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La touchante histoire de Ly-Ling et Monsieur Urgesi

23 septembre 2021

Giancarlo Moos a accompagné durant dix-huit mois la styliste Ly-Ling Vilaysane dans sa relation professionnelle intense avec le maître tailleur Cosimo Urgesi. Leur cohabitation détonnante a donné lieu à un film étonnant. Le réalisateur sera à L’Echandole ce soir, où il répondra à toutes les questions du public à l’issue de la projection. Avant cela, il a accordé une interview à La Région.

Ly-Ling et Monsieur Urgesi est un film touchant, qui raconte l’histoire de la collaboration entre une jeune styliste et un maître tailleur, du côté de Saint-Gall. Une histoire de transmission d’une génération à une autre, avec toutes les accroches que cela suppose, mais ce film raconte aussi, en filigrane, une histoire d’immigration avec d’un côté Ly-Ling Vilaysane, fille de Laotiens arrivés en boat people, et de l’autre Cosimo Urgesi, immigré des Pouilles, au sud de l’Italie.

D’où vous est venue l’idée de suivre ce duo si particulier?

Oh, il s’agit d’un coup du destin, comme souvent. J’avais rencontré Ly-Ling dans le cadre de portraits qui m’avaient été commandés dans un autre contexte. Et puis, un jour, par hasard, je lui écris et elle me dit qu’elle s’apprête à collaborer avec Cosimo Urgesi. Tout de suite, je me suis dit que j’avais envie de voir ça de près. Le lendemain, j’étais à Saint-Gall. Et ils ont accepté que je les suive dès le début. C’était primordial pour moi et c’est tout l’intérêt de ce film: on voit comment ils débutent, comment ils s’apprivoisent, d’où naissent les premières tensions, les problèmes… Si j’étais arrivé en cours de vie dans leur collaboration, le film aurait été bien moins riche.

Étiez-vous présent au quotidien avec eux?

Non, pas au quotidien, mais une fois par semaine en tout cas!

Vous ont-ils demandé de couper votre caméra parfois?

Non, parce que nous avions mis les choses au point dès le début. Je leur ai proposé dès le premier jour d’avoir un droit de veto une fois qu’ils auraient vu le film. Ils ont accepté, et pour moi, cela a été une grande liberté, parce que j’ai pu dès lors filmer comme je le voulais.

Ont-ils usé de leur droit de veto avant la première diffusion?

Même pas! Une fois que j’ai eu monté le film, je suis allé le leur montrer, comme convenu. Et ils ont décidé de le garder tel quel, avec les moments de doute, avec les moments de joie, de complicité… C’était une grande chance.

Ont-ils aimé le film?

Oui, c’est d’ailleurs très amusant comme question, parce que Cosimo Urgesi a été enthousiaste tout de suite. Il a aimé ce côté sans filtre, sans artifice. Ly-Ling, elle, a été très surprise de se voir à l’écran, gesticulant parfois… Vous savez, c’est comme quand vous écoutez votre voix dans un enregistrement audio, vous ne l’aimez pas et vous ne la reconnaissez pas. Ly-Ling, la même chose. Elle disait: «Mais ce n’est pas moi!» Et là, son compagnon Thomas lui a alors dit: «Mais Ly-Ling, bien sûr que c’est toi! Tu es comme ça!» Il m’a sauvé (rires).

Ce jeudi soir, vous serez à Yverdon pour échanger avec le public. Que vous inspire cette ville?

Je n’y suis venu qu’une fois, pour tout dire, justement dans le cadre de ce film. La RTS m’a proposé Yverdon comme lieu de rendez-vous pour une émission culturelle qui parlait de Ly-Ling et Monsieur Urgesi. J’ai donc découvert la belle place du centre-ville, que je vais revoir ce jeudi.

En tant que réalisateur suisse de cinéma, que pensez-vous de la «loi Netflix»? La Confédération veut contraindre les plateformes de streaming à investir 4% de leurs recettes en Suisse dans le cinéma du pays. Une bonne idée pour vous?

Absolument. D’autres pays vont même plus loin que ces 4%, mais il s’agit déjà d’un pas dans la bonne direction. Notre cinéma en a besoin.

Comment se porte le cinéma suisse, d’ailleurs?

Il se porte bien. Il a ses spécificités et ses différences culturelles, qui rendent le message parfois difficile à faire passer d’un côté à l’autre du pays. En ce qui concerne Ly-Ling et Monsieur Urgesi, j’ai eu le plaisir de voir qu’il avait été magnifiquement accueilli en Suisse romande. Le cinéma suisse permet aussi de nous rassembler.

 

Infos pratiques

 

Ly-Ling et Monsieur Urgesi
Date: jeudi 23 septembre, à 19h à L’Echandole, en collaboration avec la Commission consultative Suisse-Immigré.e.s.
Âge: dès 10 ans.
Durée: 81 min + dégustation.
Tarif unique: 25 francs (avec dégustation préparée par la CCSI)
Arrivée en avance souhaitée pour faciliter le contrôle des pass Covid et pièces d’identité.

Rédaction