Yverdon-les-Bains – Une exposition reconstituera un cabinet de curiosités du XVIIIe siècle, jeudi soir au Château. A ce titre, des os humains ont été rapatriés depuis la salle de sciences du collège Léon Michaud.
La balade de Joséphine, mardi dernier à la place Pestalozzi, n’a pas laissé de marbre les badauds qui sirotaient une boisson sur les terrasses baignées de soleil. Il faut dire que la scène avait de quoi surprendre puisque Joséphine, dont il ne reste que les os, était portée à bout de bras par Jean-Louis Vial. Le président des Amis du Centre Pestalozzi l’emmenait à l’Aula Magna en vue d’une conférence et d’une exposition qui ont lieu jeudi soir, organisées par les Conférences du Château et la Bibliothèque publique et scolaire d’Yverdon-les-Bains.
Lorsque personne ne vient l’emmener faire un tour, Joséphine repose dans la salle de sciences du collège Léon Michaud. «C’est une femme qui a fait don de son corps à la science», explique Jean-Louis Vial. Et c’est un sujet d’étude qui se raréfie, puisque les squelettes utilisés dans les collèges sont désormais faits de plastique. C’est donc pour son caractère singulier que les Conférences du Château ont choisi de l’exposer à l’issue d’une conférence sur Elie Bertrand, un pasteur et scientifique né à Orbe en 1713 et qui a vécu à Yverdon-les-Bains. Homme des Lumières, Elie Bertrand avait constitué ce qu’on appelait à l’époque un cabinet de curiosités ou chambre des merveilles. «Il s’agissait de collections privées d’objets dans un cadre domestique qui donnaient l’image d’un monde connu ou fantasmé. Ce sont les ancêtres des musées», précise Elisabetta Gabella, présidente des Conférences du Château.
«Regardons-la avec respect»
Joséphine figurera donc en bonne place dans l’ExpoFlash qui vise à reconstituer l’un de ces cabinets de curiosités, jeudi soir. Et sa présence devrait ouvrir un large champ de réflexion sur la question de l’exposition du corps d’une personne défunte. «C’est quelqu’un qui dormait, mangeait, marchait et regardait le soleil», relève Jean-Louis Vial, qui a vécu une rencontre surprenante avec Joséphine mercredi dernier. «Je l’ai prise dans mes bras, c’était un sentiment pour le moins bizarre», relate-t-il. Selon lui, elle mérite une attention toute particulière: «Joséphine est l’ambassadrice d’une époque où on devait enseigner les sciences et le corps humain. Donc regardons-la avec respect.»
Infos pratiques
La conférence «Elie Bertrand, un pasteur tellurique» donnée par Rossella Baldi, chercheuse à l’Université de Neuchâtel, aura lieu jeudi à 20h à l’Aula Magna, suivie de l’ExpoFlash. L’entrée est libre. Une verrée au bortsch polonais – sorte de soupe – est prévue en souvenir des liens d’Elie Bertrand avec la Pologne.