Relégué sur le terrain, puis sauvé par l’annulation des compétitions, le BC Yverdon repart pour une nouvelle saison dans l’élite, dès ce week-end. Entraîneur et joueur du club, Anthony Dumartheray s’attend à des interclubs mouvementés et très incertains, avec le coronavirus en toile de fond.
Anthony Dumartheray, après les rebondissements de la fin de la saison dernière, dans quel état d’esprit abordez-vous ce nouvel exercice?
On va se donner les moyens dès le début de bien commencer et éviter une deuxième relégation consécutive. On ne veut pas devoir courir après le score. Mais je ne vais pas annoncer qu’on vise le titre alors qu’on coulait il y a quelques mois…
Quelles sont les mesures prises pour éviter un scénario identique au précédent?
Ce n’aurait pas été très malin de repartir sur les mêmes bases. On a surtout changé l’effectif des étrangers, afin d’être plus forts. L’Anglais Matthew Nottingham et le Croate Zvonimir Durkinjak n’ont pas été reconduits, alors que le Danois Frederik Colberg et l’Estonien Raul Must restent. On a surtout récupéré le Danois Mads Christophersen, spécialiste de simple, qui avait déjà évolué pour nous par le passé, et on a enrôlé le Polonais Adam Cwalina, qui jouait à Uzwil.
Zvonimir Durkinjak fait, lui, le chemin inverse, puisqu’il rejoint le club saint-gallois. Qui y gagne au change?
Adam Cwalina est un spécialiste de double, à la fois hommes et mixte, tandis que Zvonimir Durkinjak est plus polyvalent, capable de performer en simple aussi. Mais du point de vue de la volonté, de la motivation, de l’envie de se battre et de l’esprit d’équipe, on a gagné au change avec Adam. Et c’est ce dont on a besoin. J’ai régulièrement rencontré quelques soucis avec Zvonimir, pas toujours enclin à venir.
Il y a aussi du changement chez les filles, puisqu’Ayla Huser n’est plus là.
Elle n’a disputé qu’une seule rencontre la saison passée, la première. On a par contre recruté une Allemande, Isabel Herttrich, qui fait partie des meilleures joueuses de double au monde (ndlr: elle est actuellement 31e mondiale en double dames et 17e en mixte). Elle vise d’ailleurs une qualification olympique. On pourra ainsi avoir quelques options en plus, quand elle pourra être présente. C’est chez les dames qu’on a perdu la plus grande proportion de matches la saison dernière.
Le règlement a évolué et ne permet plus qu’un seul match sur huit par rencontre sans Suisse sur le terrain, contre deux par le passé. Est-ce que cela vous avantage?
Ça change beaucoup de choses, car il va y avoir au moins deux simples hommes réservés à des Suisses. Cela laisse plus de place aux joueurs locaux. Chez nous, Thibault Bernetti et Christophe Debétaz seront plus souvent alignés. Cela dit, je ne pense pas que, sportivement, ce soit forcément un avantage pour nous. D’autres équipes ont d’excellents joueurs suisses. Par contre, on préfère nettement faire évoluer nos éléments formés au club.
Quelles sont vos ambitions, cette saison?
On va viser le milieu de classement. Le championnat risque d’être très aléatoire. Beaucoup dépendra de quels étrangers pourront voyager. Les éventuelles quarantaines à subir, par exemple au retour chez eux, jouent un rôle. On a prévu depuis longtemps de faire venir les Danois pour nos rencontres du week-end et, depuis lundi, le Danemark se trouve sur la liste rouge. On était tranquilles la semaine dernière et, d’un coup, je me suis mis à chercher un plan B. Finalement, une dérogation pour les sportifs d’élite vient d’être accordée. Notre plan de protection a été validé par les autorités cantonales. On a le feu vert… s’il n’y a pas d’imprévu de dernière minute.
Les équipes risquent de beaucoup changer d’un week-end à l’autre.
De nombreux paramètres entrent en ligne de compte. Par exemple, certains tournois sont annulés et des joueurs se retrouvent soudainement disponibles. C’est le cas de Julie Franconville pour nous, ce week-end, qui devait initialement se rendre à un tournoi international. Il faut se tenir informer de tout au jour le jour, par exemple du fait que les Allemands peuvent venir dans le canton s’ils y restent moins de 72 heures, même si Vaud est sur leur liste rouge. Il y a aussi beaucoup de vols qui sont annulés au dernier moment. Tout cela prend pas mal d’énergie. Et jusqu’au jour du match, tout peut se produire.
Le spectre du coronavirus semble vraiment planer sur cette saison…
Ce n’est pas pour rien qu’un club comme Tavel-Fribourg – qui compte sur des Anglais – a proposé à Swiss Badminton de faire une saison sans étrangers ou alors d’abolir la relégation (ndlr: des options qui ont été refusées).
Et il y a le risque de cas positifs au sein de l’effectif suisse également.
Il suffit d’une personne infectée parmi nos équipes de LNA et de LNB, qui s’entraînent ensemble, pour que tout le monde soit arrêté. Cela est arrivé au sport-études: les jeunes ont été stoppés dix jours et, dans l’enchaînement, il est arrivé la même chose à Lausanne. Il va sûrement falloir être flexible pour les dates, cette saison. On verra bien comment les choses vont se dérouler, mais on sait aussi que le championnat ne tient pas à grand-chose.
Comment expliquez-vous la débâcle de la saison dernière?
On a eu pas mal de poisse avec les blessés et des absents, puis l’équipe a joué stressée et frustrée. Un week-end à zéro point nous a fait mal, et la pression a été mal gérée.
En quoi est-il important de maintenir une équipe en LNA à Yverdon?
C’est un tout. Cela fait rester les bons joueurs au club, les juniors sont intéressés à évoluer chez nous car on a des équipes dans toutes les ligues, et cela permet aussi de toucher plus de subsides. C’est aussi pour ça qu’avant de savoir qu’on était sauvés, on avait déjà recomposé une équipe pour remonter. Ce d’autant plus que la relégation de notre première équipe en LNB faisait, par cascade, couler la «deux» en 1re ligue.
Comment avez-vous accueilli la nouvelle de votre maintien?
Avec soulagement, même si c’est moche pour les clubs de LNB qui avaient tout mis en œuvre pour essayer de monter et qui n’ont pas pu aller au bout.
Pour revenir à la saison actuelle, comment évaluez-vous vos adversaires?
Tous les effectifs ont un peu changé. Aucune équipe ne paraît au-dessous des autres sur le papier. Finalement, beaucoup dépendra des disponibilités des joueurs. Au-dessus de la mêlée, Argovie a les meilleures armes, avec de bons étrangers et les meilleurs joueurs suisses actuels. Uzwil fait également partie des favoris.
Sans tousser, svp
Le BCY entame les interclubs avec deux rencontres : samedi, à 16h, à Zurich, puis dimanche,
à 12h, à domicile contre Tavel-Fribourg. Pour rappel, il faut porter le masque au Centre de badminton. Tout un concept de protection a d’ailleurs été élaboré par le club, avec des vestiaires séparés notamment. Les Yverdonnois effectueront leurs déplacements dans deux bus plutôt qu’un, et masqués. Si un joueur a la toux ou le rhume, il n’est pas autorisé à jouer. Gare au chat dans la gorge !