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La branche horlogère a besoin de pros

25 novembre 2009

Malgré la crise, l’Ecole technique de la vallée de Joux s’agrandit. L’établissement cantonal explique la nécessité de former de la main d’oeuvre qualifiée. Les entreprises affirment qu’elles continueront d’engager le même nombre d’apprentis qu’en 2008.

L’ETVJ a déjà ouvert une nouvelle classe à la rentrée 2009.

L’ETVJ a déjà ouvert une nouvelle classe à la rentrée 2009.

La Suisse a mal à son secteur horloger et l’Ecole technique de la vallée de Joux (ETVJ) s’agrandit et crée de nouvelles classes? Une aberration en temps de crise? Que non, répond son directeur Lucien Bachelard.

L’école cantonale s’agrandit afin de ne pas commettre deux fois la même erreur. Au début des années 2000, le secteur avait en effet déjà subi un fléchissement qui avait remis en cause l’extension de l’établissement. Or, cette année encore, l’école professionnelle aurait pu remplir ces nouvelles classes.

Toutes les entreprises horlogères de la Vallée ont augmenté leur capacité de production ces dernières années, à l’image de Jeager-LeCoultre et de son nouveau bâtiment. «Nous ne faisons que nous adapter», explique le responsable. Avant d’ajouter: «Il ne faut pas oublier que la durée d’une formation est de trois ans. Dans peu de temps, il faudra assurer le service après vente des bonnes affaires des années passées. Sans oublier les marchés qui se développent en Chine, en Russie, ou encore en Inde. Les jeunes salariés n’ont par ailleurs pas la mentalité de nos grands-parents, cette tendance à l’économie. Lorsqu’ils ont un salaire, ils le dépensent.»

Face au constat d’une légère baisse d’intérêt pour les formations horlogères, le directeur a donc porté sa préoccupation au menu d’une rencontre agendée la semaine dernière avec la Convention patronale de l’industrie horlogère suisse. Une organisation faîtière qui a d’ailleurs diffusé des chiffres rassurants un jour plus tard: le recul de la branche n’a de très loin pas effacé toute la croissance des dernières années, elle constate une hausse régulière des apprentis et diplômés. «Il est important de diffuser un message positif, appuie le directeur. Les entreprises ont définitivement besoin d’une main d’oeuvre qualifiée. L’horlogerie reste un domaine d’avenir pour le canton!»

Un avis partagé par les entreprises formatrices, également présentes à la réunion de la semaine passée, et qui ont confirmé leur intention de ne pas revoir à la baisse le nombre de places d’apprentissage.

Directeur d’un établissement qui a vu ses effectifs tripler en 25 ans, Lucien Bachelard nie se voiler la face. Les jeunes, sortis récemment sur le marché, n’ont effectivement pas tous trouvé un emploi. Ils font peut-être un service civil, une année à l’étranger ou poursuivent leur formation. Pour le responsable, il est loin le temps où l’employé faisait carrière toute sa vie dans une seule et même entreprise. «Les jeunes que nous avons formés ne finiront peut-être pas horlogers. Reste qu’ils ont acquis un CFC, qui leur donnera accès à une autre formation, s’ils le désirent. Sans oublier l’apprentissage de la structure, de la réflexion.»

Hélène Isoz