Eric Bedelek et Alex Favre ont raflé la victoire aux Français avec leur caquelon à fondue en briques lors de la deuxième saison de Lego Masters. Découvrez les coulisses de l’émission avec les champions.
La rivalité Suisse-France a pris un tournant détonnant en juin dernier. Tout d’abord, les supporters de la Nati ont pu klaxonner de joie dans les rues lorsqu’elle a battu les Bleus. Le lendemain, Federer a évincé Adrian Mannarino. Mais ce que les Suisses ignoraient en ce temps-là, c’est qu’au même moment, deux Nord-Vaudois étaient en train de mettre une ultime raclée à leurs voisins. Eric Bedelek et Alex Favre ont passé vingt-cinq heures à monter des briques pour concevoir un caquelon à fondue d’anthologie. Mais cette victoire-là, les téléspectateurs n’en ont eu connaissance que la semaine dernière. Et même s’ils n’en ont eu vent que plus tard, elle n’en est pas moins grande. D’ailleurs, certains n’ont pas hésité à faire un peu de route pour rencontrer les vedettes, avec champagne et biscuits maison en mains, ou avec un présent de circonstance, une fondue. «ça nous fait tellement plaisir. Attendre aussi longtemps avec ce secret a été une torture!» admet Eric Bedelek, soulagé de pouvoir enfin partager sa joie avec ses compatriotes.
Durant des mois, le duo a dû taire son incroyable expérience et les mille anecdotes vécues à Paris. Le premier jour, on ne connaissait personne, évidemment. En arrivant à l’hôtel, on a appris qu’un des candidats avait lancé l’idée d’une sorte d’apéro canadien», continue l’ingénieur en génie civil de 29 ans. Les présentations faites, il a fallu découvrir le plateau. Et là, l’ambiance s’est avérée plus stressante que conviviale. «On était là, comme des poussins, et on nous a dit: ne vous inquiétez pas, agissez normalement. Sauf qu’il y avait neuf caméras qui nous scrutaient en permanence! On avait le trouillomètre à zéro, rigole Eric Bedelek. Dès que le chrono a été lancé et qu’on a pu prendre des briques, on s’est mis dans notre bulle. On se faisait des blagues et on ne voyait plus les caméras.» C’est tellement vrai que les Concisois se mettaient constamment à siffler. «On entendait les autres rire en disant: ça y est, les Suisses recommencent!» confie Alex Favre, ébéniste de formation. En parlant de cette habitude, lors de la finale, les Nord-Vaudois n’ont pas arrêté de siffloter un air précis, sorti tout droit de l’univers Disney. Et ce n’est pas un hasard… «La veille de la finale, on avait congé. Alors on est partis à Disneyland, dévoile Eric Bedelek. Tout le monde nous a déconseillé de faire ça parce qu’on serait crevés le lendemain, mais on y est quand même allés et c’était génial!»
Des souvenirs plein la tête, les Concisois sont retournés à l’hôtel avec l’espoir de trouver une idée originale pour leur construction libre. Mais, malgré les loopings au parc d’attractions, l’inspiration ne venait pas. «On réfléchissait et réfléchissait, mais il n’y avait rien qui venait. Ensuite, j’ai lâché: j’en ai marre, je veux une fondue (ndlr: les restaurants étant fermés entre mai et juin, ils mangeaient des snacks)! C’est là qu’on a compris que c’était ce qu’on devait faire!» Un pari risqué pour un télé-crochet français, mais qui a convaincu tout le monde. Et même bien au-delà de ce qu’ils imaginaient. «On a peut-être mis nos mains là où il ne fallait pas, sourit l’ingénieur. On n’arrête pas de recevoir des invitations des fromageries, d’interprofessions et même de la confrérie des Compagnons du caquelon!»
Secrets de tournage
Le tournage de la saison 2 de Lego Masters a duré six semaines, de mai à juin, avec parfois des coupures. Il est arrivé que le chrono soit stoppé au milieu d’une épreuve et relancé le lendemain.
«On n’avait pas de maquilleuse, révèle Eric Bedelek. Pour l’habillement, c’était un mélange entre les nôtres et les propositions de la prod.» Et de marteler: «Par contre, les kilts qu’on portait sont les nôtres.» Et les portaient-ils dans la pure tradition écossaise? «Un sur deux», sourit-il.
Ils ont failli louper!
Il s’en est fallu de peu que les Nord-Vaudois n’arrivent pas au bout de leur sculpture en briques. «On n’avait pas assez de pièces jaune pâle pour faire la fondue. On a dû demander à Georg Schmitt (l’un des quatorze entrepreneurs au monde certifiés par Lego) d’en trouver, explique Eric Bedelek. Il est parti dans les stocks pour démonter d’anciennes constructions. Il est revenu avec une poignée seulement.» Le caquelon sera exposé durant un an à l’hôpital Necker-Enfants malades.
Concise en fête samedi
La semaine dernière, les villageois défilaient devant la maison des gagnants pour les féliciter. Et les internautes les inondaient de messages et de demandes d’amitié. «J’en ai eu plus de 200 en un jour», s’étonne encore Eric Bedelek. Grâce à eux tout le monde connaît à présent Concise et sa culture du Lego. C’est pourquoi la Commune et Swissbriques, l’association locale qui organise des expositions de briques depuis douze ans, ont décidé de célébrer les deux «meilleurs briquetiers de France» en offrant la fondue! L’interprofession du Gruyère a tenu à participer en fournissant pour 500 francs de fromage. Les caquelons seront servis à midi à la grande salle de Concise. Certificat guéri ou vacciné obligatoire (2G).