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La Commune appelle à la mobilisation pour sauver la poste
Baulmes, 30 novembre 2017. Poste. © Michel Duperrex

La Commune appelle à la mobilisation pour sauver la poste

25 avril 2019 | Edition N°2484

Une pétition a été lancée pour empêcher la fermeture du guichet postal. Elle sera remise le 2 mai, lors d’une rencontre avec la direction du géant jaune, en marge de laquelle la Municipalité invite la population à manifester.

«Salut Chanchan, tu peux me faire un virement de 100 francs, s’il te plaît?» Debout face au guichet, François Pichard s’adresse à Chantal Besuchet, la responsable de l’office postal de Baulmes. «Je la surnomme ainsi depuis notre jeunesse, poursuit cet habitant de Rances, qui se rend régulièrement dans le village voisin pour procéder à diverses opérations postales. «Ici, c’est un lieu de rencontre et ça permet de garder du lien social.» Comme d’autres habitants de la région, il a signé la pétition contre la fermeture du bureau de poste lancée par la Commune de Baulmes. «Je ne sais pas si cela aura du poids face au géant jaune, mais il faut montrer notre soutien.» À cet instant, Lucien Deriaz surgit à l’entrée de l’office. «Si on ferme tout, le village va devenir une réserve d’indiens!», déplore-t-il. Avec la fermeture du guichet prévue par La Poste, il craint également les répercussions que cela pourrait avoir, en particulier pour les personnes âgées qui devront se déplacer à Orbe, à Yverdon-les-Bains ou à Sainte-Croix.

La dizaine d’habitants rencontrés hier à Baulmes ont tous signé la pétition pour sauver leur guichet postal. De l’épicière au boucher, tous les commerçants du village s’inquiètent de la disparition de leur office.

«On savait que notre bureau était menacé, affirme le syndic Julien Cuérel, qui a discuté pour la première fois avec la direction du géant jaune à la fin de l’année 2017. On a essayé de gagner du temps autant qu’on a pu, mais La Poste peut décider du jour au lendemain de fermer ou non un office.» Avec cette pétition, la Municipalité veut mobiliser la population. «Nous avons distribué un tout-ménage aux habitants pour qu’ils viennent manifester le 2 mai», indique Julien Cuérel. Le but de cette démarche? Signifier à la direction du géant jaune, qui se rendra à l’Hôtel de Ville ce jour-là, leur soutien à un service public de proximité et de qualité.

Des chiffres à la baisse

Sur le plan national, le dépôt de lettres a reculé de 71% au cours de ces 19 dernières années (2000-2018), celui des colis de 40% et les versements de 47%. Selon l’ex-régie fédérale, le nombre d’opérations réalisées au guichet est environ deux fois moins élevé qu’en l’an 2000. «Les prestations en ligne supplantent les services postaux traditionnels. Par conséquent, les personnes qui déposent leurs lettres et leurs colis ou effectuent leurs paiements au guichet postal sont de moins en moins nombreuses», indique Tiziana Boebner, responsable communication de La Poste pour les cantons de Fribourg et de Vaud.

L’office de Baulmes n’échappe pas à la règle. La Poste refuse toutefois de communiquer les chiffres exacts du volume des opérations de ce guichet, étant donné que les discussions sont toujours en cours avec les autorités communales. Par conséquent, «aucune date de fermeture n’est encore définie», assure Tiziana Boebner.

Une agence postale à l’horizon?

La Poste souhaite, dans tous les cas, rester présente à Baulmes et proposer une offre sous une forme différente. Elle a, à ce titre, présenté aux autorités communales deux solutions possibles, en précisant que «le maintien de l’office de poste actuel n’est pas une option pour l’avenir».

L’un des modèles proposés consiste à mettre en place un service à domicile. Le client peut déposer des lettres et des colis, retirer ou verser de l’argent liquide sur le pas de la porte lors de la venue du facteur. «Avec 1000 habitants, je me demande comment le facteur parviendra à distribuer les colis», s’inquiète une Baulmérane.

Le second modèle envisagé est l’installation d’une agence en partenariat avec un commerçant du village. Stéphane Alvarez, le boulanger de La Coopé, a été approché par le géant jaune au début de l’année, mais il a refusé leur proposition. «Il faudrait ouvrir l’agence postale trois heures au minimum par jour, du lundi au samedi», remarque-t-il. à ce rythme-là, impossible, pour lui et sa femme Sonia, de prendre des vacances. De plus, «il aurait fallu assurer personnellement le matériel et avoir de l’argent en liquide pour que les gens puissent venir en retirer», ajoute son épouse. Un stress supplémentaire que le couple préfère éviter, car le commerce a déjà connu plusieurs brigandages.

Ce modèle n’enchante guère les habitants, qui craignent notamment pour leurs données personnelles. «Aujourd’hui, je sais que je peux compter sur la confidentialité de la buraliste lorsque je reçois un courrier recommandé», souligne Fabienne Ferrari. Et d’ajouter: «On paie des impôts pour le service public, mais visiblement La Poste s’en fiche. Si on ne fait rien, il ne se passera rien!»

«Ce sont des solutions à court terme, estime pour sa part le syndic Julien Cuérel.  Ce n’est pas à la Commune de supporter les coûts liés au service public.»

Valérie Beauverd