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La liberté de s’autogérer
Yverdon, 25 octobre 2019. EHNV, dialyse, de g à dr: Georges Halabi, Catherine Störi, Valérie Baldassarri Pita. © Michel Duperrex

La liberté de s’autogérer

29 janvier 2020

Yverdon-les-Bains – Un an après l’ouverture d’un horaire du soir pour les personnes en insuffisance rénale, patients et médecins sont ravis.

Le Dr Georges Halabi, médecin agréé des Établissements hospitaliers du Nord vaudois (EHNV), adore blaguer avec ses patients.  «Qu’est-ce que je dis toujours?, interroge-t-il, en regardant un homme couché dans un lit. La dialyse se passe dans la bonne humeur!» Le spécialiste en néphrologie sait que ce n’est pas toujours facile pour les malades de passer quatre heures trois fois par semaine à l’hôpital. Alors il fait de son mieux pour mettre l’ambiance.

Pourtant, à la fin de la dernière décennie, cela ne suffisait plus, car les sourires retombaient lorsque le personnel voyait son service saturé. Du coup, un troisième horaire en soirée a été lancé en janvier 2019 pour les personnes autonomes, c’est-à-dire celles qui gèrent elles-mêmes leur traitement sous l’œil des pros. Le nombre de patients «nocturnes» a doublé en mai, passant de trois à six.

«Je ne me sens presque plus malade»

Un an après ce lancement, qu’en est-il? «Je ne voudrais plus revenir en arrière! Avec cet horaire, je ne me sens presque plus malade, assure Catherine Störi, qui est sous dialyse depuis 2016. Venir le soir, même si ça ne change rien au niveau du traitement, c’est tout autre chose que le matin ou l’après-midi, parce que je peux avoir une vraie journée. Et ça passe plus vite aussi. Regarder la télé à la maison ou ici, c’est la même chose pour moi.»

Cette habitante de Pomy assure que le personnel semble aussi plus détendu en fin de journée. «Comme on n’est que six patients le soir et qu’on passe douze heures par semaine ici, on crée des liens avec le personnel.»

Quant à la quinzaine d’infirmiers, d’aides soignants et d’assistants en soin et santé communautaire, ils apprécient la nouvelle donne. Valérie Baldassarri Pita, cadre de proximité, reconnaît toutefois que la mise en place de cet horaire de secours n’a pas été simple à gérer. Nouvelle organisation, embauche de trois collaborateurs, introduction de planning en soirée… Le service a dû repenser tout son fonctionnement rapidement. «Le projet a dû être mis en place dans l’urgence. Il a aussi fallu beaucoup réadapter l’organisation en cours de route, explique-t-elle. J’ai dit à mes collaborateurs: Est-ce qu’on est prêts à envoyer une dame au CHUV trois fois par semaine ou est-ce qu’on se donne les moyens de l’accueillir? Et je dois dire que j’ai une équipe vraiment formidable car elle a compris l’importance de notre mission pour la région.»

L’exception devient la norme

Toute cette sueur n’a pas été vaine, puisque les EHNV n’ont plus besoin de refuser du monde. «Cette solution du soir sera maintenue car elle est fortement appréciée de nos patients», poursuit Valérie Baldassarri Pita. Cerise sur le gâteau: elle est plus économique au niveau des charges sociales.

Quelle solution si la place devait de nouveau venir à manquer avant l’agrandissement des EHNV, prévu pour 2025? «En tout cas, ce ne sera pas les dialyses de nuit, car elles nécessitent une toute autre infrastructure en termes de nombre de lits, de personnel et d’alertes en cas de fuite», rétorque le Dr Georges Halabi. La mesure la plus plausible serait certainement d’ouvrir à davantage de monde les horaires du soir.


20%

des patients sous dialyse doivent être autonomes dans la gestion de leur traitement, depuis 2010.

32

patients viennent quotidiennement faire des dialyses à Yverdon-les-Bains entre 7h et 18h. Et c’est compter sans les six personnes du soir, trois fois par semaine.

120

litres de sang environ sont épurés par séance, soit six litres qui passent 20 fois dans la machine pour enlever les toxines.

10 000

dialyses ont été effectuées en 2019 aux EHNV.

Christelle Maillard