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La magie du cirque enchante l’âme du boulanger
Les plus vieilles pièces de Didier Rouilly, ce sont des chaises de 1918 (au-dessus du bandeau Knie).@ Michel Duperrex

La magie du cirque enchante l’âme du boulanger

24 mai 2018
Edition N°2252

Grandson –  A l’occasion du passage du Cirque Nock à Yverdon-les-Bains, plusieurs artistes sont partis à la découverte du monde circassien créé par le pâtissier Didier Rouilly dans son musée privé.

Le chapiteau de Didier Rouilly n’est pas aussi visible que celui de la famille Nock avec ses couleurs rouges et blanches et ses 38,5 mètres de diamètre. Le sien est bien caché au milieu de la forêt, dans une grange proche de l’ancien Moulin de Péroset (Grandson). Et pourtant, il recèle aussi de dizaines de milliers de trésors, certains scintillants, d’autres usés, mais tous témoins d’un passé sous les feux des projecteurs.

A peine entré dans son musée privé, le visiteur est immergé dans la magie du cirque avec de la musique de circonstance et des objets à contempler dans tous les coins et recoins de la pièce, du sol au plafond. «Ce n’est que 50% de ma collection, j’ai encore plein de cartons à la maison! J’ai plus de 3600 programmes, 2600 affiches, 8000 photos et plusieurs cartons de partitions de musique», confie Didier Rouilly, qui assiste au minimum à un spectacle par mois.

Des pièces uniques

Du fil de fer d’artistes italiens à la boîte à couteaux de 1967 en passant par des costumes en tous genres: le boulanger de profession garde précieusement tout ce qu’il trouve depuis des années, que ce soit des accessoires issus de compagnies européennes, asiatiques, russes ou encore scandinaves. «Tout a commencé un dimanche après-midi, quand mon grand-père m’a emmené voir le Cirque Nock. J’ai découpé une photo d’un poney dans un flyer et je l’ai mise dans un carton à chaussures sous mon lit. Depuis, je n’ai jamais arrêté de collectionner des objets», révèle le Nord-Vaudois de  63 ans.

Mais Didier Rouilly ne se contente pas de chiner des objets, il fabrique également des maquettes, dont une sur le Cirque Knie qu’il a exposée dans un piano en Plexiglas pour l’émission de la RTS Les Coups de Cœur d’Alain Morisod, en 2003. «Je suis fier d’avoir tout ça, c’est mon petit monde à moi, souligne-t-il. Je viens presque tous les matins avec mon petit-fils, qui est aussi un fan de cirque. C’est ma soupape pour évacuer la pression du quotidien.»

Une grande famille

Même s’il n’est pas sur la route avec les artistes, Didier Rouilly fait malgré tout partie de la grande famille du cirque: «J’aurais voulu travailler comme chauffeur chez Knie, mais juste avant de partir, j’ai rencontré ma femme. Je ne regrette rien et, au final, j’ai quand même réussi à mettre un pied dans ce milieu!» Sa passion lui a d’ailleurs permis de rencontrer des artistes réputés et même le Prince Albert de Monaco lors du Festival International du Cirque de Monte-Carlo, un événement incontournable pour les Rouilly.

«Tout le monde dans le métier connaît Didier, c’est un spécimen», lance le clown Victor Rossi, de la troupe américaine Ringling Bros. and Barnum & Bailey Circus, qui a profité de ses vacances pour faire un crochet par Champagne mardi, après neuf années passées loin de la Suisse.

De g. à dr.: La chanteuse ukrainienne Polina Tsybizova, Nina Souza, Milan Nock, Emily Perez, Brian Bellu, Tabea Steiner, Leandro Milla et Didier Rouilly avec son petit-fils Dimitri, déjà piqué par le virus du cirque. © C. Md

De g. à dr.: La chanteuse ukrainienne Polina Tsybizova, Nina Souza, Milan Nock, Emily Perez, Brian Bellu, Tabea Steiner, Leandro Milla et Didier Rouilly avec son petit-fils Dimitri, déjà piqué par le virus du cirque. © C. Md

Comme lui, la plupart des artistes de cirque s’arrêtent quelques instants pour découvrir l’antre festive du Nord-Vaudois. Le Cirque Nock, qui était de passage à Yverdon-les-Bains mardi et mercredi, n’a pas fait défaut à cette tradition. Tabea Steiner, maîtresse d’école pour les enfants du cirque itinérant, a emmené ses cinq élèves, âgés de 3 à 13 ans, au musée. «C’est un endroit sympa, je n’avais jamais vu un tapis comme celui-ci», admet Brian Bellu, 13 ans, en pointant du doigt une ancienne piste du Cirque Medrano. Il a aussi pu admirer l’un des costumes que portait son papa Constantin Bellu, qui s’illustre aujourd’hui dans un numéro comique sur trampoline. «Ce que j’ai aimé, c’est le vieux trapèze (ndlr: un modèle datant de 1918), ajoute Nina Souza, 10 ans. Mais je suis sûre qu’il se casserait si je me balançais dessus.» Certains souvenirs du passé que collectionne Didier Rouilly ont fait sourire la chanteuse star de la tournée 2018 du Cirque Nock, Polina Tsybizova: «C’est marrant de voir l’évolution des affiches parce qu’elles n’ont pas tant changé dans le fond, relève-t-elle. Ce qui est encore plus drôle, c’est de voir des photos de collègues à leurs débuts. C’est très intéressant pour nous, la nouvelle génération, de voir le matériel qu’ils utilisaient et la façon dont notre travail a changé à travers les années. Le Cirque a gardé quelques objets, mais pas d’aussi vieux.»

La plupart des artistes qui visitent le musée de Didier  Rouilly finissent par y revenir et lui faire don d’une de leurs pièces. «Bientôt, je t’apporterai une surprise», promet le clown Victor Rossi.

Le public peut visiter le musée privé de Didier Rouilly en appelant la boulangerie de Champagne au 024 436 20 81.