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La Patrouille, un pari devenu une récompense
Nicolas Thuillard, à dr., en compagnie de ses coéquipiers Martin Frei et Michel Narbel, avant le départ à Zermatt, mercredi dernier. «La course a été repoussée de 24 heures mais, si on a finalement pu s’élancer, c’est grâce à l’immense travail de l’armée et des guides», salue le Nord-Vaudois. 

La Patrouille, un pari devenu une récompense

5 mai 2022

Nicolas Thuillard vient de terminer sa troisième grande Patrouille des Glaciers. S’il s’était dit «plus jamais» durant sa première, le sportif de Démoret voit désormais la course comme le su-sucre de la fin de saison.

Tout est parti d’une idée «vers 5h du matin», alors que Nicolas Thuillard fêtait la naissance d’un des enfants d’un ami. «Avec deux copains, on s’est dit qu’on pourrait participer à la Patrouille des Glaciers.» L’idée aurait pu ne jamais aboutir, car le délai pour inscrire une patrouille militaire étant dépassé, les trois compères ont dû tenter leur chance chez les civils. La catégorie étant très prisée, les places disponibles sont attribuées par tirage au sort. «On a su en décembre qu’on était pris pour la petite Patrouille (ndlr: qui va d’Arolla à Verbier, soit 29,6 km pour 2200 m de dénivelé positif). Du coup, on a été acheter le matériel, car on ne faisait pas de peau de phoque…»

C’était en 2011. Depuis? Nicolas Thuillard a bouclé deux fois le petit tracé et vient de terminer sa troisième grande Patrouille – 57,5 km pour relier Zermatt à Verbier, avec un dénivelé positif de 4386 m –, la semaine dernière. «Il y a eu pas mal de changements au niveau de mes coéquipiers de course au fil des éditions», explique celui qui vit à Démoret.

Cette année, il était accompagné de Michel Narbel, de Bonvillars, qui est venu à bout du tracé pour la première fois, et de Martin Frei, qui avait déjà pris part à une petite et une grande Patrouilles aux côtés de Nicolas Thuillard. Mais cette fois-ci, le sportif de Chavannes-le-Chêne a dû jeter l’éponge à Riedmatten, peu après la mi-course. «La neige était assez cartonnée au début, puis on a dû marcher dans les cailloux lors de la descente sur Arolla. Martin avait mal aux genoux et, comme on était limite au niveau des temps de fermeture des postes de ravitaillement, il a abandonné pour que l’on puisse aller plus vite.»

Au total, Nicolas Thuillard et Michel Narbel auront mis près de 17 heures pour rallier Verbier. «J’avais mis 14h30 en 2018, lors de mon précédent départ (ndlr: la PdG a lieu tous les deux ans, mais l’édition 2020 avait été annulée en raison du Covid), mais on pouvait skier partout. Là, il y avait plus d’une dizaine de kilomètres où il a fallu marcher avec les skis sur le dos.» Mais qu’importe, les trois Nord-Vaudois ne visaient pas de chrono. «On a essayé de faire une sortie par week-end. Je ne suis pas du genre à effectuer huit allers-retours consécutifs au Chasseron pour accumuler les mètres de dénivelé, et je suis plus montagnard que du genre à aller m’entraîner dans des rando-parcs», souligne le charpentier de 34 ans, qui avait tout de même avalé quelque 25 000 m de dénivelé durant l’hiver, avant la Patrouille.

Lors de sa première grande Patrouille, en 2014, Nicolas Thuillard s’était dit «plus jamais». Et pourtant, il y est retourné. «La première fois, on était limite aux temps de passage, il n’y avait quasi plus d’eau aux ravitaillements, on avait mis 17h30 et on avait déjà dû abandonner quelqu’un à Riedmatten. Mais, au final, j’ai déjà renouvelé l’expérience deux fois, pour la bonne ambiance et parce que c’est le su-sucre en fin de saison. Cela force aussi un peu à faire des sorties plus régulièrement, relève celui qui est papa de trois enfants en bas âge, dont deux sont venus le voir arriver à Verbier avec sa compagne et ses parents. Et surtout, même si le prix de l’inscription est conséquent – 1500 francs par équipe –, la Patrouille est quand même mythique!»

Alors, même si, comme le commandant de corps de la Patrouille des Glaciers l’a souligné pendant la traditionnelle messe avant le départ, les participants ont deux ans pour décider s’ils seront là à la prochaine édition, celle-ci trotte déjà dans un coin de la tête de Nicolas Thuillard.

 

La Patrouille «moins pénible que le foot»

 

Si Nicolas Thuillard compte cinq Patrouilles des Glaciers à son actif, c’est surtout en temps que footballeur qu’il est connu dans le Nord vaudois. Le trentenaire est en effet défenseur au FC Chavannes-le-Chêne, qui évolue en 4e ligue. «Même si ce n’est pas le même type d’effort, le foot aide pour la puissance, notamment dans les montées. Après, la Patrouille est moins pénible que le foot, parce qu’on prend moins de coups, rigole-t-il. D’ailleurs, j’avais un peu peur de me blesser sur les derniers matches. Mais je vais arrêter à la fin de la saison, en tout cas chez les actifs. Je continuerai peut-être en seniors 30+, ou alors s’il y a besoin de dépanner de temps en temps.»

En chiffres

 

16h49. C’est le temps qu’a mis la «Patrouille des Gosiers» de Nicolas Thuillard pour aller de Zermatt à Verbier.

10 Soit, environ, le poids du sac à dos en kilos que Nicolas Thuillard a porté tout au long du parcours. «C’est au niveau des épaules que j’ai eu le plus de courbatures, explique le patrouilleur. Le sac n’est pas si lourd, mais c’est de devoir le porter sur toute la longueur du parcours qui fatigue.» D’autant plus que le sien s’est cassé à Arolla, lorsqu’il a voulu y ranger sa corde. «J’ai dû faire des trous dedans pour le faire tenir avec des colsons…»

1 oubli, pour lequel Nicolas Thuillard plaide coupable: «J’ai laissé le fromage que l’on avait prévu pour le ravitaillement dans le frigo à la maison… Du coup, on a pris celui qui était proposé par l’armée à Zermatt. On avait aussi pris de la viande séchée, mais on ne l’a finalement mangée qu’une fois arrivés à Verbier, avec la bière.»

Muriel Ambühl