Logo
«La décision qu’il fallait prendre»
© Gabriel Lado

«La décision qu’il fallait prendre»

23 octobre 2020

Pur produit yverdonnois, Dan Vidmer doit se résoudre à ranger ses patins à 29 ans. Le capitaine, prolifique et rugueux défenseur, est blessé au dos.

 

Dan Vidmer, on imagine que vous auriez aimé une autre sortie…

Bien sûr, ça m’embête d’arrêter, car j’ai toujours autant de plaisir sur la glace et dans le vestiaire, à côtoyer les copains. Ça va me manquer, mais j’ai pratiqué le hockey durant 17 saisons. J’ai pas mal donné. Depuis que je me suis bloqué le dos au premier entraînement sur glace, au mois d’août, j’ai pris le temps de réfléchir. J’ai pesé le pour et le contre, et je suis arrivé à la conclusion qu’il était temps de raccrocher avant qu’il ne soit trop tard.

Qu’est-ce qui a fait pencher la balance?

Quand après une journée de boulot chargée (ndlr: il est automaticien), tu dois t’allonger pour faire passer la douleur, tu te dis que tu ne peux en tout cas plus jouer au hockey en 1re ligue, un niveau qui demande tout de même de l’investissement et d’être prêt physiquement. Je suis aussi devenu papa d’une petite fille à la fin septembre.

Le sport, c’est fini pour vous?

Je vais rouler un peu en VTT et jouer au tennis pour le plaisir. Et je vais essayer de ne pas prendre vingt kilos!

Vous aviez déjà souffert d’une hernie discale en 2016…

C’était juste après une saison de pause pour moi, quand le HC Yverdon était redescendu volontairement en 2e ligue. Je m’étais blessé l’année où j’avais voulu reprendre. À l’époque, j’avais fini par faire deux piqûres pour que ça passe. Cela dit, depuis, je n’ai jamais été serein à 100% avec mon dos. Je sentais régulièrement que ça tirait. J’ai eu une alerte en juin dernier, puis ça a passé au bout d’un bon mois, puis c’est revenu. On n’est pas éternels, arrêter est la décision qu’il fallait prendre.

Vous avez évolué durant quatre saisons à La Chaux-de-Fonds, dont trois avec l’équipe de LNB. Pourquoi l’aventure n’a-t-elle pas continué plus longtemps?

Je n’ai jamais eu un rôle aussi en vue qu’en 1re ligue. En LNB, j’évoluais dans le troisième ou quatrième bloc. Je faisais le sale boulot. L’entraîneur souhaitait me conserver, mais pas le directeur technique. Je n’entrais plus dans les plans. Mon agent avait sondé le marché, mais les autres clubs préféraient donner une chance à leurs jeunes, ce qui est compréhensible.

En avez-vous des regrets?

Non, car j’ai toujours donné tout ce que j’avais. Je suis content et fier d’avoir évolué à ce niveau pendant trois ans. Pas tout le monde y arrive en venant d’un «petit» club comme Yverdon.

Le HCY qui perd son capitaine…

On laisse la place aux jeunes!

Et un de ses rares défenseurs offensifs aussi.

L’un ou l’autre prendra ma place. Et si les gars font bien le job derrière, ils n’ont pas forcément besoin d’être trop en attaque. L’équipe est bonne, Yverdon fera les play-off cette année.

Vous comptiez vos buts?

Non, je n’ai jamais prêté attention aux chiffres. Je sais juste qu’au classement des pénalités, j’étais vers le haut!

On vous laisse vous expliquer.

C’est mon style un peu rugueux. Certains arbitres devaient avoir un peu peur et j’étais plus ou moins connu, j’imagine… Je contestais aussi sûrement un peu trop. Je suis un gagneur, et j’ai le sang chaud sur la glace. Mais si j’avais joué autrement, ce n’aurait pas été moi. Même si on me répétais souvent de faire attention et qu’on avait besoin de moi sur la glace, si j’avais joué avec retenue, ça n’aurait pas fonctionné.

Vous verra-t-on entraîner plus tard?

Pas forcément, je n’y ai jamais pensé à vrai dire. Si je venais à le faire, j’aurais plus de feeling avec les adultes je crois. J’ai toujours aimé partagé avec mes coéquipiers à l’entraînement, mais je ne me vois pas derrière le banc.

 

Les grands souvenirs

 

Son premier match de 1re ligue: «C’était en 2006, je venais d’avoir 15 ans. On avait alors affronté Saastal à la maison. Le club s’appelait encore HC Nord vaudois. C’était beaucoup de stress, mais aussi de plaisir.»

L’opération patinoire pleine: «Je pense que c’était la même saison que mes débuts avec la première équipe. À cette époque, le club organisait des opérations patinoire pleine. On avait affronté Tramelan devant quelque chose comme 800 ou 900 spectateurs. Tu sentais que le public était là, ça m’avait marqué.»

Ses débuts en LNB: «Un match contre Sierre aux Mélèzes. Je ressentais à la fois de l’excitation et de l’appréhension. Il y avait cette adrénaline et le public qui te poussent à donner le meilleur.»

Le «derby» Lausanne – La Chaux-de-Fonds à Malley: «On a joué devant 8000 spectateurs, dans une ambiance de feu. Dans le vestiaire avant le début du match, on sentait les gradins vibrer. Il y avait du monde et ça gueulait fort. C’est la seule fois que j’ai joué à Lausanne, ensuite le LHC était monté.»

Son unique but avec le HCC en LNB: «Je m’en souviens parfaitement, car je l’ai inscrit dans le derby contre Ajoie. On s’était imposés 4-2.»

 

Dan Vidmer

29 ans. Formé au club, enfant de la Cité thermale, il a disputé 204 rencontres de 1re ligue, toutes avec le HC Yverdon, inscrivant un total de 85 points (35 buts et 50 passes décisives), pour une jolie moyenne de 0,42 points par match. Il a, dans le même temps, écopé de 467 minutes de pénalité à ce niveau!

Droitier, le défenseur a également évolué durant quatre saisons au HC La Chaux-de-Fonds, entre 2010 et 2014, prenant part à 120 matches de LNB (9 points, dont 1 but).

Son grand-papa Jean-Claude Perrier a évolué en LNA dans les années 1970 et, petit, il allait voir son oncle Yvan Perrier jouer à Yverdon.

Manuel Gremion