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La Petite Epicerie pourrait avoir sa place à Y-Parc
© Michel Duperrex

La Petite Epicerie pourrait avoir sa place à Y-Parc

22 décembre 2022

Le permis de construire a été refusé, mais un compromis pourrait être trouvé.

Start-up lancée à Bavois en 2018, avec un siège dans l’incubateur du Parc scientifique et technologique (PST) d’Yverdon-les-Bains, La Petite Épicerie Sàrl rêvait d’implanter une unité de vente à Y-Parc, à deux pas de ses bureaux, pour offrir ses produits régionaux aux utilisateurs du parc, mais aussi d’en faire un démonstrateur. Après la mise à l’enquête publique, la Ville a refusé le permis de construire. Mais un compromis pourrait être trouvé.

«Notre pari d’ouvrir à mi-décembre, comme nous l’avions prévu initialement, ne pourra être tenu. Mais l’essentiel est que nous avons eu des discussions encourageantes avec la Ville, et on a bon espoir d’aboutir à un compromis», explique Sylvain Favre, qui est à l’origine de cette aventure entrepreneuriale avec sa sœur Elodie, ainsi que leurs associés Steven Oulevay et Steve Brönnimann.

La mise à l’enquête publique, qui a eu lieu il y a quelques mois, prévoyait l’implantation d’une unité de La Petite Épicerie – le concept a pour base un conteneur qui est ensuite habillé de manière à se fondre dans l’environnement – sur une partie de l’aire de stationnement située face au Restaurant d’Y-Parc. Une seule opposition a été enregistrée durant la procédure: celle de Pro Vélo, qui craignait la disparition de places de stationnement pour les deux roues. Mais après discussion, le lobby des cyclistes a retiré son objection.

Pour les jeunes entrepreneurs, la surprise est venue de la Municipalité qui, suivant le préavis du Service de l’urbanisme, a refusé le permis de construire, considérant qu’une telle construction n’était pas adaptée au site. Elle nécessitait par ailleurs l’octroi d’une dérogation au Plan partiel d’affectation (PPA) d’Y-Parc.

«Apparemment, il n’y avait pas d’intérêt public et les autorités invoquaient aussi la concurrence que cela pouvait apporter aux commerces du centre-ville», explique Sylvain Favre. Et d’ajouter: «Pourtant, nous avons prévu d’y écouler les produits de trois commerces de la ville, soit la Boucherie Costa, la Fromagerie du Château et la Boulangerie du Château. Cela aurait représenté pratiquement le 50% des ventes. En fait, notre Petite Epicerie doit être perçue comme une offre complémentaire et non une concurrence.»

Afin de tenter de débloquer cette situation un brin incongrue – la légitimité d’une entreprise d’avoir un démonstrateur à proximité de son siège peut se justifier –, une rencontre a eu lieu entre les jeunes entrepreneurs, le syndic Pierre Dessemontet et les représentants de différents services, avec le concours du délégué au commerce local.

«Je crois que cela a été l’occasion de dissiper des malentendus et de donner des compléments d’information», explique Sylvain Favre. Les heures d’ouverture posent aussi problème à la Ville, La Petite Epicerie étant accessible, via une application, 24 heures sur 24. «Nous sommes prêts à faire un pas dans leur sens, et ouverts à fermer la nuit», ajoute le représentant de la start-up. Evidemment, seul un compromis permettra de sortir de l’impasse. Mais où est l’intérêt public? Celui d’une potentielle concurrence avec le commerce du centre-ville, ou celui, plus concret, des besoins des utilisateurs du PST qui, dans leur écrasante majorité, ne font pas leurs achats en ville, mais, pour des questions d’horaires, se rendent dans les commerces de la périphérie, voire, pour ceux qui viennent de plus loin, sur les aires d’autoroute de Bavois et de la Rose de la Broye, près d’Estavayer-le-Lac.

Si les responsables de La Petite Épicerie tiennent tout particulièrement à disposer d’un démonstrateur près de leurs bureaux, c’est tout simplement parce que leur petite entreprise va franchir prochainement un palier dans son développement. «Nous allons adopter une structure de société anonyme et procéder à une levée de fonds en début d’année», explique Sylvain Favre. Des investisseurs sont prêts à accompagner ce développement sur le plan national.

Après l’ouverture d’un module à Bavois, il y a quatre ans, La Petite Épicerie, s’est implantée, sous la forme de franchises, à Juriens, L’Abergement, Rances, Orbe, Chandolin/Savièse (VS) et Abtwil, dans le canton d’Argovie. La société fournit le module et l’exploitant, parfois une commune qui n’avait plus de commerce local, l’achalande avec des produits de proximité.

«Nous avons des discussions avancées aux Grisons et à Genève. L’application est disponible en français et en allemand. Nous sommes donc prêts à aborder une nouvelle étape», ajoute Sylvain Favre.

 

La Municipalité réexaminera sa décision

 

Le syndic Pierre Dessemontet confirme que l’exécutif yverdonnois réexaminera le dossier concernant l’implantation d’un module de La Petite Épicerie à Y-Parc. «Formellement, la société a demandé un réexamen de la décision», explique le syndic. Et de préciser que le projet exige une dérogation au règlement du Plan partiel d’affectation (PPA). L’exécutif, dans sa première décision, a tenu compte de la politique économique en général, et il craignait que cette structure ne porte préjudice aux commerces du centre-ville. La discussion qui a réuni les parties il y a peu a permis de dissiper certaines craintes, et de réaliser qu’il s’agit d’une offre complémentaire.

Le syndic admet par ailleurs que «c’est un excellent concept» qui met en valeur les produits locaux. Raison pour laquelle la Municipalité va reprendre le dossier au début de l’année prochaine.

Isidore Raposo