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La croissance a un rythme plus ralenti

15 avril 2013

Même si elle reste positive, la croissance du PIB (Produit intérieur brut) vaudois a marqué le pas l’an dernier. Elle repart à la hausse, à un rythme de sénateur.

Marc Martin (Statistique Vaud), Jean-Pascal Baechler (BCV), Lionel Eperon, (SPECO), et Guy-Philippe Bolay (CVCI).

«Après le petit ralentissement de 2012, on devrait connaître le retour d’une croissance un peu plus importante.» En ouvrant la présentation de la cinquième étude consacrée au PIB vaudois, Guy-Philippe Bolay, directeur adjoint de la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI), a résumé on ne peut mieux la situation d’un canton de Vaud qui, dans le contexte international et helvétique, continue à tirer son épingle du jeu.

Même si en 2012, la croissance a marqué le pas -estimée à 0,6%, elle est tout de même restée positive-, l’économie vaudoise s’en est globalement bien sortie. La progression devrait être plus forte cette année (1,5%), et encore meilleure en 2014 (2%). De quoi rester optimiste, même si on est loin des 4% de croissance annuelle enregistrés dans un passé récent.

Conseiller économique à la Banque Cantonale Vaudoise (BCV), Jean-Pascal Baechler prévoit des périodes de crainte qui se ressentiront forcément sur l’investissement et la dynamique.

La consommation

Si le canton de Vaud s’en sort particulièrement bien, et même un peu mieux que la Suisse, cela tient, notamment, à la démographie. «Nous bénéficions de l’airbag anticrise de la consommation des ménages», image Marc Martin, chargé d’études à Statistique Vaud.

Ce spécialiste relève aussi que notre pays souffre bien moins du chômage que ceux qui l’entourent et que l’endettement des collectivités publiques y est très raisonnable.

De l’avis de Marc Martin, la consommation des ménages restera le moteur de la croissance. Il relève aussi que les mesures prises par la Banque Centrale Européenne (BCE) ont un effet positif. Et d’ajouter: «Les problèmes avec Chypre, c’est un épiphénomène, on parle de dix milliards. Le risque diminue de jour en jour.»

Autre motif de réjouissance, «l’économie vaudoise crée plus d’emplois que l’économie suisse. Le canton est très attractif en ce moment», souligne l’expert de Statistique Vaud.

 

Fruit d’un partenariat

Le PIB est un indicateur, établi de manière transparente, indispensable pour les responsables de l’économie, même s’il arrive que les prévisionnistes se trompent. Le PIB vaudois est le fruit d’une collaboration entre la BCV, l’Etat de Vaud, représenté par le Service de la promotion économique et du commerce (SPECO) et Statistique Vaud, la CVCI et l’Institut CREA de l’Université de Lausanne, chargé de l’étude.

 

Certains secteurs d’activité liés à l’exportation et le tourisme continuent de souffrir

Les effets du franc fort induisent de nouvelles stratégies

Si l’économie suisse en général, et vaudoise en particulier, s’en sortent mieux que celles des pays voisins, certains secteurs souffrent tout de même. Le franc fort a notamment posé de grands problèmes à l’industrie des machines et au tourisme. Pour l’industrie des machines, Jean-Pascal Baechler prévoit encore des difficultés durant l’année en cours, puis une reprise l’an prochain.

D’autres secteurs, par exemple la chimie-pharma, les produits agricoles -les dosettes Nespresso n’y sont pas étrangères-, l’horlogerie et les instruments médicaux, ont continuer de progresser. Le secteur de la construction se porte toujours bien, même si les experts notent «un léger tassement de la dynamique». Par contre, les ventes de voitures ont régressé dans le canton de Vaud, alors qu’elles ont augmenté en Suisse.

Le secteur tertiaire englobe les trois-quarts des emplois et la demande intérieure contribue à sa dynamique.

Mesures de soutien

Dans cette atmosphère plutôt rassurante, même si le moral des consommateurs est influencé par les problèmes d’endettement des pays européens, il s’agit de ne pas se laisser endormir par l’euphorie.

Ainsi, le secteur secondaire, celui de l’industrie, même s’il occupe encore un quart des actifs, a subi une lente érosion ces dernières années. Pour éviter les problèmes que connaît notamment la France, le Canton de Vaud lancé un programme de soutien (InnoVaud), destiné à favoriser le développement des nouvelles entreprises.

Chef du SPECO, Lionel Eperon se réjouit d’une part de la capacité d’adaptation des 40 000 entreprises actives dans la canton de Vaud, et il rappelle que le rôle de l’Etat ne peut être que subsidiaire. C’est dans ce contexte que 25 millions de francs, répartis sur dix ans, seront consacrés à InnoVaud. La promotion économique a aussi été réorientée vers des plus petites entreprises. «Il faut favoriser le transfert de technologies», relève Lionel Eperon, en rappelant l’importance des centres de formation, notamment la HEIG-VD à Yverdon-les-Bains. Le Canton veut aussi agir en proposant des terrains à des conditions plus favorables.

Enfin, le secteur viti-vinicole va bénéficier d’une action de promotion particulière en Suisse alémanique.

Isidore Raposo