaît, j’aime travailler dans ce collectif. Je fais le job que j’ai toujours voulu. J’en suis content et fier. En plus, ma famille est bien installée, alors je peux très bien imaginer mon avenir ici.

 

Vous êtes donc heureux même avec les résultats difficiles.

J’entraîne beaucoup d’équipes. J’ai donc la chance de voir bien plus de joueurs venir s’entraîner avec le sourire, de côtoyer plein d’enfants heureux sur la glace. Et dans les catégories où on cherche des résultats, les juniors et la 1re ligue, c’est du 50- 50 ! Mais je sais bien que la première équipe est la vitrine du club.

 

 

Derniers matches du tour qualificatif

L’ultime ronde du tour qualificatif se joue demain. Le HC Vallée de Joux reçoit Star Lausanne à 17h30, tandis qu’Yverdon accueille Genève-Servette II à 18h.

Le HCY et la Vallée sont, depuis un bout de temps, condamnés au quali-masterround, soit le tour qui opposera les six moins bonnes équipes du groupe et qui débutera dès mardi.

Pour se qualifier en playoffs, il faudra finir à l’un des deux premiers rangs de ce quali-masterround, lors duquel les points du tour qualificatif sont conservés.

 

Hockey

1re ligue – groupe 3 Sa 17h30 Vallée de Joux – Star Lausanne Sa 18h Yverdon – GE-Servette II

 

Badminton LNA

Di 13h Soleure – Yverdon

Manuel Gremion