Grandson – A l’occasion des Journées européennes du patrimoine, Ursula von Siebenthal a ouvert les portes de sa demeure située au bord du lac, durant le week-end.
Un grincement strident a retenti, samedi, à l’observatoire astronomique de la villa Fleur d’eau, à Grandson. Sous l’effort manuel de Peter Tanner, le mouvement rotatif de la crémaillère s’est mis en branle. «La poulie est de plus en plus difficile à tourner. Mais l’autre jour, on a quand même pu admirer les étoiles avec un copain, c’était magique!», a confié l’ami de la propriétaire des lieux qui, en parallèle, accueillait les visiteurs à l’entrée pour les Journées européennes du patrimoine.
«Depuis le bourg, on s’est toujours dit que cet observatoire avait quelque chose d’intrigant», a relevé le Grandsonnois Philippe Zürcher. «On a profité des portes ouvertes pour visiter les lieux, a renchéri Daniel Meister, un autre habitant de la Cité d’Othon. Toutefois, c’est dommage que le télescope ait disparu.» Quant au Lausannois Yann Amstutz, il a réalisé un rêve en parcourant la demeure: «A chaque fois que je passe en train, je regarde cette maison privée et je me demande comment la coupole a été conçue.»
Une part de mystère
Construite en 1886 par la famille Vautier, qui possédait la manufacture de tabac de Grandson, la villa Fleur d’eau offre une vue imprenable sur le lac et les Alpes. «Jusqu’à présent, nous n’avons pas pu établir l’identité de l’architecte, a expliqué Anne-Gaëlle Neipp, historienne de l’art, mandatée pour la visite guidée. Cependant, l’architecture du bâtiment est unique en son genre dans la région, puisqu’il n’existe pas d’autres villas avec une coupole pour observer les étoiles.» Selon la guide, les recherches n’ont pour l’heure pas permis de préciser qui était le maître d’ouvrage. «On suppose qu’il s’agit de Jules Vautier, mais son fils, Auguste, aurait également pu édifier cette demeure, car son beau-père était passionné d’astronomie.»
A l’entrée, la marquise en verre, soutenue par une ferronnerie aux volutes végétales, a de quoi en impressionner plus d’un. Le carrelage en mosaïque pourrait par ailleurs être attribué à Mathieu Pedroli, de La Tour-de-Peilz, qui a décoré plusieurs parterres similaires qu’on retrouve notamment au Musée Jenisch, à Vevey, ou au Palais de Rumine, à Lausanne.
En 2003, Ursula von Siebenthal rachète la demeure. «J’ai eu un vrai coup de cœur, confie la propriétaire d’origine bernoise. Au fil des années, j’ai réaménagé le jardin, enlevé les moquettes et les tapisseries bleues défraîchies, et j’ai appliqué une couche de peinture blanche neutre.» Enfin, les efforts de la maîtresse de maison sont quotidiens pour maintenir le charme de ce petit bijou, qui jouxte le lac de Neuchâtel.