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La vraie fausse caméra des déchets

9 mars 2011

Alors que l’indiscipline de certains usagers des «mini-déchetteries» agace à Orbe, des margoulins ont fait savoir leur ras-le-bol en installant discrètement une vidéo-surveillance factice au point de collecte de l’Hôpital.

 

Le boîtier contenant une caméra factice.

Le boîtier contenant une caméra factice.

La gestion et le tri des déchets n’est pas toujours simple à faire appliquer. Encore plus quand les déchets sont abandonnés à côté des bennes. A Orbe, on en a marre, et Jacques-André Mayor, le municipal de la voirie, a décidé d’organiser une conférence de presse, lundi dernier, pour tenter de sensibiliser les utilisateurs des mini-déchetteries de la Cité aux deux poissons. «On est là pour exprimer un certain ras-le-bol et même un sentiment d’impuissance», débutait-il.

 

Mais à cet instant, il ne savait pas que depuis un peu plus d’une semaine, au point de collecte de l’Hôpital, une caméra avait été installée. Par la voirie elle-même, si l’on en croit le placard, et sans qu’on ne lui en pipe mot!

«Si mon ego a été touché, il faut relativiser, se contient le municipal. On ne va pas non plus en faire des montagnes, il y a des choses plus importantes ailleurs.» La caméra, vraisemblablement fausse, sera retirée. «Les gens n’étaient pas filmés», rassure Jacques-André Mayor.

Reste que ce geste traduit bien le sentiment qui prédomine à la voirie d’Orbe, où les employés en on véritablement marre de devoir ramasser toutes sortes d’ordures, laissées là, en vrac et à même le sol, principalement parce que des gens ont la flemme de plier leurs cartons pour les faire passer dans la benne, ou alors de descendre déposer les sacs taxés à la déchetterie ouverte quotidiennement. «Une situation consternante», regrette l’élu urbigène, soutenu dans ses doléances par Frank Winkler, responsable de la déchetterie, en première ligne lorsqu’il s’agit de faire le sale boulot.

Pour éviter d’en arriver à des situations à la «sauce napolitaine», la voirie passe trois fois par semaine vers chacun des cinq points de collecte pour y mettre de l’ordre. «On n’arrive par contre pas à identifier le profil type des contrevenants, explique Jacques-André Mayor. Ce sont tant des habitants de la localité que des gens de l’extérieur.» Les auteurs, quand ils peuvent être identifiés, sont dénoncés et amendés. Une amende de 120 francs la première fois, qui devrait en faire réfléchir plus d’un. Chaque mois, une dizaine de contrevenants sont ainsi «démasqués».

Quelles solutions?

Que faire pour remettre un peu d’ordre sur ces points de collecte? «Je suis perplexe quant aux solutions, admet le municipal. La pire, serait de les fermer, car cela pénaliserait les gens qui jouent le jeu. D’ailleurs, ceux qui utilisent les bennes respectent bien les consignes de tri et on retrouve relativement peu d’erreurs. Ce sont les dépôts sauvages qui sont problématiques.» Jacques-André Mayor préfère tabler sur une démarche citoyenne des gens, ainsi que sur la communication. «Tout le monde doit se sentir concerné, même si la dénonciation ne fait pas vraiment partie des moeurs.» Une trace d’humanité vaut toujours mieux que des monticules de déchets.

Pas pour l’enchanter

«Avoir recours à la vidéo-surveillance aux points de collecte? Une solution problématique et qui ne m’enchanterait pas, répond Jacques-André Mayor. En plus, il faudrait des infrastructures et des équipements qui me paraissent lourds pour ce type de problématique. Mais, dans le pire des cas, je ne peux pas l’exclure!»

Il est d’ailleurs probable qu’avec la pose de la fausse caméra, l’idée va faire parler d’elle. Mais cette surveillance factice a-t-elle eu de l’effet durant ces quelques jours?

Manuel Gremion