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La Punk attitude s’invite en librairie

4 avril 2019
Edition N°2471

Orbe – Nicolas Genoud a lancé sa maison d’édition, samedi dernier à la libraire Padi. L’occasion de découvrir un homme aux mille et une facettes.

«Je suis comme un gamin le matin de Noël qui aperçoit ses cadeaux sous le sapin!» Samedi dernier, c’était le grand jour pour Nicolas Genoud, puisqu’il lançait officiellement sa maison d’édition, baptisée Punk. Alors que toute une équipe s’affairait autour de lui, l’écrivain d’Arnex-sur-Orbe s’est arrêté quelques instants pour faire le point. «Pourquoi Punk? Ce n’est pas pour le style musical, vu que je suis plutôt rock, sourit-il. Non, c’est parce que cela signifie voyou, explique celui qui a gardé un petit côté rebelle (lire encadré). Dans les polars, il y a toujours un tel personnage, haut en couleur et plein de revendications sociales. C’est ce genre d’œuvre que je veux publier.» Et de préciser: «Je n’aime pas les romans d’aventure sans sueur, les polars sans souffrance. Je veux retrouver un vrai rapport à la réalité dans un récit.» Ce côté terre à terre qu’il affectionne tant, l’écrivain a réussi à le transposer dans Conflits d’intérêts et Des haines si ordinaires (lire encadré). Ses deux premiers romans, prémices d’une quadrilogie, ont permis à Nicolas Genoud de lancer sa maison d’édition. «Ces ouvrages vont certainement essuyer les plâtres mais je préfère que cela se fasse sur mes livres plutôt que sur ceux d’autres auteurs, confie ce père de famille. Je vais peut-être me ramasser, je ne sais pas dans quoi je me lance, mais j’y vais et j’ai envie de le faire à fond.»

Qu’est-ce qui a poussé ce comptable à prendre le risque de se lancer dans le monde de la littérature et de devenir éditeur? «C’est un projet qui me trottait dans la tête depuis l’adolescence, à côté de mon rêve de devenir astronaute, sourit-il. J’ai fait plusieurs tentatives d’écriture (ndlr: dans le genre de la science-fiction), mais je ne suis pas allé au bout, car je n’étais jamais satisfait. Jusqu’à ce que j’aie le déclic pour le premier roman.»

Un déclic

Cet élément déclencheur, c’est Mélinda David, la directrice des librairies Padi sises à Orbe et à La Sarraz, qui le lui a fourni. «Je m’étais déjà renseigné sur plein de domaines, comme la typographie, mais il me manquait un accès au marché, et c’est elle qui m’a ouvert des portes», assure l’auteur nord-vaudois de 47 ans. C’est une rencontre, en particulier, qui l’a poussé à sauter le pas, l’été dernier: «Quand j’ai entendu le grand Nicolas Feuz me dire qu’il n’en menait pas large quand il présentait ses livres chez Payot, je me suis rendu compte que la seule barrière qui m’empêchait d’avancer, c’était moi, tellement j’étais persuadé que je n’arriverais pas à vendre un verre d’eau en plein désert.» Lorsqu’il a compris qu’écrire et lancer une petite maison d’édition était à sa portée, il a foncé. Et, quatorze mois plus tard, il s’est retrouvé à la librairie Padi, à Orbe, prêt à dévoiler le fruit de son travail au public.

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Du voyou au comptable droit dans ses bottes

Portrait près une jeunesse compliquée, Nicolas Genoud a trouvé sa route au fil de multiples jobs.

Nicolas Genoud n’a ni la coiffure ni le style vestimentaire d’un punk. Mais derrière sa chemise claire et ses cheveux enduits de gel se cache un homme au parcours atypique. «Jeune, j’étais plus voyou que flic. Je me suis un peu pris les pieds dans le tapis. Il y a eu des histoires de vol, de drogue et d’alcool. Cela aurait pu mal se finir», confie sans détour l’écrivain originaire de Moiry. Après s’être repris en main, il a réussi à décrocher un job au sein du Comité international olympique. «Je suis entré par la petite porte, par le garage même, en étant coursier, lance-t-il. Petit à petit, je suis devenu coresponsable de l’import-export et j’ai repris des études.» Son certificat fédéral de capacité d’employé de commerce en poche, il a tenté de créer une agence évènementielle. «Ça a été un apprentissage douloureux et coûteux», se rappelle-t-il. Essayé pas pu, comme on dit. Mais pas de quoi le décourager. Fort de cette expérience, le Nord-Vaudois a trouvé un emploi dans une entreprise et, en parallèle, a passé un diplôme de comptable, puis suivi une formation en communication institutionnelle. à côté de cela, ce touche-à-tout s’est essayé à l’écriture, allant même jusqu’à rédiger des modes d’emploi d’appareils électroménagers. Il a ensuite porté la casquette de fonctionnaire en travaillant durant six ans à la Direction vaudoise des systèmes d’information. «Je suis entré comme socialiste et je suis sorti comme libérarien. Dans mes livres d’ailleurs, j’égratigne un peu les fonctionnaires», sourit-il. Rêvant de devenir son propre patron, Nicolas Genoud a finalement sauté le pas en lâchant son emploi au sein de Fila Groupe SA, à Yverdon-les-Bains, pour lancer sa maison d’édition.

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La vie d’un flic anarchiste

Et si l’emploi d’appareils électroniques était tout à coup interdit en raison du risque sanitaire que représentent leurs ondes? C’est dans ce contexte de crise que Nicolas Genoud a ancré ses polars. Mêlant son goût pour la science-fiction et pour les contradictions, il a imaginé un flic anarchiste, Nick Walker, qui est l’antinomie d’un policier. L’auteur a créé, autour de ce protagoniste, un univers rythmé par les enquêtes, les crimes mystérieux, les secrets de famille et les complots politiques. Pour coller à la réalité, il s’est imprégné de statistiques policières. Et il a travaillé son style pour offrir une écriture très cinématographique, afin que ses lecteurs s’immergent dans son monde.