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La Paroisse d’Yverdon-Temple résiste

3 décembre 2012

Les membres de l’Assemblée de paroisse d’Yverdon-Temple ont exprimé très clairement leur opposition à la décision du Synode d’instaurer un rite pour les personnes de même sexe, au terme d’un débat animé, mais respectueux.

Les différentes sensibilités des paroissiens d’Yverdon-Temple ont pu s’exprimer à visage découvert, mais les votes se sont déroulés à bulletin secret.

«Ces grands débats provoquent un malaise, il est vain de le nier. La récente prise de position du Synode a blessé des centaines de paroissiens, mais j’estime qu’il y a encore de la place pour l’action et la réflexion. Tout n’est pas joué! Il est trop tôt pour démissionner, trop tôt pour effectuer de grandes déclarations. L’Evangile ne nous invite pas à ne pas réagir, mais à réagir avec une dynamique nouvelle.» Pierre Glardon, figure respectée du protestantisme vaudois, avait une tâche délicate à assumer jeudi dernier: celle de se poser en médiateur d’une soirée destinée à permettre aux paroissiens d’Yverdon-Temple d’exprimer leur sentiment suite à la décision, très médiatisée, du Synode concernant la mise en place d’un rite destiné aux personnes du même sexe.

Les paroissiens d’Yverdon-Temple ont ainsi pu lâcher ce qu’ils avaient sur le coeur et, même, pu voter pour faire connaître officiellement leur position. Celle-ci est claire: les couples homosexuels ne seront pas reconnus religieusement à Yverdon, tout simplement. Un des moments forts de la soirée? L’acceptation du texte suivant: «Nous refusons de célébrer sur le territoire de cette paroisse tout ce qui ressemble, de près ou de loin, à la bénédiction d’une union autre que celle d’un homme et d’une femme.» Le texte présenté par Marcel Paris, lequel s’est exprimé en tant que père de famille, citoyen d’Yverdon et chrétien convaincu, a été accepté par quarante oui, douze non et une abstention. «Qu’on me comprenne bien: il ne s’agit pas d’aimer son prochain ou non, comme je l’ai entendu avant. La question n’est pas là. Nous voulons que le Synode revienne sur sa décision et nous réaffirmons ce que nous avons déjà dit en 2008! C’est à nous de décider ce que nous voulons dans les murs de cette ville.»

Une autre proposition a ainsi été acceptée, mais à une majorité moins nette: celle de refuser toute mise à disposition d’un lieu de culte, tandis que l’idée d’obliger un ministre d’Yverdon à refuser de pratiquer un rite a été retirée suite à une intervention du pasteur Nicolas Monnier, lequel a rappelé que chacun de ses pairs devait conserver sa faculté de discernement et que c’était à lui de décider si oui ou non, il était bon qu’il procède à cet acte. A ce titre, il est important de signaler que des voix discordantes se sont fait entendre tout au long de l’assemblée. Elles ont été écoutées et respectées, dans un souci de tolérance tout à l’honneur de la Paroisse.

Les membres de l’assemblée ont également accepté de demander au Conseil régional de convoquer une assemblée extraordinaire afin d’adresser un postulat au Synode, pour que ce dernier consulte chaque conseil d’église. Yverdon-Temple estime ainsi que la décision d’instaurer ce rite l’a été au détriment de la base, laquelle aurait un avis largement opposé. Il est encore un peu tôt pour dire si les paroissiens nord-vaudois y sont opposés, mais à Yverdon, la réponse est oui.

 

Le président du Conseil de paroisse démissionne

«J’ai honte de mon église»

Pierre Guignard, président du Conseil de paroisse d’Yverdon, a annoncé sa démission du poste suprême, mais reste membre, «dans l’hypothèse d’un retournement de situation». Les raisons de sa «colère» sont nombreuses: «Mais pourquoi le Conseil synodal envoie-t-il cette bombe? Cela me fâche. Nous n’avons rien demandé, tout roulait chez nous! Il est difficile d’imaginer faire autant de dégâts en une seule session. Je ressens une grosse colère, il était temps pour moi de reprendre ma liberté. Je ne vois pas comment il est possible pour moi de faire le grand écart entre mes convictions personnelles et ma loyauté envers les autorités. Comment répondre aux gens dans la rue? Comment justifier ce choix? Pour être président d’un Conseil de paroisse, il faut de l’enthousiasme, de la sincérité! Je n’en ai plus. Comment être fier de mon église, alors que, je le dis comme ça, j’en ai honte? Le Conseil synodal a amené la division. Si j’avais les pleins pouvoirs, je demanderais sa démission. Il fantasme s’il pense que les gens vont venir en masse dans les églises. C’est le contraire qui va se passer.» L’intérim est assuré par Roger Guignard.

 

Rite ou bénédiction: quelle différence?

Le Conseil synodal, fort de sept membres, a proposé au Synode (son «parlement») et à ses 92 membres d’instaurer une bénédiction pour les couples de même sexe. Après plusieurs heures de débat, le Synode a refusé le texte, préférant parler de «rite», plutôt que de «bénédiction», et les différentes paroisses devront donc appliquer ce principe. La différence entre les deux? Une bénédiction équivaut à la grâce de Dieu et aurait donc mis mariages homosexuels et hétérosexuels sur le même plan Un rite peut, quant à lui, prendre plusieurs formes, comme par exemple un accueil lors d’un culte dominical, à titre de bienvenue dans une paroisse, sans aucune forme de jugement, bonne ou mauvaise.

Même si le texte a été «adouci» par le Synode, de nombreux chrétiens n’en veulent pas, dont la majorité, donc, de membres de la Paroisse d’Yverdon-Temple. Les paroissiens vaudois ont jusqu’au début de l’été pour faire part de leur position au Synode, pour ce qui est une phase de consultation en ce qui concerne la forme qu’ils entendent donner au rite.

Yverdon-Temple a choisi et le message destiné à ses autorités est clair: rite ou bénédiction ne sont pas les bienvenus sur son territoire.

Timothée Guillemin