La patience et la passion
18 octobre 2024 | Texte et photos: Jean-François ReymondEdition N°3812
Hugo Rittener est jeune mais pratique un métier ancien très rare. Il est fabricant et réparateur d’automates.
On ne rencontre pas souvent un passionné comme Hugo Rittener. Il n’a que 29 ans, mais il a sa destinée déjà toute tracée, motivée par la mécanique de précision. Il est dans ce métier depuis l’âge de 15 ans. Lors de son apprentissage de polymécanicien à la cimenterie d’Eclépens, où pourtant il travaillait sur de grosses machines, il avait déjà son idée… créer des pièces artistiques en mécanique de précision et qui s’animent. Avec l’argent de ses premiers salaires d’apprenti, il achète ses premiers outils et petites machines pour créer son propre atelier dans le garage de la maison familiale.
De plus, il est un amoureux de la région du Nord vaudois. Il a grandi à La Praz et à Juriens et a fait une partie de sa scolarité à Vaulion. Ensuite, sa carrière professionnelle est dictée par l’acquisition de différentes formations inhérentes à sa passion. Il se retrouve, tour à tour, prototypiste aux Usines métallurgiques de Vallorbe, puis dans l’horlogerie à la vallée de Joux où il s’occupe de l’entretien, de la création et de l’adaptation d’outillages spécifiques de machines-outils spécialisées au sein de Swatch Group. Mais c’est finalement en 2022, à Sainte-Croix, que Hugo peut vraiment concrétiser sa passion des automates animés en travaillant dans l’entreprise François Junod où il est formé en qualité d’automatier, réalisant ainsi enfin son rêve.
Parallèlement, il passe la majorité de son temps libre dans son atelier installé à Croy pour réaliser ses propres pièces. Il y conçoit des automates de haute qualité en faisant tout lui-même, de la création des plans, de la conception des pièces, l’usinage et l’assemblage final. Son dernier-né est un chef-d’œuvre achevé au bout de plus de 500 heures de travail : un automate écrivain, à son image, assis à son bureau, dont la main et les yeux s’animent. Cette œuvre a été exposée, tout récemment, au Musée du fer de Vallorbe lors de la Foire à la ferraille.
Son mot: «concrétiser»
Hugo le dit lui-même : «Il y a un mot qui fait partie de moi depuis toujours… concrétiser!» Alors, il continue… Depuis déjà deux ans et demi, il est sur un autre projet qui se concrétise gentiment. Un automate qui représente le peintre Vincent Van Gogh et qui est capable de réellement écrire son nom. «Je voulais encore aller plus loin que mon précédent automate. Là, c’est vraiment de la haute précision qui anime la main par un jeu de cames miniatures. Après de nombreux essais et mises au point, j’ai été particulièrement ému lorsque j’ai vu le résultat. C’est la patience et la passion, la beauté du mouvement, tout cela réuni!»
Notre automatier s’est établi à Vaulion durant cinq ans. «J’ai bien aimé ce village calme qui a une âme. C’est un peu comme Sainte-Croix en réduction. Il y a eu aussi ici un riche passé industriel avec les boîtes à musique, les pierres fines d’horlogerie et les limes. Je suis resté discret ici à part un peu de football dans la vie locale», a-t-il dit. Maintenant, il vient de déménager pour s’établir de nouveau à La Praz, village de son enfance, où il a trouvé un appartement et un atelier assez vaste dans la même maison pour pouvoir continuer son œuvre.