La ligne pour Mauborget ne fait pas que des heureux
18 septembre 2019Edition N°2583
Nord vaudois – Plusieurs usagers de la ligne 625 sont mécontents des services de CarPostal. Le responsable d’exploitation s’explique.
Des cars postaux en retard, des chauffeurs qui mordent le bord des routes et des giratoires, des clients entassés comme des sardines, des impolitesses… Voilà, en résumé, la raison de l’ire de certains usagers de la ligne CarPostal 625, qui relie Mauborget à Yverdon-les-Bains. Plusieurs remarques nous étant parvenues par mail, La Région a cherché des explications auprès de Pierre-Alain Perren, responsable d’exploitation de CarPostal secteur ouest, qui couvre la Suisse romande.
L’un des premiers griefs évoqués par les usagers concerne la conduite des chauffeurs. Pierre-Alain Perren, comment justifiez-vous leur comportement?
En principe, la largeur de nos véhicules est adaptée à nos routes, mais il existe des points noirs, comme certains giratoires qui ne sont pas étudiés pour des véhicules très longs. Il est donc difficile, pour le conducteur, de prendre suffisamment de largeur pour les passer sans rouler sur les bordures.
Chaque conducteur connaît ces spécialités?
Nous relevons tous ces lieux à problèmes et les portons à la connaissance des Municipalités concernées. Et lorsque nos chauffeurs commencent sur une ligne qu’ils ne connaissent pas, un «expert réseaux» les accompagne. Il les rend attentifs aux particularités du parcours.
Un exemple?
Si un feu est au vert et que le chauffeur se trouve à une distance de 300 mètres, l’expert indiquera au chauffeur qu’il ne vaut pas la peine d’accélérer dans l’espoir de pouvoir passer, car le temps nécessaire pour y arriver n’est pas suffisant. Il vaut mieux rouler doucement et éviter ainsi un freinage d’urgence. à d’autres endroits, l’expert montrera la meilleure façon de prendre un virage pour ne pas mordre sur la bordure. Chacune de nos lignes a ses spécificités et «son» spécialiste qui forme ses collègues.
Quid de la cadence des dessertes?
CarPostal, comme l’ensemble des transports publics, est subventionné par les communes et le Canton. Le principe est de dire: Vous êtes bénéficiaires, c’est bien. On vous donne le même montant de subventions, et vous pouvez ainsi augmenter la cadence. Donc, nous ne pouvons augmenter le nombre de bus ou mettre des bus articulés que sur les lignes qui marchent le mieux. Pour résumer, plus il y a de voyageurs, plus il y a de bus et plus il y a d’offres.
Qu’en est-il de la ligne 625?
Nous ne pouvons pas augmenter le nombre de courses car la ligne n’est pas suffisamment fréquentée. Et nous ne pouvons pas mettre un bus articulé pour deux raisons. D’abord parce qu’à la mauvaise saison, il existe des risques de glissade sur la neige, ensuite parce que dans certains villages, et notamment à Grandson, à Fiez et à Mauborget, les routes sont trop étroites. Ces bus mesurent 18 mètres, contre 12 mètres pour les véhicules standard, et peuvent être légèrement plus larges.
Comment justifiez-vous les retards des bus?
Nous tolérons jusqu’à trois minutes de retard, et aucun départ prématuré. Mais malheureusement, la circulation ne permet parfois pas d’arriver à l’heure.
Est-il possible qu’un chauffeur ne s’arrête pas alors que des usagers attendent au bord de la route?
C’est une chose qui arrive, il est vrai. Ce peut être parce que les clients sont dans l’ombre, ou à contre-jour, ou cachés derrière un arbre ou un obstacle et le chauffeur ne les voit pas.
N’avez-vous pas de solution?
Pour y remédier, nous avons installé sur près d’une vingtaine d’arrêts un signal lumineux que l’usager peut activer pour signifier qu’il attend le bus. Cela fonctionne bien si le client n’oublie pas d’appuyer sur le bouton! Dans le cas contraire, le chauffeur constate que son voyant est éteint, et il ne s’arrête pas, car il peut penser que ce sont des gens qui parlent entre eux ou qui attendent quelqu’un.
Comment fait-on quand l’arrêt de bus n’est pas clairement indiqué?
Sachez qu’un conducteur a l’interdiction de s’arrêter en dehors d’un arrêt officiel pour prendre un passager. Si ce dernier se blessait en montant, ce serait de la responsabilité du chauffeur. Quant aux arrêts non effectués pour des passagers qui souhaitent descendre du bus, nous avons une cinquantaine de cas signalés par année sur l’ensemble de la Suisse romande. Soit le conducteur n’a pas vu la demande d’arrêt, soit il était distrait.
Certains usagers nous ont fait part d’un manque de places assises. Comment l’expliquez-vous?
En période scolaire, un programme spécifique s’ajoute aux horaires habituels. Des cars sont spécialement affrétés pour les élèves. Ces véhicules spéciaux sont légèrement plus larges, car ils comportent plus de sièges que les bus normaux. Les sièges sont plus étroits et équipés de ceintures de sécurité. Et tous les enfants sont assis. Les adultes n’y ont pas accès. Ces véhicules circulent selon un horaire adapté aux écoles et, sauf gros problème, ils tiennent l’horaire. Les autres véhicules ont moins de places assises, et une partie des usagers doivent rester debout. Il est possible que certains enfants choisissent la ligne dite normale et se retrouvent dans un véhicule qui est déjà bondé.