Voile – Le Cercle de la voile de Grandson a organisé le Championnat suisse Open des Lacustre, entre vendredi et dimanche dernier, qui a couronné l’équipage allemand de Veit Hemmeter. La grande classe !
Dessiné en 1938 pour le Bol d’Or du Léman par l’architecte naval Henri Copponex, le Lacustre est la seule série nationale. Bateau élancé, reconnaissable grâce à sa voûte, ce fuseau a animé le plan d’eau au large de Grandson durant trois jours. Venus du Léman, mais aussi des lacs de Zurich et de Constance, les 36 équipages ont mis une sacrée ambiance. Nombreux sont les plaisanciers venus sur l’eau les admirer.
Sept courses ont été disputées, dont quatre vendredi, alors qu’un vent, peu coutumier pour notre région (plein sud, bien établi et régulier de force 3-4), soufflait sur le petit lac. Plusieurs starts ont été donnés sous le sévère pavillon noir (tout départ anticipé est éliminatoire), afin de calmer l’ardeur des participants.
C’est l’équipage allemand de Veit Hemmeter, sur Feuervogel, qui a remporté ce championnat, un point devant le team autrichien de Markus Bilgeri. La médaille de bronze est revenue à l’équipe de Martin Zohl, de Zurich. Lors de la remise des prix, ce dernier a rendu hommage à son père, qui avait remporté l’épreuve il y a trente ans.
Si la majorité des Lacustre s’en retourneront rapidement à leur port d’attache, une dizaine d’entre eux vont partir en croisière, durant la semaine, sur le lac de Neuchâtel. Juste pour le plaisir.
Radio Ponton : la parole aux acteurs qui ont fait de l’événement une belle réussite
Françoise Copponex, fille d’Henri, l’architecte naval qui a dessiné le Lacustre.
«Mon père était un précurseur, un novateur en matière d’architecture navale, un visionnaire. Il était pointilleux et avait le goût du travail bien fait. Mais c’était aussi quelqu’un de simple et discret qui, toute sa vie, a jonglé entre son métier de professeur et sa passion : la voile. Il n’a jamais eu de bateau à lui, mais naviguait sur ceux qu’il concevait. Si je promettais de ne pas parler, il m’emmenait avec lui. Je me faisais tout petite, c’était merveilleux !
Je suis très, très émue et fière de voir ce championnat qui réunit 36 voiliers construits sur les plans de mon père, il y a 79 ans. Je suis aussi touchée par le respect et le soin que les propriétaires apportent à leur embarcation. C’est le plus bel hommage qu’ils puissent rendre à mon père.»
Philippe Durr, barreur de Requin-Tigre, classé 4e et premier Romand.
Venu du Léman, Philippe Durr, qui totalise huit titres mondiaux et cinq victoires au Bol d’Or du Léman, était heureux de revenir à ses premières amours. «En tant que constructeur naval, j’ai vécu toute l’évolution des matériaux. Si, dans quelques années, je pense que les voiliers ne toucheront plus l’eau et seront propulsés par un cerf-volant, je reste fidèle aux vieilles et belles unités. J’aime le bois et particulièrement le Lacustre, avec la pureté de ses lignes. C’est un plaisir de voir ces bateaux restaurés, bichonnés avec passion par leurs propriétaires, naviguer en nombre. J’ai toujours aimé venir régater à Grandson, le cadre est magnifique et l’organisation impeccable. Ce championnat est un grand moment pour les amateurs de beaux bateaux.» ■
Jean-Marc Monnard, un titre mondial en 6 JI, ainsi que deux en 8 JI, et Nicolas Berthoud, cinq titres mondiaux en 6 JI.
Les deux constructeurs de voiles lémaniques, embarqués sur Civetta d’Ivan Pictet, regrettaient d’arriver dans ce championnat avec peu de préparation, ce qui les a mis en difficulté à plusieurs reprises. «L’esthétique du Lacustre est magnifique. De plus, c’est un bateau sec et confortable, et je sais de quoi je parle en venant du Laser et du 470», commentait Jean-Marc Monnard.
Nicolas Berthoud complétait les paroles de son compère : «En Romandie, on développe la technologie au détriment des séries. C’est tout le contraire chez les Alémaniques, qui ont davantage l’esprit compétitif en monotype. Les détails de finitions font de chaque Lacustre un bateau d’exception.» ■