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La Fête de l’oignon pleure ses bénévoles
Vuiteboeuf. 12 octobre 2019. Milieu du village. La fête de l’oignon. Visiteurs qui profitent de la restauration. © Zsolt SARKOZI

La Fête de l’oignon pleure ses bénévoles

15 octobre 2019 | Edition N°2602

Vuiteboeuf – Le comité d’organisation peine de plus en plus à trouver des villageois pour organiser la manifestation qui a vécu sa 16e édition samedi. La prochaine mouture risque d’être repoussée.

C’est au coin du bar du bistro de Vuitebœuf, lors d’une discussion à bâtons rompus entre trois amis, que l’idée de créer un événement pour animer le cœur de la localité a germé, se souvient Antoine Menthonnex. Et c’est ainsi, à l’image d’une manifestation similaire qui se déroule à Oron, que la Fête de l’oignon est née. «Au départ, on ne se rendait pas compte de l’investissement que cela représentait!», reconnaît-il. De fait, entre le tressage des chaînes de bulbes et le montage de la place de fête, il faut compter un mois de travail, à raison de quatre soirs par semaine.

Alors que la 16e édition vient de se terminer le week-end dernier, le Nord-Vaudois, tout comme l’entier du comité d’organisation, se rend compte que le concept est difficile à maintenir sur la durée. Le public est bien au rendez-vous mais les bénévoles, eux, manquent souvent à l’appel. Pourtant, sans ces petites mains, rien ne pourrait voir le jour.

Martin, Patrick, Florian ont assuré le service de la soupe, samedi. © Zsolt Sarkozi

Pourtant, dès le départ, le comité d’organisation avait essayé de se prémunir en impliquant un maximum de gens. «On a pris soin de créer un premier comité où toutes les sphères du village étaient représentées: la Municipalité, les sociétés de tir, des Paysannes vaudoises et de Jeunesse», poursuit Antoine Menthonnex. Et si tout le monde a accepté de tirer à la même corde, c’est aussi parce que cette manifestation permettait de créer du lien social et de réunir les anciens et les nouveaux habitants dans une ambiance conviviale. Aurélie Duret en est l’exemple parfait. «Nouvelle venue, je me suis d’abord investie pour créer des contacts. Je pense que c’est une fête importante à la fois pour la communauté et pour les causes qu’elle soutient», raconte celle qui n’a pas cessé de mettre la main à la pâte depuis son arrivée.

Si cette dernière a rejoint le comité, d’autres l’ont quitté. En seize éditions, l’équipe a ainsi été complètement renouvelée. Désormais, il se déplume. Serait-ce le début d’un désintérêt pour la manifestation? Non, selon Antoine Menthonnex. «Dire qu’il s’agit d’un désinvestissement serait trop sévère, assure-t-il. Ces dernières années, le marché s’est beaucoup renforcé. Les artisans ont été fidélisés avec, comme exigence, qu’ils présentent leurs propres productions. L’animation de la journée s’est aussi bien enrichie.»

Alors comment expliquer cette difficulté à mobiliser des villageois, principalement les nouveaux résidents et les jeunes? «Les gens, il faut les prendre par la main, si on veut qu’ils viennent!, lâche Jean-Luc Degiez, syndic de Vuitebœuf et membre du comité d’organisation de la Fête de l’oignon depuis onze ans. C’est un peu toujours les mêmes qui s’investissent pour les différents événements.» Avant de pondérer: «Mais il n’y a pas de souci à se faire pour le montage et la tenue de la fête. Tous les habitués répondront présent, comme d’habitude, pour donner un coup de main.» L’édile en est toutefois venu à se poser la question de savoir s’il ne valait pas mieux  organiser cette manifestation tous les deux ans, en alternance avec l’Abbaye. Reste à savoir ce que décidera le comité une fois la tension redescendue.

Pascal Fossati