C’est un peu tôt pour sabrer le champagne, mais la formation professionnelle reprend du poil de la bête.
L’apprentissage va-t-il reconquérir la place perdue parmi les jeunes en fin de scolarité ? C’est certes encore un peu tôt pour l’affirmer, mais mardi après-midi, lors de l’ouverture officielle de la 14e édition du Salon des métiers et de la formation, le conseiller d’Etat Frédéric Borloz, en charge du domaine, a évoqué des indicateurs positifs.
De là à parler d’un renversement de tendance, il y a un pas que le chef du Département ne franchit pas encore. « Les chiffres ne sont pas bouclés, nous sommes un mois plus tôt et il y a encore des contrats qui se signent. Il faudra attendre 2025 pour le confirmer, mais la tendance est réjouissante. »
Cette tendance, justement, est intéressante : la proportion de jeunes qui ont choisi la formation professionnelle à la fin de la scolarité est passée de 19 à 20 %. Dans le même temps, la part de ceux qui ont opté pour la voie académique a diminué de 1 %, une diminution également enregistrée au niveau de la transition.
« Il y a un peu plus de jeunes dont on perd la trace immédiatement. Mais la plus grande partie, on les retrouve dans les deux ans. Il n’y a qu’une petite partie qu’on a perdue », a relevé le chef du Département de la formation.
Un autre indicateur incite à l’optimisme : la proportion des élèves de la voie pré-gymnasiale qui choisit finalement la voie professionnelle est passée de 7 à 9 %. « Ce qui est réjouissant, c’est qu’ils choisissent », souligne Frédéric Borloz.
Et le conseiller d’Etat de combattre une idée reçue, selon laquelle on ne peut pas choisir à 15 ans. « À Zurich et dans d’autres cantons, le problème ne se pose pas. Il n’y aurait que les Vaudois qui ne peuvent pas choisir à 15 ans ? C’est un phénomène qu’on doit casser », assène le patron de la formation. Et d’engager tous les intéressés à promouvoir le choix durant les trois dernières années de scolarité obligatoire.
L’état d’esprit et Maison des métiers
Le conseiller d’Etat a aussi insisté sur la nécessité de générer un nouvel état d’esprit : « Notre génération a acquis deux métiers, la suivante en pratiquera trois ou quatre. » Il promet un « renforcement de la communication ces prochains mois », afin d’encourager cette nouvelle vision et de « donner une information contemporaine sur les métiers ».
Frédéric Borloz a profité de cette occasion pour confirmer la construction d’une Maison des métiers d’ici 2028 : « Ce sera à Crissier, un lieu où l’on trouvera toutes les informations sur la vie professionnelle, à destination de tous, notamment des personnes qui veulent revenir dans la vie active, y compris les immigrés. » Le numérique y aura sa part.
Le conseiller d’Etat veut aussi encourager les formations complémentaires et la formation continue. La réforme de la Loi sur la formation professionnelle permettra de concrétiser les nouvelles stratégies, cela en association avec les acteurs économiques.
En résumé, Frédéric Borloz veut élargir le socle de base, multiplier les passerelles, car qu’on choisisse la voie professionnelle ou la voie académique, « elle conduit au plus haut niveau ». Et de conclure en évoquant le chantier de la maturité en quatre ans, qui doit être utilisé comme une opportunité : « On a 40 % de redoublements au gymnase, cela ne va pas. Nous devons garantir un passage plus solide vers l’Université, où il y a aussi trop d’échecs en première année. »
Salon des métiers et de la formation, Beaulieu Lausanne, jusqu’à dimanche.