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La Tournelle retrouve sa maison avec de très belles têtes d’affiche

20 janvier 2022

Le théâtre urbigène propose un très joli programme 2022, avec une motivation supplémentaire: le retour dans son écrin, après un «exil» à Chantemerle pour raisons sanitaires. Première samedi soir avec Boris Vian!

La petite salle intimiste de La Tournelle, au cœur d’Orbe, est une merveille. Mais le Covid et ses principes de distanciation avaient obligé le public à s’en aller à Chantemerle l’an dernier, afin d’assister à plusieurs spectacles, ce qui était une solution de repli certes appréciable, mais en aucun cas aussi chaleureuse que ce à quoi le public de La Tournelle était habitué. Heureusement, en 2022, tout est réuni pour que les spectateurs puissent revenir «à la maison», et ce dès samedi soir et un spectacle consacré à Boris Vian (voir ci-dessous).

«Nous sommes très heureuses de pouvoir accueillir de nouveau notre public à La Tournelle», se réjouit Isabelle Renaut. La directrice du théâtre urbigène a concocté, avec son adjointe Laetitia Otz, un programme 2022 qui promet beaucoup. Il s’agit d’ailleurs du premier qu’elle a pu élaborer à 100%, puisque les programmations précédentes étaient également composées de spectacles reportés des saisons précédentes, Covid oblige. Isabelle Renaut a donc fait jouer ses nombreuses relations dans le milieu et déniché quelques perles, avec deux grands noms de l’humour romand: Patrick Lapp et Claude-Inga Barbey. N’a-t-elle pas hésité à appeler cette dernière, après la polémique née de ses derniers sketches vidéo? «A aucun moment! J’apprécie énormément cette artiste et je trouve injuste ce qu’elle a vécu ces dernières semaines. Je me réjouis de l’accueillir sur la scène de La Tournelle», réagit la directrice, pas du genre à se laisser intimider. Les négociations ont été aisées, comme pour Patrick Lapp, malgré leur statut, ce qui ravit Isabelle Renaut, heureuse de pouvoir proposer deux comédiens aussi renommés au public urbigène.

Autre moment fort de cette programmation printanière, la prestation nommée Au café du Thétâtret, interprétée par la troupe résidant à l’année à La Tournelle. «Ce qu’ils ont fait est très original, un mélange entre film et scène. Ces deux mondes se complètent dans une immersion vraiment sympa», explique la directrice, impatiente de découvrir le concept en «live».
Les plus petits ont aussi droit à leur spectacle, comme à l’habitude, avec Mam’zelle Chapeau, avec un tarif spécial, le 9 mars. «Les enfants d’un an peuvent tout à fait venir, ils apprécient beaucoup en général», précise Isabelle Renaut.

A noter que La Tournelle a uniformisé les tarifs cette année: 20 francs en tarif unique, 25 francs en tarif de soutien, 10 francs moins de 16 ans et Carte Culture. Pass Culture 8 francs.

 

Le programme de la tournelle 2022

 

Du Vian dans les oreilles: 22 janvier, 20h.

Au Café du Thétâtret, troupe amatrice adulte: du 3 au 13 février (avant-première le 2).

No en mi nombre: 5 mars, 20h.

Mam’zelle Chapeau: 9 mars, 16h.

Ciné-club 4 à 7: 13 mars, 18h.

Rose, concert théâtral de Luca Leone: 19 mars.

Festival du Film vert: 20 mars.

La contrebasse, de Patrick Lapp: 27 mars.

Manuela, de Claude-Inga Barbey: 1er mai, 17h.

Iceberg: 12 mai, dans le cadre de la Fête de la Danse.

CaravaNature: 22 mai.

SHOW’bertiade des z’ENFANTS: du 25 au 26 juin.

 

«Boris Vian était un personnage visionnaire et extrêmement intelligent»

 

Fabienne Barras, vous êtes comédienne et fondatrice de la Compagnie des Citrons Sonnés. Parlez-nous du spectacle Du Vian dans les oreilles, que vous avez créé…

C’est un spectacle essentiellement musical, une espèce de tour de chant avec quelques chansons de l’écrivain et chanteur Boris Vian qui sont relativement originales selon les thématiques abordées ou les formes musicales. Le tout est lié par un fil rouge qui retrace la vie de l’auteur par des éléments biographiques, des poèmes et des écrits, mais aussi des choses plus originales, des anecdotes. Comme par exemple une scène recréée à notre manière du Paniocktail, un piano qui fait des cocktails. On a adapté librement cette scène retrouvée dans L’Ecume des jours, œuvre littéraire de Boris Vian. C’est assez fantasque! C’est en lien avec sa vie, mais pas trop didactique non plus. On s’est inspirés librement de comment aurait pu être ce personnage.

Mais par la musique… Pourtant vous êtes plutôt des comédiens ?

En effet, on est deux comédiens à la base, mais on aime bien chanter. La matière de Boris Vian est intéressante et variée, les chansons racontent des histoires, elles sont prétextes à jeu pour nous comédiens. Comme lorsqu’on appelle Boris Vian avec un appareil qu’on a inventé, l’au-delà phone, et c’est la vraie voix de Boris Vian qui nous répond.

Pourquoi Boris Vian en particulier ?

J’ai fait un premier spectacle en 2019 avec ma compagnie sur la naissance du swing dans les années 30 avec le mouvement zazou. C’est une époque que j’aime beaucoup, j’aime le jazz et le swing. Boris Vian n’était pas tout à fait un zazou, mais traînait avec ces gens-là, c’était un précurseur qui a amené de grands noms du jazz en France. C’était un personnage visionnaire et extrêmement intelligent, voire hyperactif puisqu’il était ingénieur, écrivain, poète et traducteur, entre autres. Il était un peu partout, donc la matière est très riche et les chansons sont prétextes à jeu, c’est très imagé et fantaisiste.

Boris Vian est mort en 1959, donc peu connu du jeune public. Qu’est-ce que votre pièce peut apprendre aux spectateurs ?

On donne les éléments biographiques, mais c’est surtout l’essence même de ce personnage que l’on découvre. Il est mort très jeune et il a fait une somme incroyable de choses, c’était un amoureux de la vie, très subtil, avec beaucoup d’émerveillement. Boris Vian était quand même quelqu’un d’engagé pour l’époque, un anticonformiste. Sa curiosité le poussait à aller au-delà et on transmet cette envie de découverte, aussi pour que les gens ressortent du spectacle en se disant: «Tiens, Boris Vian c’est super, on va aller s’informer davantage sur le personnage.» Dans cette période compliquée que l’on vit actuellement, on amène par le spectacle un moment de légèreté, de bonheur.

La tournée a déjà commencé et se terminera samedi à La Tournelle à Orbe. Comment le spectacle est-il reçu par le public ?

Il est bien reçu et touche différentes facettes de ce que peuvent ressentir les gens avec ce mariage de chansons fantaisistes, drôles et d’autres beaucoup plus touchantes et intimes. Le public sort avec un sentiment de fraîcheur, de plaisir et d’émotion. C’est un spectacle où même si l’on n’a pas la pêche en arrivant, on ressort avec la patate! Ça touche et ça donne envie, surtout par les temps qui courent et aussi par la vie en général.

Rédaction