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L’aventure tatare de deux Urbigènes
Lucie Amiguet et Mathis Chanthakesone, qui s’entraînent ensemble (ici au Centre de badminton d’Yverdon-les-Bains, dans le cadre du programme sport-études), seront également associés en mixte, à Kazan. © Michel Duperrex

L’aventure tatare de deux Urbigènes

14 février 2018 | Edition N°2185

Lucie Amiguet et Mathis Chanthakesone défendront les couleurs suisses aux Championnats d’Europe M15, à Kazan.

C’est grâce au volant que Lucie Amiguet et Mathis Chanthakesone vont découvrir bientôt le Tatarstan. Le voyage sera long, mais il en vaudra la chandelle pour les deux badistes formés à Orbe. Ils ont été sélectionnés pour représenter la Suisse aux Championnats d’Europe M15, d’aujourd’hui à dimanche, à Kazan. Les visas sont prêts et le binôme sera accompagné dans son aventure -la première à ce niveau pour tous les deux- par Anthony Dumartheray, entraîneur national de la catégorie, ainsi que des M13.

Les deux talents régionaux sont en forme. Fin janvier, Lucie Amiguet a remporté un tournoi international à Bourges, en France. En double mixte, la vigoureuse joueuse d’Orny et son camarade de Mathod, 13 ans chacun, sont montés sur la troisième marche du podium du tournoi disputé dans l’Hexagone. Depuis, ils se préparent pour Kazan. «On se réjouit d’arriver en Russie, lance Lucie Amiguet, plus expansive que son camarade. C’est la première fois qu’on va véritablement se mesurer à tous les joueurs d’Europe, et pas seulement à une partie d’entre eux, comme c’est habituellement le cas lors des compétitions internationales que l’on dispute.»

Expérience utile

Il serait, par contre, trop présomptueux de fixer des objectifs chiffrés à atteindre pour le duo, qui tapera dans le volant tant en simple qu’en mixte à Kazan. Plutôt grand pour son âge, Mathis Chanthakesone fera parler son jeu offensif, parfaitement adapté à sa taille (1m76); rapide et dynamique, Lucie Amiguet comptera sur sa mobilité pour faire des étincelles.

Lucie Amiguet et Mathis Chanthakesone. © Michel Duperrex

Lucie Amiguet et Mathis Chanthakesone. © Michel Duperrex

«On ne part qu’avec deux éléments pour des questions de budget et, à la fois, de performances pures, souligne Anthony Dumartheray. Lucie et Mathis sont actuellement les meilleurs badistes du pays nés en 2004. A cet âge, il est, par contre, impossible de connaître le niveau de tous leurs adversaires. Pour nos deux représentants, il s’agira avant tout d’une belle expérience. Ce d’autant plus que les Championnats d’Europe élite par équipes se dérouleront dans le même temps et que, par conséquent, ils pourront voir les matches des meilleurs joueurs du continent.»

Du point de vue des entraîneurs des juniors de Swiss Badminton, le tournoi permettra de juger où en sont les joueurs helvétiques par rapport aux autres. «A la fois sur les plans technique et physique, ce qui servira à identifier les points à améliorer», poursuit le sélectionneur.

Dans les faits, au sein de la classe d’âge en question, sept des huit membres des cadres helvétiques sont Romands. «Cela s’équilibre dans d’autres années, tempère l’entraîneur national. Comme pour les clubs, cela fonctionne par vagues.»

Un club de champions

Le fait de trouver deux Urbigènes à un tel niveau ne relève pas du hasard. La formation au BC Orbe marche fort, avec six éléments qui font partie des cadres suisses et d’autres qui frappent à leur porte. Les deux jumeaux Hugo et Nolan Chanthakesone, 10 ans seulement, font déjà partie des effectifs M13. Julie -qui joue déjà en LNB avec Yverdon II- et Nicolas Franconville défendent aussi les couleurs nationales. «On est un groupe motivé, on se pousse», affirme, avec flegme, Mathis Chanthakesone, dont le père est d’origine laotienne.

Les talents de la Cité aux deux poissons sont entraînés par Pavel Uvarov, ancien joueur du BC Yverdon, entre autres. «C’est incroyable de constater que sur une petite centaine de membres au club à Orbe, six sont en équipe de Suisse», glisse-t-il avec fierté. Le Russe d’origine dirige également, associé à Anthony Dumartheray, les séances des bénéficiaires du programme sport-études instauré dans la Cité thermale. C’est dire si, en plus de produire d’excellents joueurs, la région peut compter sur un encadrement à la hauteur.

Manuel Gremion