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L’Académie de Savatan renoue avec la normalité

23 octobre 2021

Désormais unifiée au niveau national, la nouvelle formation de police entre dans le concret.

Après pratiquement deux années de «confinement» – aucune cérémonie publique n’a été organisée durant cette période –, l’Académie de police de Savatan a renoué en fin de semaine dernière avec la normalité.

L’événement était d’autant plus marquant qu’il s’agissait de la remise des diplômes de réussite, consacrant la première année d’une formation, désormais fédérale, de policier. Au terme de cette première étape, les aspirants vont rejoindre leur corps respectif pour s’immerger totalement dans la pratique de leur métier. Après ce délai, et de nouvelles épreuves, ils pourront obtenir le Brevet suisse de policier. Cette école a réuni pas moins de 148 aspirants, femmes et hommes, provenant des Polices cantonales genevoise, valaisanne, et vaudoise, des Polices municipales vaudoises et valaisannes, de la Police des transports et de la Police ferroviaire.

Président du comité directeur de l’Académie, le conseiller d’Etat genevois Mauro Poggia, en charge de la sécurité, a rappelé les conditions difficiles dans lesquelles les aspirants ont débuté leur formation: «Certains d’entre vous ont été engagés dans des missions sans formation spécifique. Puis à l’automne 2020, vous avez été impliqués dans l’enseignement à distance. Un vrai défi pour vous et vos enseignants. La cohésion en a souffert et le contact entre collègues vous a manqué. Mais vous avez réussi.»

Malgré ces difficultés, le président constate que les obstacles ont été surmontés. D’ailleurs, l’enseignement a distance, en termes de qualité, a été validé par le 94% des aspirants.
Dans le cadre de leur formation, les aspirants ont participé à un exercice grandeur nature dans les locaux de l’ancien hôpital d’Aigle, et ils ont pris part au dispositif de sécurité déployé durant le sommet américano-russe de Genève. Ils disposent désormais d’un socle solide, qu’ils renforceront dans le cadre de l’expérience opérationnelle ces prochains mois.

Directeur de l’Académie, le colonel Alain Bergonzoli a relevé que cette première année de formation réussie est fondamentale. Elle inaugure le fameux Concept global de formation 2020, qui sera sanctionné par le nouveau Brevet fédéral. S’adressant aux cadres et aux enseignants, le directeur a déclaré: «Le succès de nos aspirants est aussi votre réussite.»

Et le directeur de transmettre le témoin au capitaine Pierre-Antoine Walker, directeur des examens, pour la remise des diplômes par les conseillers d’Etat Béatrice Métraux (Vaud), Emmanuel Favre (Valais), Mauro Poggia (Genève), le président du Grand conseil valaisan Manfred Schmid, et Jean-Marc Chevallaz, de Pully, président du Comité directeur des Polices municipales vaudoises pour la législature 2021-2026.

 

«Cela a été une opportunité malgré la tragédie»

 

Former des policiers en période de pandémie a constitué un véritable défi. Le semi-confinement décrété en mars 2020 a nécessité des mesures urgentes. Pas question, à l’époque, de réunir des dizaines de personnes dans des classes ou à la grande salle de Savatan. Les aspirants ont été renvoyés dans leur corps respectif, où ils ont été occupés à toutes sortes de tâches. «Certains ont même été renvoyés à la maison», explique le colonel Alain Bergonzoli.

«De notre côté, il a fallu déconstruire le programme pédagogique qu’on ne pouvait plus appliquer en présentiel et en recréer un nouveau. Certains intervenants étaient déjà prêts pour un enseignement à distance. D’autres ont eu de la peine à s’adapter. Nous avons redéfini les règles», explique le directeur de l’Académie.

Et si l’enseignement a débuté avec cinq mois de retard, au final le défi a été relevé. «Même si cela a été compliqué», admet le directeur. Et d’ajouter: «La volonté d’atteindre les objectifs était là.»

Résolument tourné vers l’avenir, le colonel Bergonzoli ajoute: «Cela a été une opportunité malgré la tragédie. Nous avons pu capitaliser et sommes désormais prêts, en cas de crise, pour dispenser l’enseignement à distance. En l’espace de 24 heures, nous pouvons désormais basculer sur celui-ci.»

 

Isidore Raposo