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L’Amalgame prend des couleurs

18 novembre 2015

Yverdon-les-Bains – L’édifice dominant l’emblématique salle de concert de l’Amalgame fait peau neuve. Un collectif d’artistes kirghizes lui donne un nouveau visage.

Encore au stade d’esquisse, la tour de l’Amalgame prendra, d’ici quelques jours, un nouveau visage. © Simon Gabioud

Encore au stade d’esquisse, la tour de l’Amalgame prendra, d’ici quelques jours, un nouveau visage.

Un portrait d’une femme asiatique, rêveuse, jouant de la flûte, sur fond de motifs kirghizes. Des poissons virevoltent et se mêlent à la danse dans un arc-en-ciel de couleurs. Dans quelques jours, voici à quoi devrait ressembler le silo jouxtant la salle de concert de l’Amalgame, à Yverdon-les-Bains. Les auteurs de cette oeuvre murale monumentale? Dimitri Petrouski et Sergei Keller, respectivement âgés de 29 et 32 ans, plus connus sous le collectif de street art «Doxa». Venant tout droit du Kirghizistan, ils sont de véritables stars de la discipline dans leur pays.

Le Centre d’art contemporain d’Yverdon-les-Bains (CACY), en collaboration avec la ville, est à l’origine de cette oeuvre artistique. «A travers ce projet, nous souhaitions utiliser l’art urbain comme vecteur de dialogue entre la Suisse et le Kirghizistan, un pays peu connu d’Asie centrale, souligne Karine Tissot, directrice du CACY. Nous leur avons donné carte blanche. Grâce à un travail de conceptualisation à distance, notamment via des photos du lieu, ils ont su utiliser la façade du silo laissé à l’abandon comme vaste toile vierge».

Un travail à grande échelle, mais néanmoins minutieux. © Simon Gabioud

Un travail à grande échelle, mais néanmoins minutieux.

Dans une optique de partage et d’accessibilité au plus grand nombre, l’art est extrait des galeries pour métamorphoser un espace culte de la scène musicale. Que ce soit à travers l’impact visuel haut en couleur ou un questionnement d’ordre conceptuel, les artistes ont su donner un second souffle à un lieu devenu désuet. «Bachnia», traduit du russe par «tour», tel est le nom choisi pour cette oeuvre à forte consonance kirghize.

«L’art pour tous»

Dimitri Petrouski, Karine Tissot et Sergei Keller: les trois protagonistes. © Simon Gabioud

Dimitri Petrouski, Karine Tissot et Sergei Keller: les trois protagonistes.

«Le choix de l’art urbain est une manière pour nous de présenter notre travail au plus grand nombre, précise Sergei Keller. L’art de la rue est pour tous et doit donc être vu de tous!» Par conséquent, présenter cette oeuvre dans les murs du CACY n’avait que peu d’intérêt. C’est donc tout naturellement que le choix s’est porté sur les façades de l’Amalgame, haut lieu de la scène musicale yverdonnoise.

«Comparée au Kirghizistan, à la Russie ou à la Turquie, la ville d’Yverdon-les-Bains nous offre de loin les meilleures conditions de travail, s’exclament en coeur les deux artistes. En Suisse, nous avons découvert des nouveaux outils pour les graffitis. Du matériel que nous avons mis à profit pour la réalisation de cette oeuvre. Il y a deux semaines, à notre arrivée, la découverte de la Suisse a été un véritable choc culturel, notamment le paysage urbain.»

A noter que cette oeuvre monumentale s’inscrit dans le cadre d’une exposition au Centre d’Art Contemporain d’Yverdon-les-Bains, intitulée «Pas de deux-KG.CH.» Une invitation à la découverte du Kirghizistan, un pays méconnu, pourtant souvent décrit comme la «Suisse de l’Asie centrale».

Simon Gabioud