L’Armée renforce le site de Chamblon
27 novembre 2013Alors que plusieurs villes romandes sont frappées de plein fouet par la restructuration de l’Armée, la cité nord-vaudoise verra sa place d’armes développée.

La place d’armes de Chamblon subira des modifications pour accueillir les recrues sanitaires en 2020, actuellement à Moudon.
C’est peu dire que le soulagement dominait hier à Chamblon. Le village nord-vaudois est passé entre les gouttes de la vaste réorganisation de l’Armée, présentée dans la matinée à Berne. Une restructuration qui fait très mal à la Suisse romande. Adieu les casernes de Moudon, des Vernets à Genève et de la Poya à Fribourg. Même sort pour l’aérodrome de Sion.
«Nous avons enfin la confirmation que la place d’armes de Chamblon continuera de fonctionner. Il s’agit d’une bonne nouvelle», réagissait hier à chaud Max Holzer, le syndic. L’homme est rassuré : «Nous travaillons bien avec l’Armée. Elle a financé beaucoup de nos infrastructures ce qui permet à notre Commune de ne pas être endettée. De plus, elle a développé un concept écologique qui plaît beaucoup ici.»
La place d’armes de Chamblon, qui accueille les recrues des armes antichars depuis 1979, n’est pas seulement épargnée. Elle sera renforcée. La caserne accueillera à terme l’instruction des troupes sanitaires actuellement dispensée à la caserne de Moudon, qui sera donc fermée (lire encadré). «Pour l’heure, nous ne pouvons donner aucun chiffre», se borne Renato Kalbermatten, porte-parole de l’Armée. Les cantons ont jusqu’à la fin janvier 2014 pour donner leur avis sur ce plan de restructuration.
Si le site nord-vaudois devait finalement recevoir les recrues sanitaires, ce ne serait pas avant 2020, des travaux d’adaptation des infrastructures devant y être réalisés. Seule certitude, avec l’annonce d’hier, Chamblon a renforcé sa position de site stratégique pour l’Armée.
Grosse colère à Moudon et dans le canton
Le syndic de Vugelles-La Mothe, Michel Jeckelmann. Michel Duperrex Les autorités de la cité broyarde se sont prises deux énormes coups de massue. Elles ont appris par la radio, premièrement, que l’Armée allait quitter la place d’armes et, deuxièmement, que la Confédération pourrait y installer à la place un futur centre fédéral de requérants d’asile, prévu pour 550 personnes. La bataille s’annonce cependant ardue, puisque le Conseil d’Etat vaudois s’oppose d’ores et déjà à ce projet. Et hier, le conseiller national Olivier Feller a directement interpellé le Conseil fédéral sur le sujet.
Les syndics de Vugelles-La Mothe et de Grandevent voulaient la fermeture de la place de tir
«Nous n’allons pas déposer les armes pour autant»
Tandis que, dans plusieurs endroits de Suisse, le départ de l’Armée est déploré, le maintien de l’activité sur la place de tir de Vugelles-La Mothe est vivement décrié par les représentants d’une population locale à cran. «On continue le combat», déclare Claude-Alain Briod, syndic de Grandevent et porte-parole des communes qui contestent la place de tir en raison des nuisances sonores occasionnées.
Michel Jeckelmann, son homologue de Vugelles-La Mothe, a lui aussi recours à une métaphore militaire pour dépeindre la détermination des opposants : «C’est une grosse déception, on ne tient pas compte des doléances de la population, mais nous n’allons pas déposer les armes.»
Quantifiable sur une vidéo postée sur Youtube et intitulée «soirée buccolique à Vugelles-La Mothe», le bruit provoqué par des salves parfois répétées jusqu’à 22 heures, aux dires de Michel Jeckelmann, a suscité plusieurs interventions à Berne visant à obtenir la fermeture de la place de tir. «Dans un premier temps, nous allons probablement demander la suppression des tirs à l’arme lourde ou de l’utilisation d’explosifs», indique Claude- Alain Briod.
«Il y a un conflit d’intérêts entre la mission de formation de l’Armée et notre volonté d’oeuvrer pour les habitants de nos villages», reconnaît Michel Jeckelmann.
Le syndic de Vugelles-La Mothe et ses compagnons de lutte espèrent obtenir le soutien du Canton, un intermédiaire par lequel la Confédération leur a demandé de passer pour s’adresser à elle.
«Tout le monde se renvoie la balle. Rien ne bouge, mais la situation est toujours aussi invivable », ajoute Michel Jeckermann.
Du côté de Baulmes, le syndic Julien Cuérel indique que la décision de fermer la place de tir de Grangeneuve n’aura pas d’incidence particulière pour la Commune, dans le sens où l’Armée n’y venait «presque plus.» Ludovic Pillonel