L’Yverdonnois qui siffle les hockeyeurs de LNA
16 décembre 2009Lorsqu’il y a altercation, c’est lui qui vient séparer les protagonistes. Le linesman Julien Niquille a fait ses premiers pas dans la division reine cette saison.
Hors-jeu, dégagements interdits et surnombres. Il n’en laisse pas passer un, Julien Niquille, juge de ligne de Ligue nationale de hockey. L’Yverdonnois a fait ses premiers pas en LNA cette saison. Rencontre.
La Région: Julien Niquille, pourquoi avoir choisi d’être juge de ligne plutôt qu’arbitre principal?
Julien Niquille: Lorsque l’on arrive en 1re ligue, on débute forcément comme juge de ligne. J’ai ensuite fait des tests comme principal, mais j’étais moins intéressé. Quand un match ne se passait pas bien, je mettais la faute sur moi, j’avais moins la flamme. En plus, pour accéder à la Ligue nationale, la porte est plus large en tant que juge de ligne. Mais il n’est pas dit que je ne serai jamais arbitre principal.
Un juge de ligne ne se fait-il pas insulter à la place du principal?
Je tâche d’avoir un bon contact avec les joueurs, surtout avec les centres, qui viennent à l’engagement. Lorsqu’un arbitre crée une relation de confiance, il ne se fait pas insulter.
Un joueur exemplaire?
Il y avait par exemple Daniel Ott, qui jouait aux Young Sprinters en 07/08. Toujours très poli et juste après la rencontre.
Vous rêviez de quoi en devenant arbitre et encore aujourd’hui?
Mon but est déjà largement atteint. Quand j’ai débuté, la LNA me paraissait si lointaine! Mais j’ai fait sept ans de «pénitence» en 1re ligue avant d’accéder à la LNB. Et, finalement, j’ai même pu arbitrer des matches internationaux, comme la Russie l’an dernier, avant les Mondiaux, avec Ilya Kovalchuk (réd: hier soir, Julien Niquille arbitrait à Porrentruy le match Suisse-France).
Et vous n’avez pas peur de vous interposer lorsqu’il y a bagarre?
Non, j’ai plus peur de recevoir un puck dans le jeu! L’autre jour, Goran Bezina se battait. Je n’arrivais pas à le séparer, alors, finalement, j’ai dû lui mettre un peu les doigts dans l’oeil.
Quelle patinoire est la plus folle?
C’est dans les petites patinoires que c’est le plus chaud. Même à Berne, on n’entend presque pas le monde quand on est concentré. En Ligue nationale, c’est à Lausanne qu’on sent le plus le public. Mais il y a des endroits pires, comme Moutier, Villars, où le public est collé à la bande, ou Saas-Grund, où on a eu reçu des boules de neige avec des cailloux dedans.
De quoi vous couper l’envie de siffler?
Non. Uniquement avec des parents de juniors. Souvent, eux, passent leur temps à insulter l’arbitre, plutôt que d’encourager leur gamin.
Que pensez-vous de l’arbitrage à quatre?
Pour les juges de ligne, cela ne change pas grand-chose. Mais lors des matches où cela va vite, ce n’est pas un luxe. Mais cela coûte cher et cela pose des problèmes de relève.
Comment voyez vous le parcours de la Suisse aux JO de Vancouver?
C’est la dernière de l’entraîneur Ralph Krueger et il mériterait que son équipe passe les quarts, pour ce qu’il a apporté.
Un «zébré» qui se fond partout
«Je critiquais un arbitre, en juniors, quand celui-ci m’a dit si tu continues, je t’inscris aux cours. Je lui ai répondu chiche. Et il l’a fait.» Voilà, en résumé, comment Julien Niquille a mis un premier patin dans l’arbitrage à 18 ans, en 1996. «Mon premier match en tant qu’arbitre était en moskitos. Ça n’allait pas vite, mais j’ai été catastrophique. Je me suis rendu compte de l’ampleur du travail. Mais j’ai aussi trouvé très intéressant et ai réalisé qu’il y avait de belles perspectives.»
A 31 ans, voilà de nombreuses années que ce fonctionnaire du Service de la mobilité du Département des infrastructures du Canton concilie son métier et sa passion, sifflet à la bouche. Il officie trois fois par semaine et fait des trajets, parfois jusqu’à Davos, pour deux heures de match. «Il faut un employeur conciliant et surtout une femme compréhensive. Ce d’autant plus que l’on reste amateur.» Car ce Lausannois d’origine, établi à Yverdon depuis 2006, est désormais papa depuis dix mois.
Parfois, sur la glace, il croise des anciens coéquipiers. «Ils me disent que c’est super que j’arbitre en Ligue nationale. Je peux voir un niveau de jeu que je n’aurais jamais eu comme joueur. Ça m’a apporté beaucoup de confiance et d’assurance. J’étais très timide.» Avant la LNB, puis la LNA, Julien Niquille a sifflé durant sept ans en 1re ligue. On l’a même revu à Yverdon l’an dernier, contre Montana-Crans, venu dépanner au dernier moment. Il est aussi responsable de la formation des arbitres depuis de longues années. «La relève est difficile à garder. Dans l’idéal, en Romandie, il faudrait une bonne centaine d’arbitres de plus.» Mais quand on a la flamme…