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La colère monte chez les artificiers

27 juillet 2015

Vallorbe – L’interdiction de tout feu d’artifice dans le canton de Vaud fâche les professionnels de la branche. Pour eux, cette mesure est incompréhensible et représente un important manque à gagner.

DR«Je suis fâché, lance Romain Bally, de Createvents, à Vallorbe. Je ne comprends pas pourquoi le Canton de Vaud n’a pas adopté une démarche similaire à celle de Genève, Neuchâtel ou Fribourg. Ces trois cantons autorisent les feux gérés par les professionnels, pour autant que des mesures de sécurité soient prises et respectées.» Même son de cloche de la part d’autres artificiers vaudois. Qui plus est, ils trouvent injuste qu’une exception puisse être envisagée pour le Paléo festival. Pour ces professionels, le chiffre d’affaires réalisé auprès des collectivités publiques lors de la Fête nationale est aussi important que celui des commerçants durant le mois de décembre avec les fêtes de Noël et du Nouvel-An.

Romain Bally et son collègue, Jérémie Decker, fulminent d’autant plus qu’ils ont rencontré des municipalités et des propriétaires de terrain prêts à assumer les risques, en collaboration avec les pompiers locaux. Mais reste que sur 46 feux dans leur portefeuille clients, ils doivent désormais renoncer à 31 prestations, ce qui représente un manque à gagner de plusieurs dizaine de milliers de francs. «Le pire, pour nous, c’est que sur Genève, nous pouvons honorer nos contrats alors que sur Vaud cela nous est impossible», ironisent les deux jeunes entrepreneurs.

«Il est vrai que le Conseil d’Etat et les services cantonaux ont pris leur décision sans consulter les artificiers, reconnaît Laurent Fankhauser, directeur de la division défense incendie de l’ECA. Mais la situation est exceptionnelle. L’objectif de précaution a prévalu. Tous les jours, nous devons faire face à des départs de feu dans les champs ou en forêt.» Le communiqué du Canton est tombé vendredi en fin d’après-midi. Il fait part de l’interdiction de toute forme de feu ou de feuxd’artifice sur le territoire cantonal, y compris ceux patriotiques des 31 juillet et 1er août. A l’exception des feux d’artifices tirés par des professionnels depuis des lacs, pour autant qu’ils soient distants d’au moins 300 mètres des rives. Le Conseil d’Etat pourrait toutefois revenir sur sa décision en cas de fortes pluies.

«Répondre aux situations au cas par cas serait beaucoup trop difficile, affirme encore Laurent Fankhauser. Les précipitations sont inégales dans les différentes régions du canton. Si les sites de départs de feu peuvent être sécurisés par les artificiers, il est impossible de contrôler tous les lieux de retombées des étincelles. De plus, nous n’aurions ni les moyens ni les forces nécessaires pour déployer les effectifs nécessaires à sécuriser les feux sur tout le territoire.»

Quant à la situation de Paléo, elle est particulière. L’événement rayonne très au-delà des frontières cantonales et la manifestation célèbrait, cette année, ses 40 ans. «De plus, il serait impossible de répliquer le dispositif de sécurité exceptionnel de Paléo dans toutes les communes du canton qui tirent un feu», affirme le responsable de l’ECA.

Pierre Blanchard

 

Liste des interdictions et exceptions:

Le Conseil d’État a décidé, vendredi, avec effet immédiat et jusqu’à nouvel ordre, une interdiction générale des feux et feux d’artifice, y compris sur les terrains privés. Le Conseil d’Etat rappelle donc les mesures suivantes pour l’ensemble du canton:

– Le feu pour les barbecues ou tout feu en forêt et en plein air, y compris dans des foyers fixes, est proscrit. Exception: les grills demeurent autorisés dans les zones d’habitation.

– L’utilisation de feux d’artifice et d’engins pyrotechniques est strictement interdite. Exception: les feux d’artifice tirés par des professionnels depuis les lacs, pour autant qu’ils soient distants d’au moins 300 mètres des rives

– Ne pas jeter de mégots de cigarettes ou d’allumettes par terre.

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