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«L’affaire XR» met les militants locaux mal à l’aise

22 novembre 2019 | Edition N°2630

Nord Vaudois - Le cofondateur d’Extinction Rébellion, Roger Hallam, est au cœur d’une polémique. Il a tenu un discours accusé de minimiser l’Holocauste. Des régionaux réagissent.

C’est un des mouvements qui a le plus fait parler de lui les dernières semaines. Blocages de ponts à Lausanne et plus récemment de l’aéroport de Genève, mais aussi atelier découverte cet été au sein du festival yverdonnois AlternatYv: Extinction Rébellion (XR) est partout. Et si les différentes actions ont perturbé l’ordre public, force est de constater que l’image globale du mouvement demeure plutôt positive. Les manifestations se font dans le respect des policiers qui viennent déloger les activistes et, en France, certains ont carrément nettoyé eux-mêmes des tags injurieux envers les forces de l’ordre.

Pourtant, le groupe prônant la désobéissance civile non-violente doit faire face depuis quelques jours à l’une des plus grandes polémique de son histoire. Et le problème ne vient ni d’un blocage, ni d’un affrontement avec la police.

Ce sont les propos d’un des cofondateurs du mouvement, le Britannique Roger Hallam, qui défrayent la chronique. Dans une interview au journal «Die Zeit», l’écologiste est accusé d’avoir minimisé l’importance de l’Holocauste en affirmant que le génocide de millions de juifs orchestré par l’Allemagne nazie n’était «qu’une simple connerie de plus dans l’histoire humaine». Les réactions ne se sont pas fait attendre et la section germanique de XR s’est distanciée des propos de Roger Hallam, tout en déclarant qu’il n’était plus le bienvenu en Allemagne.

Dans le Nord vaudois, les déclarations du cofondateur de XR étonnent. Mathias Ortega, coorganisateur du festival AlternatYv ne reconnaît pas les activistes qu’il a côtoyés dans ces propos. «Ce genre de discours ne représente pas du tout les personnes qui sont venues présenter leur action au sein de notre festival», estime-t-il. Philippe, un membre du mouvement habitant dans la région, tient à rappeler les valeurs de XR. «Je ne souhaite pas commenter les propos de Roger Hallam, car je ne connais pas le contexte dans lequel ils ont été énoncés, prévient d’entrée le militant. Mais ce qui est certain, c’est que le racisme ou l’antisémitisme ne sont pas tolérés au sein du mouvement.»

Quels impacts?

Mais quels seront les impacts de cette polémique sur le groupe? «La préoccupation des jeunes pour le climat est respectable, annonce la députée PLR Pierrette Roulet-Grin. Mais empêcher les gens de se déplacer n’est pas la bonne façon de faire avancer la situation au niveau politique. Et ce genre de propos, tenus par un des cofondateurs du mouvement, contribue selon moi à décrédibiliser Extinction Rébellion.»

Une réaction attendue par le membre de XR: «Certains vont sauter sur l’occasion pour discréditer notre groupe, explique Philippe. Mais c’est mal nous connaître. Roger Hallam ayant cofondé XR, il est vrai qu’il est en quelque sorte le visage du mouvement. Mais ses déclarations n’engagent que lui et pas XR dans sa globalité. Il n’empêche, c’est désormais à nous de communiquer clairement lors de nos prochaines actions quelles sont nos valeurs.»

De son côté, XR Lausanne, qui chapeaute la communication du mouvement dans la région, s’en tient pour l’instant à une ligne très formelle: «Nous souhaitons prendre le temps que nous jugeons nécessaire pour nous exprimer ou pas sur ce sujet.»

Massimo Greco