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La Grande Cariçaie  en terres grandsonnoises
La zone naturelle des Tuileries attend encore la décision de classement de la part du DGE-Biodiv.

La Grande Cariçaie en terres grandsonnoises

16 janvier 2025 | Textes: Robin Badoux | Photo: Michel Duperrex
Edition N°3871

Cela fait maintenant un an que la Commune de Grandson a rejoint l’Association de la Grande Cariçaie. Une collaboration visant à améliorer la protection et l’accessibilité à la zone naturelle sensible des Tuileries. Avec quels changements concrets jusque-là?

C’est un petit bout de paradis pour de nombreuses espèces animales. Un lopin de forêt et de marais coincé au bord du lac de Neuchâtel entre Yverdon-les-Bains et Grandson dont la riche biodiversité fait le bonheur des ornithologues ou des simples promeneurs de passage. La zone naturelle des Tuileries est d’ailleurs, depuis début 2024, presque totalement intégrée au sein de l’Association de la Grande Cariçaie (AGC).

Une intégration à cette réserve naturelle qui, malgré son détachement géographique par rapport au reste de la Grande Cariçaie, fait sens, comme l’explique le directeur de l’ACG, Michel Baudraz: «La Grande Cariçaie se caractérise par ses marais. Mais l’association gère aussi les surfaces lacustres et forestières. On trouve dans la zone naturelle des Tuileries plus de forêt, mais aussi un très beau marais.» Le spécialiste en environnement admet néanmoins que la zone peut paraître isolée par rapport au reste de la réserve: «Il y a une coupure avec Yverdon-les-Bains, mais la Grande Cariçaie est déjà un assemblage de plusieurs morceaux. C’est d’ailleurs l’un des enjeux de notre association. Favoriser les déplacements de la faune d’une zone à une autre.» Sur ce point, la Ville d’Yverdon fait par exemple figure de bon élève avec des projets favorisant la perméabilité naturelle, estime le directeur.

Étroite collaboration

La zone naturelle est partagée entre trois territoires communaux: Yverdon, qui a rejoint l’association en 2010, Montagny-près-Yverdon, qui dispose d’une étroite bande de terre à travers le bois des Vernes jusqu’au lac, et Grandson, qui a donc rejoint l’Association de la Grande Cariçaie le 1er janvier 2024.

Cela fait plusieurs années que l’AGC tente de se rapprocher du Bourg d’Othon. «Il y a toujours eu une place pour Grandson dans l’association», glisse Michel Baudraz. Les contacts ont fini par s’intensifier en 2023. «Cela fait un petit moment qu’on se pose la question», admet ainsi de son côté Nathalie Gigandet, municipale en charge du dossier. Le récent postulat «Pour une meilleure protection des forêts riveraines», déposé le 4 mai 2023 à Grandson, favorisa les échanges jusqu’à une intégration officielle.

L’adhésion de Grandson permet ainsi une collaboration étroite pour la gestion de la zone naturelle des Tuileries. A noter que l’endroit était déjà reconnu comme une réserve d’oiseaux d’eau et migrateurs dans l’inventaire cantonal des sites naturels protégés. «Protéger c’est une chose, gérer en est une autre, souligne toutefois Michel Baudraz. Les travaux d’entretien des milieux naturels sont toujours faits par le Groupement forestier (ndlr: supervisé par le service cantonal en charge des forêts, cela inclut la fauche des marais, l’arrachage de buissons et l’entretien forestier) tandis que l’AGC apporte un monitoring scientifique.» Cette surveillance, effectuée gratuitement par l’AGC, se rapporte aux domaines de la flore, de la faune, des sols, des eaux et des publics. Un travail essentiel qui donnera des précisions sur l’entretien des milieux naturels, notamment pour la conservation des espèces présentes sur le site.

Cette plus-value scientifique apportera également des éléments pour une future décision de classement. Rédigée par l’état, elle permettra de concrétiser la forme de la  protection légale de la zone. Car pour l’instant, la seule règle en vigueur sur ce site sensible, hormis l’interdiction de la chasse, demande à ce que les chiens soient tenus en laisse pour éviter qu’ils ne dérangent les oiseaux.

«La présence de l’AGC est un atout pour la gestion du public, remarque Nathalie Gigandet. On remarque que les gens aiment être en contact avec la nature et que de nombreux promeneurs empruntent déjà les sentiers dans la zone. Dans quelques jours, des éco-compteurs seront installés et permettront de se faire une idée de l’affluence qui existe sur place. Ces calculs seront utiles pour déterminer quelle protection s’avérera nécessaire.»

Une zone très riche

Comparée au reste de la Grande Cariçaie, la zone naturelle des Tuileries se caractérise par la présence d’une grande masse de bois mort qui favorise la prolifération de nombreux insectes, comme des coléoptères.  De nombreux oiseaux y cohabitent également. «La présence de l’étang à cet endroit est très intéressante pour eux. C’est un refuge lacustre pour les oiseaux», précise le directeur de l’AGC.

A terme, une fois que la zone sera classée, des sentiers balisés, des panneaux d’information et des observatoires construits par l’AGC et la Commune de Grandson permettront au public de profiter au mieux de la riche biodiversité du lieu, tout en la préservant.


Patchwork environnemental

Le périmètre de gestion de la Grande Cariçaie s’étend sur un vaste territoire partant de la réserve naturelle du Bas-Lac, à l’autre bout du lac de Neuchâtel, jusqu’à, désormais, la zone naturelle des Tuileries en longeant la rive sud.

L’adhésion de Grandson à l’Association de la Grande Cariçaie permet de compléter sa zone de gestion, la rapprochant ainsi de l’étendue réelle et naturelle de la Grande Cariçaie. Cette dernière s’étend du canal de la Thielle, au nord, jusqu’à Grandson au sud. Plusieurs communes devraient encore rejoindre l’association pour compléter le tableau. Montagny-près-Yverdon, qui dispose d’une petite bande de terre dans le bois des Vernes, La Tène, dans le canton de Neuchâtel et deux communes bernoises. Pour l’instant, en raison de la faible emprise de la Grande Cariçaie sur les territoires de ces localités, aucune ne souhaite intégrer les rangs de l’AGC.