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L’agriculture contractuelle: une arme contre le gaspillage
Bavois, 1er juillet 2019. Christian Bovigny. © Michel Duperrex

L’agriculture contractuelle: une arme contre le gaspillage

4 juillet 2019 | Edition N°2532

Yverdon-les-Bains – L’association Terre Ferme fêtera ses dix ans dimanche à La Dérivée. Quatre membres témoignent de la passion qu’ils cultivent au quotidien en travaillant les produits de la terre.

«L’agriculture contractuelle est très intéressante, car elle permet de planifier sa production: on sait à l’avance ce qu’on devra produire et pour qui. On sait également que tout sera vendu et cela apporte une certaine sécurité.» Christian Bovigny, 51 ans, est bien placé pour en parler car, depuis quatre ans, il préside l’association nord-vaudoise Terre Ferme qui réunit une dizaine de producteurs nord-vaudois (lire portraits dans notre version papier). Le concept de ce groupement, qui fêtera ses dix ans dimanche à Yverdon-les-Bains (lire encadré dans notre version papier), se base sur un principe: la réciprocité. «Les consommateurs s’engagent à prendre nos produits de proximité et nous, les producteurs régionaux, nous nous engageons à les cultiver et à les leur livrer», explique l’agriculteur bavoisan.

Si aujourd’hui Christian Bovigny est fier de participer à cette démarche, enfant, il ne se voyait pourtant pas labourer les champs. Ce passionné de danse a grandi dans une famille de paysans, mais c’est son frère qui a repris la ferme de ses parents dans le canton de Fribourg, il y a quelques années. «Moi, j’ai préféré faire une école d’ingénieurs. J’avais envie d’en faire mon métier, je n’étais donc pas intéressé à reprendre l’exploitation familiale», révèle-t-il. Au bout de quelque temps, la terre l’a rappelé: «J’en avais marre d’être à l’intérieur, coincé dans des bureaux. Je voulais retourner dans la nature.» L’homme a donc pris un virage à 180 degrés et s’est installé, en 2011, à Pompaples, où des agriculteurs lui mettaient à disposition du terrain. C’est ainsi que Christian Bovigny a commencé à livrer des paniers garnis avec ses produits dans la région des 3 Vallons, soit entre Vallorbe, Romainmôtier, La Sarraz, Cossonay, Gollion, Daillens, Orbe et environs. Un an après ce retour aux sources, il a démarré sa collaboration avec Terre Ferme.

Désirant posséder son propre domaine, Christian Bovigny a ensuite déménagé à Bavois, à la ferme du Moulin. Il a ainsi pu reprendre, il y a deux ans et demi, l’exploitation d’un collègue. «Son petit terrain», comme il le décrit, s’étend sur deux hectares et demi. Et désormais, il est l’un des principaux fournisseurs de légumes de Terre Ferme.

De l’exception à la norme

L’association qui fête ses dix printemps cette année a vu le jour le 13 janvier 2009, sous l’impulsion de Marie Kolb, déléguée à l’Agenda 21 de la Ville d’Yverdon-les-Bains, de Nicolas Bezençon du syndicat Uniterre, ainsi que de divers consommateurs et producteurs intéressés.

À ses débuts, seuls quelques membres cultivaient des produits biologiques, comme l’explique Frank Siffert, cofondateur de Terre Ferme: «Sur dix producteurs, il y en avait peut-être trois, seulement, qui faisaient du bio. Au fil des années, les agriculteurs conventionnels ont arrêté et des paysans bio les ont remplacés.» Trente ans après, tous se sont tournés vers les produits bio, sauf un, a indiqué le producteur de Bonvillars.

L’association propose actuellement deux offres à ses 80 clients réguliers: «Il y a d’abord les paniers (légumes, pain, œufs), qui sont livrés toutes les semaines. Ensuite, à côté, les consommateurs peuvent réaliser des commandes, tous les quinze jours, comme pour les fruits, les sirops, la farine, etc. C’est ce qu’on appelle le marché», indique Christian Bovigny.

Enfin, la livraison s’effectue tous les jeudis après-midi, à différents endroits. Ainsi, quatre points de ravitaillement sont installés à Yverdon-les-Bains, un à Sainte-Croix, un à Grandson et un à Yvonand.

(Lire l’ensemble du papier dans notre version en ligne.)

Kathleen Brosy