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La Région a testé pour vous: la voiture à hydrogène
. © Michel Duperrex

La Région a testé pour vous: la voiture à hydrogène

1 avril 2021

Nouvelle venue des véhicules écologiques, elle soulève encore beaucoup de questions. La Région a testé la Toyota Mirai 2021 et fait le bilan.

Pour l’instant encore à l’état de mythe ou au mieux, de prototype, dans la pensée commune, la voiture à hydrogène est bel et bien en service, et déjà présente en Suisse romande. En route avec la voiture du futur, qui a pris cette semaine pour La Région la forme de la Toyota Mirai 2021, mise à disposition par le garage Fila à Yverdon-les-Bains!

Bien installé dans ses sièges en cuir qui enregistrent la position du conducteur, on se retrouve face à un tableau de bord et une place conducteur modernes mais finalement des plus classiques. Contrairement à la capsule de pilotage Tesla, la Toyota Mirai deuxième génération ne nous téléporte pas dans un intérieur spatial futuriste, même si quelques gadgets technologiques sont bienvenus et pas si superflus, comme l’aide au parcage (fort réussie et intuitive), par exemple.

La sobriété est de mise et il faut bien dire que la Mirai a de l’allure… et que quelques regards se sont tournés vers nous tout au long de notre journée de test à travers la campagne nord-vaudoise et Yverdon.

 

Ses avantages

 

Malgré notre impatience à tester la Mirai, force est de constater qu’une fois le bouton «Power» enclenché, rien ne semble se passer. Les écrans s’allument, mais on doute encore du bon démarrage de la machine. Et d’un coup, à peine la pédale de gaz effleurée, les roues semblent voler gentiment au-dessus du bitume de la façon la plus fluide et la plus silencieuse qui soit. Une sensation de légèreté que contredisent pourtant les deux tonnes du petit monstre caressant littéralement la route. Aucun vrombissement dans les oreilles, aucune vibration de moteur, c’est le calme plat et on roule sans aucun effort pour se laisser porter, ou plutôt propulser, jusqu’à destination. Car malgré le poids et l’absence de moteur thermique, la Toyota Mirai ne déçoit pas au niveau de la vitesse d’accélération. Et ce qu’elle propulse n’est pas du CO2. Mais de l’eau!

Oui, mais on entend déjà venir les: «C’est pareil que les électriques!» La différence n’est en effet pas flagrante à la conduite, qui reste un vrai plaisir. Cependant, selon Hervé Leimer, patron du garage Fila à Yverdon, «par rapport à l’électrique, le kilomètre roulé et le kilomètre effectif du réservoir d’hydrogène sont très similaires, même avec une forte accélération, tandis que l’électrique perd plus vite son autonomie hors vitesse de croisière».

Effectivement, niveau autonomie, on est bluffés de rapporter le véhicule le soir avec une disponibilité au compteur presque similaire à celle de départ. Produisant sa propre électricité et avec près de 650 km d’autonomie (non effectifs), la voiture à hydrogène consomme très peu, voire complète son autonomie en descente. Idéale pour les grands trajets donc.

Ses inconvénients

 

Mais bien sûr, comme toute nouveauté, on relève quelques bémols. Le premier est que la Mirai n’est de toute évidence pas faite pour les géants. Si la berline est longue de 4,97 mètres, on a la dérangeante impression d’être encapsulé à l’intérieur. Avec la tête collée au plafond, les passagers arrière coincés et le coffre menu, l’habitacle n’occupe finalement qu’une petite partie de la voiture. Le garagiste justifie: «Dans ces voitures haut de gamme, on perd cette impression d’espace parce qu’on a des accoudoirs larges. Le confort passe avant l’espace, ce n’est d’ailleurs pas une voiture pour embarquer ou déplacer des affaires encombrantes, mais bien pour faire de longs trajets. Elle est destinée à une clientèle premium.»

Mais le plus gros problème reste bien évidemment le réseau de distribution d’hydrogène. Pour recharger sa voiture en Suisse romande, une seule borne existe. Elle se trouve à Crissier. Cependant, Toyota espère tout de même vendre une soixantaine d’exemplaires de ce modèle deuxième génération en Suisse, bien plus attractif visuellement (et moins cher) que le premier. Un premier client a d’ailleurs déjà franchi le pas la semaine dernière à Yverdon.
En résumé? Une voiture esthétiquement réussie mais sobre (même si cette donnée est subjective) malgré un habitacle restreint, impeccable au niveau des performances et écologique, avec un prix certes élevé, mais pas inaccessible. Une fois que le réseau de ravitaillement sera étendu, la Mirai ne demandera qu’à se multiplier.

 

L’hydrogène, comment ça marche?

Grossièrement, une voiture à hydrogène est une voiture électrique qui produit sa propre électricité et ne rejette que de la vapeur d’eau. L’énergie est fournie par une pile à combustible alimentée en dihydrogène (H2). Une réaction d’oxydation produit alors de l’électricité et de la vapeur d’eau.

Au niveau écologique, les véhicules à hydrogène sont en haut de la liste des véhicules propres car ils n’émettent aucun gaz. Le fabricant Toyota parle même d’une «émission négative», puisque la voiture, en roulant, nettoie l’air de particules fines polluantes grâce à un filtre de type catalyseur.

Attention cependant: cette voiture affiche une empreinte carbone neutre en émission de gaz. Mais tout comme le débat qui entoure actuellement les électriques, son impact environnemental total n’est pas 100% neutre, en raison de ses batteries au lithium-ion et de l’énergie que demandent sa construction et sa destruction.

Un problème majeur persiste: il s’agit du stockage de l’hydrogène. Le gaz étant sous très haute pression (700 bars), pour l’heure l’hydrogène est encore principalement utilisé pour les camions.

Autonomie: 650 km selon constructeur.
Poids: 2025 kg.
Longueur: 4,97 mètres.
Carburant: hydrogène/électrique. 3 réservoirs.
Performance: 128 kW.
Batteries: Lithium-ion.
Purificateur d’air: Un catalyseur filtre 95% des particules fines.
Ravitaillement: le plein d’hydrogène se fait aussi rapidement qu’un plein d’essence. Il faut cependant trouver une station 700 bars. La seule station de Suisse romande se trouve à Crissier.
Technologie: Caméras, visualisation 3D, caméra dans le rétroviseur central, parcage automatique, freinage automatique, recharge smartphone sans fil…
Prix du modèle testé: 74 150 francs.

Léa Perrin