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La loi qui pourrait barrer l’accès au porc

25 novembre 2014

La mise aux normes des porcheries prévue pour 2018 inquiète dans le monde agricole. Le député de Rances Pierre Guignard s’en est fait l’écho au Grand Conseil.

L’une des truies de l’élevage porcin de Béat Jenni, à Valeyres-sous-Rances. © Michel Duperrex

L’une des truies de l’élevage porcin de Béat Jenni, à Valeyres-sous-Rances.

Le spectre de l’application d’une décision fédérale fait, et c’est le moins que l’on puisse dire, des remous au sein du secteur porcin. Bien qu’il n’élève pas de porcs sur son exploitation, l’agriculteur de Rances Pierre Guignard a sollicité, via une interpellation, le Conseil d’Etat au sujet de cette source de préoccupation qui découle d’une volonté d’améliorer le confort des bêtes. A titre d’exemple, un animal de 60 à 110 kilos devra bénéficier de 0,9 m2, contre 0,6 m2 actuellement. Ce chiffre passera, pour ce qui est des truies, de 1m2 à 2,5m2.

«Je fais partie de la société fromagère de Baulmes, dont la porcherie n’est pas aux normes. Des collègues éleveurs m’ont aussi demandé d’agir sur le plan politique», explique le député de la région. Il précise que l’horizon 2018, qui coïncide avec la fin du délai transitoire pour la mise aux normes des porcheries en Suisse, représente un laps de temps court au regard des transformations qu’auront à effectuer les exploitants désireux d’adapter leurs installations. «Les mises à l’enquête risquent de générer des oppositions. La procédure peut prendre du temps», déclare-t-il.

A Valeyres-sous-Rances, son collègue Béat Jenni, éleveur de porcs depuis une trentaine d’années, juge les normes suisses trop strictes en comparaison européenne. «Beaucoup de personnes vont mettre la clé sous le paillasson », prédit-il.

Valorisation du petit lait

Une portée de porcelets à l’heure de la tétée. © Michel Duperrex

Une portée de porcelets à l’heure de la tétée.

Si elle se vérifie, cette hypothèse aura un impact certain sur les sociétés de laiterie, qui se verraient privées d’un précieux allié dans la valorisation du petit lait. La diminution des effectifs porcins dans nos contrées les inciterait à trouver d’autres alternatives.

Fréquemment propriétaires d’une porcherie, elles pourraient opter pour leur agrandissement ou une nouvelle construction, mais cela supposerait, dans les deux cas, un investissement conséquent. Sans parler des contraintes liées à l’aménagement du territoire. A ce propos, Pierre Guignard a souhaité savoir si le Conseil d’Etat voulait encourager ou freiner la construction de porcheries en zone agricole. Le député craint également que l’impact ne s’étende aux cultures céréalières, une autre source de nourriture pour les cochons.

Pierre Guignard est inquiet pour la pérennité de l’élevage porcin. © Michel Duperrex

Pierre Guignard est inquiet pour la pérennité de l’élevage porcin.

Enfin, ces nouvelles exigences légales pourraient atteindre les deux fleurons du terroir vaudois que sont la saucisse aux choux et le saucisson vaudois. Deux produits dotés de l’indication géographique protégée (IGP). La disparition des porcheries du canton nécessiterait, en effet, de trouver de nouvelles solutions d’approvisionnement en viande de porc.