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L’âme du HCY tire sa révérence

10 décembre 2015

Hockey – 2e ligue – Une page se tourne. Après vingt ans de bons et loyaux services au sein du HC Yverdon, Julien Christinaz range ses patins.

Julien Christinaz, entouré par différents maillots portés au cours des vingt années passées au HCY. Aujourd’hui, la boucle est bouclée. © Simon Gabioud

Julien Christinaz, entouré par différents maillots portés au cours des vingt années passées au HCY. Aujourd’hui, la boucle est bouclée.

Il est un peu plus de 22h, au Locle, mercredi de la semaine passée. Le HC Yverdon s’incline sur le score de 3-2. Si la défaite est frustrante, Julien Christinaz a la tête ailleurs, sans doute déjà tournée vers l’avenir. Après deux décennies à patiner sous les couleurs du club de la Cité thermale, il range ses patins. L’ailier de 36 ans vient de jouer son dernier match de hockey.

Il y a trente ans, Julien Christinaz chaussait pour la première fois des patins, au sein de l’école de hockey de Gottéron. Il y jouera dix ans. «A l’adolescence, je n’étais pas très développé physiquement, du moins pas assez. Je n’entrais plus dans les plans du club», se souvient le Fribourgeois. En 1995, âgé de 15 ans, il fait alors le choix du HC Yverdon. C’est le début d’une belle histoire. Une histoire d’amour entre un joueur, à la fois discret et authentique, et un club pour lequel il a patiné pendant vingt ans, pour le meilleur et pour le pire. «J’ai apprécié le fait d’avoir été utile à l’équipe durant toutes ces années, autant dans le vestiaire que sur la glace. J’ai vu passer beaucoup de joueurs, présidents et entraîneurs. Ce sont vingt belles années de ma vie.»

S’entraîner, été comme hiver, et jouer, tous les weekends pendant vingt ans, ça n’use pas seulement les patins. Le corps, aussi, en pâtit. Il y a deux ans, en match de préparation à la vallée de Joux, il s’est gravement blessé à un genou. «Cela reste le pire souvenir de ma carrière. J’ai failli tout arrêter. J’ai quand même trouvé la force de continuer à jouer. En revanche, aujourd’hui, ce n’est plus possible. La douleur est trop forte et le plaisir n’y est plus. Même si j’aurais, évidemment, souhaité terminer la saison et boucler la boucle. Je sentais que je ne pouvais plus être aussi utile à l’équipe que je le souhaitais. Je préfère qu’un jeune, comme Julien Walther, reprenne ma place, avoue le n° 79. J’ai le sentiment d’avoir pu tourner la page, d’avoir fait le tour, d’être passé à autre chose.»

Vingt saisons de hockey, ce sont des centaines de matches disputés, et autant de souvenirs. «La promotion en 1re ligue, en 2003, reste le meilleur moment de ma carrière. Cette ascension (réd: le HCY n’est redescendu que cette année), était un travail d’équipe, une formidable épopée», se souvient, avec émotion, Julien Christinaz. Autre match, autre souvenir: «En 2005, j’ai sans doute marqué le goal le plus important. On jouait contre Martigny, à Yverdon. Blessé à l’épaule, je n’avais pas chaussé les patins depuis deux semaines. Sous antidouleur, j’ai insisté auprès de l’entraîneur afin d’être aligné pour cette rencontre primordiale. J’ai pu jouer, et j’ai marqué d’un tir en pleine lucarne . Cela reste un moment fort de ma carrière. Encore aujourd’hui, des supporters qui assistaient à la partie me reparlent de cet épisode.»

En tant que joueur d’expérience, le buteur au slap si distinctif et dévastateur considère que l’intégration et le contact avec les jeunes a toujours coïncidé avec son rôle de «papa», sur et en dehors de la glace. «Des joueurs de la première équipe actuelle sont venus me voir jouer quand ils étaient plus jeunes, sourit Julien Christinaz. Je leur ai même donné des cannes, à l’époque. C’était sympa de partager le vestiaire avec eux, dix ans après.»

S’il ne souhaite plus patiner en tant que joueur, le droitier ne tire pas pour autant un trait sur le monde du hockey yverdonnois. «Je vais continuer à entraîner les jeunes du club, dont mon fils Théo. Enseigner la pratique de ce sport aux enfants, c’est aussi une façon pour moi de rendre au HCY ce qu’il m’a apporté durant tout ce temps. J’y ressens, d’ailleurs, plus de plaisir que lorsque je jouais. Même si la décision est encore fraîche, je n’exclus pas, à terme, une place derrière la bande de la première équipe.» A l’heure de tirer sa révérence, c’est également avec une certaine émotion que ses pensées vont pour son entourage: «Je suis conscient que ces années consacrées au monde du hockey n’auraient pas été possibles sans le soutien indéfectible de ma femme et de mes enfants, lance Julien Christinaz. Si mon fils trouve autant de plaisir que j’ai eu à pratiquer le hockey, j’espère sincèrement que, comme moi, il bénéficiera d’une belle carrière au HCY, voire mieux.» Le nom de Christinaz n’a certainement pas fini de résonner dans les travées de la patinoire d’Yverdon.