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L’Armée Rouge a conquis le HCY

21 décembre 2015

Hockey – Le cinéma Urba a présenté, jeudi dernier, le film documentaire Red Army aux juniors du HC Yverdon. Entretien avec l’entraîneur tchèque, Jiri Rambousek.

DRLa séance à fait salle comble. Petits et grands, tous joueurs du HCY, se sont réunis, jeudi dernier, au cinéma d’Orbe, pour assister à la projection de Red Army, le film documentaire retraçant les années fastes du hockey soviétique. L’entraîneur, Jiri Rambousek, né en 1980 en Tchécoslovaquie, s’est confié. «Nous avons organisé une séance privée pour le club, dans le but de montrer aux jeunes la réalité du hockey dans les pays de l’ex-URSS. Et, donc, la qualité de vie incroyable dont ils disposent pour pratiquer leur sport aujourd’hui.»

Dans son documentaire, le réalisateur américain Gabe Polsky lève le voile sur le destin croisé de l’Union Soviétique et de son équipe de hockey. Même les non-initiés connaissent leurs noms: la redoutable ligne d’attaque Krutov-Larionov-Makarov, la célèbre KLM. Ensemble, ils incarnaient la mythique et invincible Sbornaja. L’Armée Rouge, cette machine de guerre, à la fois vitrine sportive et arme de propagande massive, toujours au service du parti communiste post-stalinien.

Dans un contexte de Guerre froide, de séparation des blocs, le sport ne parvenait pas à transcender la politique. Pire, il servait de levier. «Lorsque j’étais enfant, en Tchécoslovaquie, depuis le Printemps de Prague de 1968, on détestait l’URSS, se souvient Jiri Rambousek. Chaque match était spécial. Le hockey, c’était la politique à travers le sport. La glace était le seul endroit où on parvenait, parfois, à battre les Soviétiques.»

Au fil des images et des témoignages, la salle est embarquée, secouée entre les prouesses techniques des génies du palet, et l’atrocité qui se cache derrière ces machines à gagner, tantôt victimes, tantôt porte-drapeau du pouvoir en place. «Wow, regarde les joueurs comment ils patinent, comment ils marquent, ça a l’air tellement facile», s’exclament les juniors, devant des images de phases de jeu plus limpides les unes que les autres. Même si les plus jeunes spectateurs ne saisissent pas les enjeux géopolitiques de l’époque, ils ne restent pas moins incrédules devant cette radiographie de la vie de l’Europe de l’Est; cette machine à fabriquer des athlètes surentraînés, et à les broyer.

Jiri Rambousek s’est confié sur la dimension politique du hockey de l’époque. © Simon Gabioud

Jiri Rambousek s’est confié sur la dimension politique du hockey de l’époque.

Si la sévérité et la brutalité du coach de l’équipe soviétique, Viktor Tikhonov, n’ont pas eu d’égal, l’apprentissage du hockey en Tchécoslovaquie n’en était pas moins «à la dure»: «Quand j’ai commencé à jouer, on s’entraînait presque tous les jours avec du vieux matériel. Ce n’était pas toujours facile, mais j’étais un enfant heureux. Grâce au hockey, je pouvais voyager, voir à quoi ressemblait l’Europe de l’Ouest. Même si je n’avais pas les moyens d’acheter quoi que ce soit, j’ai découvert une autre mentalité, un autre monde.» Un passé aux influences soviétiques qui explique, en partie, le tempérament de Jiri Rambousek aujourd’hui: «Je me considère comme un entraîneur exigeant. Tous les joueurs doivent prouver leur place sur la glace, travailler dur et montrer leur volonté et leur fierté de porter le maillot. C’est une question de respect, pour moi et pour le club.»

Simon Gabioud