Orbe – Pour la première fois, le musée Patrimoine au fil de l’eau se projette dans un futur pérenne. Il ambitionne de sortir de ses murs pour mettre en valeur les sites historiques locaux et de devenir un nouveau pôle touristique.
Imaginez-vous à l’âge de pierre, il y a 10 000 ans, et partez sur les traces des premiers Nord-Vaudois sédentaires, à Baulmes. Continuez à remonter le fil de l’histoire pour découvrir les vestiges de l’époque romaine et suivez les évolutions industrielles qui ont marqué la plaine de l’Orbe jusqu’à nos jours. Ce voyage dans le temps, le musée Patrimoine au fil de l’eau, situé au cœur de la Cité aux deux poissons, envisage de le proposer au public. Le chef de projet du site, Pierre-André Vuitel, souhaite en effet sortir de ses murs et présenter ce riche passé directement sur le terrain. «On peut raconter l’évolution de la civilisation, du mésolithique à nos jours, rien qu’en se baladant dans un rayon de neuf kilomètres autour d’Orbe», souligne-t-il.
Si le responsable ose imaginer un nouveau projet, c’est parce qu’il entrevoit désormais un avenir durable pour l’ancien moulin Rod, qui abrite Patrimoine au fil de l’eau (lire ci-contre). Les membres de l’association Développement 21, qui gère l’institution, ont donc commencé à réfléchir à des objectifs à long terme et à l’évolution de l’institution. «Et c’est là que ça a fait eurêka!», sourit Pierre-André Vuitel. Le Nord-Vaudois a imaginé transformer le musée en «un pôle patrimonial, touristique et culturel au service la région».
Une idée qui doit encore germer
Le projet n’en est qu’à ses balbutiements. Pour l’instant, le chef de projet a pensé à valoriser seize sites peu connus et tous situés à proximité d’Orbe. Parmi ceux-ci figurent dix lieux historiques: l’ancienne ville des Clées, le village clunisien de Romainmôtier, la carrière de Chanay, le château de La Sarraz, le canal d’Entreroches, l’abri sous roche de Baulmes, la vieille ville et les mosaïques d’Orbe, et bien sûr l’ancien moulin Rod. A cette liste s’ajoutent six endroits naturels qui ont permis à la région de se développer: le Suchet, les gorges du Nozon, d’Orbe et de la Venoge, ainsi que les anciennes tourbières des Sésines et du Creux de terre.
Pourtant, rien ne pourra se concrétiser tant que le propriétaire du bâtiment, qui loue l’espace au musée, ne renouvellera pas le bail. En attendant de savoir à quelle sauce il va être mangé, Pierre-André Vuitel a pris son bâton de pèlerin pour voir si son idée trouvait écho auprès des passionnés qui entretiennent les sites qu’il a retenus: «J’ai déjà discuté avec l’Amicale de la tour ronde de Baulmes, qui semblait ravie, confie-t-il. Je suis persuadé que seul, on ne peut rien faire, mais ensemble oui.»
Le directeur régional du tourisme, Pierre Droz, a également eu vent de cette initiative. «Le projet nous a été présenté il y a une semaine, nous sommes en train d’évaluer et d’étudier le dossier à l’interne, relève-t-il. En revanche, nous pouvons dire que la plupart des sites sont déjà intégrés dans le réseau touristique et que nous en faisons la promotion par différents biais. Toutefois, il ne faudrait pas créer un nouveau réseau touristique dans un réseau touristique régional existant.»
Convaincu par son projet, Pierre-André Vuitel reste persuadé qu’un futur reste à imaginer autour de ce patrimoine. Ce d’autant que le site se situera bientôt au centre du nouveau quartier de Gruvatiez et de la future halte du réseau express régional.
Une trêve avec Orllati
immobilier e propriétaire voulait résilier le bail du musée l’an dernier. Vu l’importance de ce patrimoine, il a toutefois accepté de suspendre sa décision pour entrer en discussion.
Le groupe Orllati, propriétaire de l’ancien moulin Rod, envisageait de ne pas reconduire le bail du musée, fin 2018, afin de rénover cet immeuble vieux de 600 ans et de créer des logements et des espaces socioculturels. Le combat que mène Pierre-André Vuitel pour préserver le lieu n’est pas terminé, mais une trêve a été conclue à la suite de l’inscription, au Patrimoine mobilier vaudois, des turbines et des autres machines qu’abrite le site. Cette reconnaissance a poussé le groupe Orllati à prendre conscience des trésors qui se cachaient dans les tréfonds de l’ancien moulin.
Pour trouver une solution acceptable pour chaque partie, la Commune d’Orbe a créé une commission technique, composée notamment du propriétaire et des membres de l’association Développement 21, qui gère le musée. «On nous a laissé entendre que la partie culturelle devrait rester, mais peut-être qu’elle serait réduite, et que ce serait quelque chose de durable», dévoile Pierre-André Vuitel.
Ouverture dimanche
Le musée Patrimoine au fil de l’eau ouvrira ses portes dimanche pour sa onzième saison. En plus de découvrir l’histoire de ce monument de l’ère industrielle, le public pourra observer, pour la première fois, des photos uniques de l’ancien moulin Rod et le résultat des études historique et archéologique du site. «En plus, on vient de dénicher une nouvelle machine, s’étonne Pierre-André Vuitel, des étoiles plein les yeux. C’est dingue, on trouve encore des choses inestimables entre ces murs!» Les visiteurs pourront aussi avoir toutes les explications sur la fabrication de café, sur les corrections des eaux du Jura, sur les castors urbigènes et sur l’hydroélectricité. Tout un programme à découvrir jusqu’au 3 novembre.
