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La Protection civile devra s’expliquer

18 mai 2018 | Edition N°2249

L’Association intercommunale de la protection civile s’est réunie mercredi soir. La commission de gestion examinera les tenants et les aboutissants de l’éviction de l’ancien commandant Claude Rutishauser.

Au mois de mai, les soirées peuvent être encore très fraîches à Agiez. Surtout lorsqu’il pleut et que les représentants de la presse se retrouvent à l’extérieur de la Grande salle du village. Manifestement gênés par notre présence, plus d’une quarantaine de membres du Conseil intercommunal de l’Organisation régionale de protection civile (ORPC) du Nord vaudois ont voté à main levée le huis clos pour le point n°5 de leur ordre du jour. Celui-ci concernait l’éviction de l’ancien commandant Claude Rutishauser, démis de ses fonctions le 9 février dernier, après plus de vingt-sept ans d’activité au sein de la Protection civile (PCi).

La commission de gestion de l’association intercommunale devra statuer sur cette affaire, qui avait écœuré plusieurs édiles nord-vaudois. Pour rappel, ceux-ci avaient dénoncé les méthodes «abusives» exercées par Pierre-Alain Lunardi, président du comité directeur (Codir). Le syndic d’Onnens Alain Portner – il avait été soutenu par 33 communes – avait alors décidé de convoquer cette assemblée extraordinaire pour tenter d’obtenir des réponses du Codir.

Les membres de la commission de gestion devront vérifier la légalité de la procédure instaurée par le Codir pour évincer son ex-collaborateur. Celui-ci sera entendu par la commission au même titre que le Codir. En toute indépendance, l’entité rendra son verdict lors de la prochaine assemblée intercommunale, qui aura lieu en août.

Chargé de la communication au sein du Codir, Francesco Di Franco précise que «l’ancien commandant aurait pu faire recours sur son licenciement et sur la convention confidentielle qu’il a signée, mais il ne l’a pas fait». Et de préciser: «C’est son choix et nous devons le respecter.»

A l’instar de la presse, l’avocat du Codir Mathieu Blanc a dû quitter la salle, après le huis clos voté à main levée par le Conseil intercommunal. © Raposo

A l’instar de la presse, l’avocat du Codir Mathieu Blanc a dû quitter la salle, après le huis clos voté à main levée par le Conseil intercommunal.

Un avocat mandaté

«S’il avait un peu plus de fierté et moins d’arrogance, Pierre-Alain Lunardi démissionnerait de ses fonctions, souligne Alain Portner. J’étais neutre jusqu’à hier soir (ndlr: mercredi), mais je suis choqué que le Codir ait engagé un avocat.» En effet Mathieu Blanc – il est également député PLR au Grand Conseil – a été mandaté par le Codir. Quant à Claude-Alain Briod, syndic de Grandevent, il déclare: «Ce qui me déçoit, c’est que le Codir se protège derrière un avocat aux frais des contribuables.»

Interrogé sur ce point, Francesco Di Franco précise que Mathieu Blanc a été mandaté par le Codir afin de répondre aux «questions juridiques» que les membres du Conseil intercommunal auraient pu avoir lors de cette séance. «En l’occurrence, il n’y a pas eu de question de leur part», remarque-t-il.

«Barricadé derrière la loi»

Au final, les membres du Conseil intercommunal ont-ils reçu les réponses qu’ils souhaitaient obtenir? «On a noyé le poisson, confie, dépité, un municipal qui a assisté à l’assemblée, mais qui préfère garder l’anonymat. Le Codir s’est barricadé derrière la loi et la confidentialité de sa convention, pour finalement n’apporter aucune réponse concrète.» Le municipal baulméran Louis-Olivier Roulet renchérit: «Je suis resté sur ma faim. On a tourné en rond pendant deux heures à cause de ce fichu secret de fonction.»

Et le syndic de Grandevent de conclure: «Ce qui me gêne au plus haut point, c’est le fait que le Codir n’a pas eu la décence de communiquer sur cette affaire et que nous sommes toujours dans le flou absolu.»

Valérie Beauverd