Julien Moix, le sorcier qui compte les pas des footballeurs des talus
22 octobre 2014Football – Le Bavoisan a développé, avec deux associés, un outil de mesure des performances stratégiques et physiques pour les joueurs, FieldWiz, à un prix abordable pour les amateurs.
Au coup de sifflet final, Julien Moix n’est pas du genre à filer directement à la maison. Le Bavoisan de 33 ans, qui a fait les beaux jours du FC Le Talent, évolue désormais en Ligue romande. Et il ne manque jamais la troisième mi-temps et ses discussions passionnées au sujet du match qui vient de se terminer.
C’est justement à la suite d’un débat enflammé -mais qui avait le plus couru durant la partie?-, qu’une fois derrière son ordinateur, cet informaticien de gestion s’est enquis des moyens qui existaient pour mesurer les distances parcourues par lui-même et ses coéquipiers. «Je me suis rendu compte qu’il existait des produits très chers ou alors très rudimentaires. Il manquait quelque chose d’abordable entre les deux, pour les potes. C’est le pari qu’on s’est fixés de réaliser», raconte-t-il.
D’une collaboration naît un prototype
Il contacte alors quelques entraîneurs et présidents, histoire de tâter le terrain quant à leur potentiel intérêt et, ensuite, se renseigne auprès d’un ami qui a créé un produit de mesure pour le parapente, finalement assez proche, sur la faisabilité du projet.
Ce dernier, Lionel Yersin, l’économiste Michael Dizerens et Julien Moix imaginent rapidement un prototype, qu’ils ont testé avec les M14 de Team Vaud Nord vaudois. «Philippe Demarque a été séduit par notre idée et on a ainsi pu affiner le boîtier en conditions réelles, en améliorant certains détails», raconte le Bavoisan. Le FieldWiz -littéralement le sorcier du terrain- est né. Bientôt, tous les joueurs de foot amateurs pourront mesurer leurs performances en match et à l’entraînement, leurs entraîneurs affiner leurs analyses, et chacun alimenter les débats d’après-match.
«Ça apporte véritablement une touche ludique, s’enthousiasme Julien Moix, qui utilise évidemment son produit. C’est clairement motivant, car, à la fin, on partage les données. » Mais n’a-t-il pas peur de déshumaniser le football avec toute cette technologie? «Je comprends ce point de vue. Mais, il faut voir Field- Wiz comme un complément, un support dans les décisions, coupe l’homme à la base du concept. L’entraîneur aura toujours besoin d’être au bord du terrain, le boîtier ne remplacera jamais le facteur humain.»
Avenir et sorcellerie
FieldWiz jouera son avenir sur la plate-forme de financement participatif Indiegogo. L’outil a quarante jours pour atteindre 50 000 francs de commandes dans le monde entier (soit près de 300 appareils), et alors il sera lancé, prêt à se développer encore. «Ce serait cool de pouvoir en vivre, ose Julien Moix. On ne sait pas où cela va nous emmener.» C’est là que la sorcellerie doit opérer.
Sur le terrain
«En Suisse, il n’y a que le FC Bâle qui utilise un tel outil de mesure», affirme Julien Moix. Il en irait de 5000 à 7000 francs par boîtier, dont les origines du concept sont à chercher en Australie, après une cuisante défaite de l’équipe nationale de rugby. FieldWiz sera, lui, vendu au prix unitaire de 280 francs, avec même un tarif promotionnel de 190 francs pour les tout premiers vendus et des packages pour les clubs. «Si c’est avant tout ludique pour les équipes et joueurs amateurs, je pense qu’un tel outil va rapidement devenir essentiel à haut niveau, estime le Nord- Vaudois.
Il est notamment très pratique pour faire des démonstrations de ce que l’entraîneur souhaite, en comparaison à ce qui a été appliqué.» Le boîtier permet une analyse tactique (zone couverte par les joueurs et une fonction replay, pour revoir le match avec toute l’équipe ensemble) et une autre physique (distance parcourue, temps passé sur le terrain, statistiques de vitesse et liées aux accélérations). Des informations qui ouvrent un large champ d’analyse «qui reste accessible à tout le monde». Contrairement à ses concurrents plus onéreux, FieldWiz ne mesure pas le rythme cardiaque et les données ne sont pas transmises en temps réel, mais après la rencontre.