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La culture péplum décortiquée

16 novembre 2016 | Edition N°1872

Yverdon-les-Bains – Ce genre de film en costume est unique. En véritable «péplumologue», Claude Aubert animera une conférence dédiée aux «Maciste» et autres «Hercule» de cinéma. Avant-première.

Claude Aubert, le conférencier est aussi réalisateur de péplums amateur et grand collectionneur de films du genre. ©Simon Gabioud

Claude Aubert, le conférencier est aussi réalisateur de péplums amateur et grand collectionneur de films du genre.

Un héros musclé aux cuisses sculptées, arborant des pectoraux impressionnants et luisants d’huile pour fasciner madame. Une héroïne sémillante aux formes avantageuses révélées par des décolletés aussi pigeonnants que suggestifs pour séduire monsieur. Et des théories de gladiateurs ou des légionnaires choquant des glaives dans des combats furieux pour subjuguer leur progéniture…

«Voilà les ingrédients de base du péplum, censé répondre aux attentes des familles», indique Claude Aubert, spécialiste d’un genre cinématographique ancré dans l’Antiquité.

Nombreux adeptes

Le péplum apparaît dès les débuts du cinéma, «il propose alors des tableaux animés inspirés de la Bible et de l’Antiquité», note-t-il encore. Puis, il connaît une grande léthargie entre 1930 et 1950, avant de triompher entre 1951 et 1965, pour s’effondrer avec le bide monumental de «La chute de l’Empire romain», réalisé par Anthony Mann. Réalisation dont s’inspira toutefois le «Gladiator» de Ridley Scott avec Russell Crowe, sorti en l’an 2000.

Et, aujourd’hui encore, il reste de nombreux adeptes de la sandale et de la jupette, de l’arène et du sénat, de la colère d’Achille et des travaux d’Hercule. Et Claude Aubert est un de leurs centurions.

Cet ancien professeur de grec et de latin (tiens donc !), dissimule derrière sa barbe de druide celte une connaissance émérite et érudite du genre. Il l’exposera, la partagera avec verve et passion, en long en large et en quinconce, lors d’une soirée au château d’Eburodunum, ou plutôt d’Yverdon-les- Bains. La rencontre est organisée conjointement par les Conférences du Château et la Société du Castrum romain.

Quatre grandes familles

Il racontera comment, hier les «Maciste» et autres «Hercule» roulaient chaque semaine du biceps sur grand écran, et nourrissaient bien des cinéphilies. Aujourd’hui le genre se diffuse selon des canaux multiples. «On peut distinguer quatre grandes catégories », analyse Claude Aubert.

Tout d’abord, le péplum de salles obscures comme «Troie». Ensuite, le péplum de téléfilm qui s’inspire de succès comme «Les Dix commandements» ou «Ben Hur». «Là, on vise un public plus âgé, peut-être un plus cultivé, plus avide de connaissance et de matière à réflexion que d’action», poursuit-il. On rencontre ensuite le péplum de série télé façon «Spartacus» ou «Rome», et enfin le docu-fiction consacré à «Pompéi » ou toute autre grande date de l’Antiquité.

Mais le péplum est aussi protéiforme. L’après 1968 a même vu le genre tenter une incursion dans la pornographie. Il a encore donné dans la parodie avec «La vie de Brian» des Monthy Python ou «Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ» de Jean Yanne. Et qui se souvient que Serge Gainsbourg* lui-même joua les félons appelés à mourir dans d’atroces souffrances au cours de trois péplums italiens ?

Ainsi, de l’anecdote aux implications politiques du genre en passant par ses avatars turcs ou chinois, Claude Aubert décodera et décortiquera les richesses d’un genre qui, historiquement, s’est éclipsé au profit du western spaghetti.

*Entre 1961 et 1962, il a joué dans «La Révolte des esclaves», «Hercule se déchaîne» et «Samson contre Hercule».

Origine

Le terme «péplum» renvoie au grec «peplos» signifiant «tunique», peut-être en référence au film «La tunique» de 1953.

Il pourrait aussi être dû au réalisateur et cinéphile français Bertrand Tavernier, qui avec la future bande des «Cahiers du Cinéma», se régalait de films «en péplum» ou «en costumes», dans les années cinquante.

Soirée romaine et cirque

Kirk Douglas dans «Spartacus», péplum de «gauche». Ce héros fut vénéré dans feue l’Union Soviétique où bien des clubs s’appellent «Spartak». ©DR

Kirk Douglas dans «Spartacus», péplum de «gauche». Ce héros fut vénéré dans feue l’Union Soviétique où bien des clubs s’appellent «Spartak».

Claude Aubert prononcera sa conférence jeudi à 20h à l’Aula Magna du Château d’Yverdon-les- Bains dans le cadre du 40e anniversaire des Conférences du Château. Sa présentation sera émaillée d’extraits de films et accompagnée d’une petite exposition d’objets liés au thème de la soirée. Elle sera suivie d’une verrée aux saveurs romaines. Et, s’ils le désirent, les amateurs peuvent même se parer d’une toge pour l’occasion.

Le prochain rendez-vous proposé par les Conférences du Château est d’ores et déjà agendé le 6 février 2017, avec Jocelyne Gasser, directrice du cirque Starlight. Elle évoquera les aspects de la vie de ces institutions du spectacle vivant. Cette soirée sera égayée d’une démonstration assurée par l’École de cirque d’Yverdon-les-Bains. Voir aussi www.conferencechateau-yverdon.ch.

Philippe Villard