Logo
bliblablo
L’aide alimentaire bat des records à Yverdon
Chez Caritas, les produits sont en moyenne 30 à 50% moins chers qu’ailleurs, certains pouvant aller jusqu’à -70%.

L’aide alimentaire bat des records à Yverdon

16 janvier 2025 | Textes: Lena Vulliamy | Photos: Michel Duperrex
Edition N°3871

Les Épiceries Caritas enregistrent 2000 ventes de plus que l’année précédente. Un triste record particulièrement observé à Yverdon-les-Bains, avec 28% de plus que l’année précédente.

«La vie est trop chère, alors on fait comme on peut», témoigne une cliente de l’ Épicerie Caritas à Yverdon-les-Bains. Une fois par semaine, au bénéfice d’une carte délivrée par l’Office vaudois de l’assurance maladie (OVAM), cette retraitée vient acheter quelques produits moins chers qu’en grande surface.

La situation financière difficile de cette cliente n’est de loin pas un cas isolé: une augmentation de la demande d’aide alimentaire s’observe partout en Suisse. En 2024, les 23 Épiceries Caritas du pays ont enregistré plus de 1,1 million de passages en caisse, un chiffre jamais atteint auparavant. Le renchérissement en est la principale raison: «Beaucoup de gens ont de la peine à joindre les deux bouts et l’alimentation est une variable importante d’ajustement de budget», analyse Marc Huguenot, chef du secteur aide directe pour Caritas Vaud. Derrière Rapperswil, l’épicerie d’Yverdon est celle qui a connu la plus grosse explosion de ses ventes, avec 28% de vente en plus en 2024 par rapport à 2023. Et les vendeurs le ressentent drastiquement. Trois personnes font la file et deux autres parcourent les rayons ce mercredi après-midi. «Mais c’est un moment calme, il y a un pic d’affluence entre 16 et 17h», explique Sylvie, la vendeuse. En fin d’année passée, il a même fallu ajouter une caisse pour pallier le temps d’attente.

On notera toutefois que l’épicerie yverdonnoise a déménagé fin 2022 de la rue des Philosophes à celle de l’Orbe, la rendant plus accessible et visible. «Mais ce déménagement n’explique pas tout, estime Marc Huguenot. Cela montre tout de même qu’il y a un vrai besoin à Yverdon-les-Bains.» L’épicerie est d’ailleurs aidée par la Ville, comme les autres associations. La Centrale alimentaire du Nord vaudois (CA-NOV) fournit notamment les Tisserands du monde qui distribuent de la nourriture aux personnes migrantes chaque jeudi après-midi, ou les Paniers du cœur, qui fournissent des cartons de manière ponctuelle aux personnes dans le besoin dans le Nord vaudois.

Changement de mœurs

Malgré cela, la Cité thermale serait plus pauvre que la moyenne en termes de prestation d’aide alimentaire, ce qui expliquerait en partie l’explosion des ventes chez Caritas. «Depuis le Covid, on observe une très forte fréquentation de nos épiceries. Avant, les gens se gênaient, mais il y a aujourd’hui tellement de personnes en situation de précarité que le fait de demander de l’aide est entré dans les mœurs», explique Marc Huguenot.

Les produits alimentaires de base tels que le lait, la farine, les pâtes ou l’huile d’olive coûtent particulièrement cher. Avec les fruits et légumes, ils ont représenté la moitié des ventes. Caritas a réduit le prix de ces produits dans ses épiceries, ce qui a eu un impact sur le chiffre d’affaires, plus bas que l’année précédente. Prenant une moindre marge auprès de leurs fournisseurs, les épiceries sont chaque année déficitaires et comblent les trous grâce aux dons privés et à la contribution du grand public.


30% de Vaudois concernés

Les personnes au budget serré peuvent faire leurs courses dans les Épiceries Caritas. En Suisse, selon l’Office fédéral de la statistique, plus d’une personne sur six n’a pas assez d’argent pour vivre. Les Épiceries Caritas leur offrent la possibilité d’acheter des denrées alimentaires et des produits d’usage courant jusqu’à 70% moins chers. Ceci est possible grâce au soutien de plus de 400 partenaires comme des producteurs, des fournisseurs ou des fondations. Une carte de légitimation est nécessaire pour faire ses emplettes dans les Épiceries Caritas. Elle est délivrée par les services sociaux, les institutions sociales ecclésiastiques et privées. Sont autorisées à faire des achats, entre autres, les personnes qui bénéficient de l’aide sociale ou de prestations complémentaires ou qui sont titulaires d’une CarteCulture. Dans le canton de Vaud, environ 30% de la population touche des subsides à l’assurance maladie et est ainsi en droit d’obtenir une carte.