Souvent diabolisé, surtout quand cela concerne des informations personnelles, le partage des données peut également devenir un outil très efficace. À ce titre, la plateforme participative Smapshot, qui a vu le jour à la HEIG-VD, est un bon exemple.
Le partage des données, sur le plan informatique, c’est le fait de rendre celles-ci accessibles à un ou plusieurs consommateurs. Dans ce cadre, les données sont, selon Le Petit Robert, «une représentation conventionnelle d’une information permettant d’en faire le traitement automatique». Une définition encore bien obscure pour tout un chacun. Il faut surtout retenir qu’il s’agit d’informations stockées de manière informatique et qui peuvent, au moyen d’une connexion internet, être échangées partout dans le monde. Ainsi, lorsqu’il s’agit d’informations personnelles, le partage de ces données est évidemment délicat et fait l’objet de dérives qu’il est difficile de contrôler. Il est donc fréquent que l’on parle de «protection des données».
Mais le partage des données peut aussi être bénéfique, car cet échange d’informations permet la diffusion des savoirs et la mise au point d’innovations utiles, tant dans le milieu industriel que culturel.
Pour traiter de ce vaste sujet, la HEIG-VD (Haute école d’ingénierie et de gestion) a organisé plusieurs conférences le 17 octobre 2024 à Explorit, pour parler de la législation autour du partage des données, mais également de quelques projets concrets où le partage des données est central et bénéfique.
À ce titre, la plateforme participative Smapshot se révèle être un très bon exemple.
Smapshot, ou comment raconter l’histoire à travers des photos
La plateforme Smapshot, projet maintenu par le groupe Mediamaps de la HEIG-VD à Yverdon-les-Bains, se décrit elle-même comme une «machine à remonter le temps participative». Comment est-ce possible?
L’un des meilleurs témoignages du temps qui passe sont les sources visuelles et les images, comme les peintures, les gravures ou les photographies. En les mettant en relation, il est souvent possible de voir les évolutions paysagères, comme les changements urbanistiques, climatiques et naturels. Ces sources, sont souvent consignées dans des fonds d’archives séparées. Grâce à la plateforme, elles sont réunies au même endroit. Il faut tout de même respecter une certaine méthode pour que les images puissent figurer sur la plateforme. Elles doivent être numérisées et suivre des normes de référencement homogènes.
Une fois ces critères respectés, ces données visuelles sont stockées et géolocalisées sur la plateforme. En cherchant une localité, les images correspondantes sont affichées. En cliquant sur une image, elle s’affiche sur une modélisation 3D de la localité. Cette superposition permet de constater directement les changements survenus entre la source visuelle et la géographie actuelle du lieu (voir photo à gauche). Ainsi, le nom Smapshot prend tout son sens, puisqu’il s’agit d’une contraction entre snapshot (photo instantanés) et map (carte géographique).
Le résultat est donc une importante base de données d’images à laquelle tout le monde, chercheurs et particuliers confondus, peut participer. À l’heure actuelle, ce sont au total 282 000 images stockées sur la plateforme, dont 238 000 images géoréférencées par des amateurs d’histoire. 1246 personnes sont membres et ont effectué plus de 30 000 heures de travail.
D’autres projets se sont déjà inspirés du procédé, notamment la ville de Rio de Janeiro et sa plateforme ImagineRio qui étudie l’évolution urbanistique de la cité brésilienne, démontrant l’intérêt de ce type de plateforme et de l’échange de données.