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Le ballon rond au pays des mille collines

25 janvier 2012

Football – Correspondant urbigène pour le journal La Région, Cyril Fayet était jusqu’à mi-décembre dernier au Rwanda afin de mettre en place la communication d’une ONG de sport et de développement.

Cyril Fayet a travaillé au Rwanda en faveur de l’organisation CHRISC juqu’à mi-décembre dernier.

Aller au Rwanda… Pour quoi faire? Que faire dans un pays tristement célèbre pour ses milles collines jonchées de sang par un atroce génocide, par un massacre qui aura laissé la communauté internationale muette et spectatrice complice d’un désastre longtemps annoncé avant 1994? Loin d’être une destination de rêve, partir au Rwanda relèverait plutôt de la punition dans l’imaginaire collectif. Toutefois, une raison au moins m’y aura amené… le football! Le football comme lueur d’espoir et purgatoire d’un pays profondément meurtri, laissant à sa jeunesse la lourde tâche de reconstruire une nation toute entière. Au Rwanda, le ballon rond a pris le pas sur la machette. Langage planétaire et universel, ce sport est devenu le ciment d’un pays passionné par Arsenal, Barcelone et Manchester United. Pas un match, pas un score, pas un goal ne fait l’objet d’une inattention. Le Rwandais voit football, pense football, vit football. Une ferveur laissant n’importe quel observateur occidental incrédule.

Un vecteur de changement

C’est dans cette atmosphère particulière que je me suis engagé à vivre jusqu’à mi-décembre dernier. À Kigali, dans le but de soutenir l’organisation CHRISC Rwanda, nous nous attelons à utiliser le football afin d’aider les jeunes Rwandais a participer activement à la reconstruction de la société. Loin d’être une initiative isolée, l’utilisation du sport dans le processus de coopération au développement prend une place de plus en plus importante à l’heure actuelle. Pour ne citer qu’eux, l’ONU, la FIFA et le CIO s’engagent aujourd’hui énormément dans cette voie.

Les raisons de cette récente attention sont multiples. L’on a constaté que le sport était un moyen particulièrement efficace pour consolider la paix, renforcer les liens d’amitié entre les communautés ou faire passer des messages sanitaires. Par exemple, grâce à la proximité entre les entraîneurs et les joueurs, ainsi que la relation particulière qu’ils tissent entre eux, une meilleure écoute des risques liés au virus du sida peut s’effectuer. Dans le cas de CHRISC, c’est notamment durant les différents entrainements et lors des journées de sa Youth League (unique compétition footballistique pour les jeunes de 10 à 16 ans dans le pays) que des thématiques sanitaires et sociales sont abordées. Et cette année, pas moins de mille jeunes ont participé à ce championnat de football aux quatre coins de Kigali, ce qui permet à l’ONG de toucher un large public.

Cette initiative est une occasion inespérée pour les futures stars rwandaises de taper comme leurs idoles dans un ballon. Car CHRISC permet également au jeunes de recevoir le matériel adéquat pour s’adonner à leur sport favori. «Avant on venait au terrain mais on n’avait pas de chaussures, pas de maillots et on fabriquait nous même nos ballons. Maintenant, on me prête des ballons et aussi un maillot de Chelsea. Comme ça je peux jouer au foot comme Drogba», m’a confié Janvier, jeune Rwandais âgé de 13 ans.

Selon Paul Otieno, coordinateur national du projet, le football est avant tout utilisé dans le but de donner des responsabilités à la nouvelle génération du pays: «La jeunesse d’ici a vraiment envie d’aller de l’avant, c’est pour cela que nous avons axés notre travail sur elle. Tout les entraîneurs, les arbitres, les soigneurs et les organisateurs sont âgés de moins de 22 ans. CHRISC leur permet d’acquérir des compétences pratiques qu’ils pourront réutiliser par la suite afin de participer au relèvement de la société.»

Un travail axé sur la jeunesse

Outre le renouvellement complet du site internet, qui avait été sommairement lancé au début 2009 et laissé à l’abandon depuis, ainsi que le soutien aux différents entraînements et événements, mon travail se focalise plus amplement sur la formation des jeunes volontaires de l’association. L’objectif étant de créer et former une équipe capable de régir seule les différents aspects de la communication de CHRISC Rwanda. Il a fallu dès lors mettre en place différents ateliers autour de la rédaction d’articles en ligne et l’utilisation des réseaux sociaux, des techniques d’édition comme la retouche photo et le montage vidéo, ou encore la création de matériel promotionnel tels que flyers, dossier de presse et spots vidéos.

Un programme chargé qui ne saurait être terminé une fois de retour au pays. Car si les progrès des volontaires sont visibles, il reste que l’information et les techniques de communication restent largement sous-développées au Rwanda. Si l’informatique est accessible techniquement, pratiquement les coûts sont bien trop élevés pour une population vivant avec 1 dollar par jour et dont le taux de chômage s’élève à 90%. Du coup, la formation des jeunes Rwandais débute le plus souvent au niveau zéro de la connaissance.

Se tourner vers l’avenir

Malgré les difficultés apparentes du pays, il existe également au Rwanda une forte envie. Et une nouvelle fois, la jeunesse du pays en est le parfait exemple. Les jeunes Rwandais veulent vivre pleinement leur vie: soirées dansantes, sorties dans les bars de la capitale, drague à peine dissimulée, soirées DVD piratés, création de petits business et bien sûr de «clubs» de football un peu partout dans la ville. Tout ça dans le but de faire table rase du passé et de redonner de la vie aux mille collines du pays.

Plus d’infos sur:

www.chriscrwanda.org

Cyril Fayet