Le Canton a aussi son «Google Maps»
14 août 2013Quelques jours après l’évasion de détenus des Etablissements pénitenciaires de la plaine de l’Orbe, la Conseillère d’Etat Béatrice Métraux pointait du doigt Google Maps. Or, le Canton lui-même propose un service similaire.
«Une invasion.» C’est ainsi qu’au lendemain de la double évasion des Etablissements pénitentiaires de la plaine de l’Orbe du 25 juillet dernier (voir La Région Nord vaudois du 29 juillet), la conseillère d’Etat, Béatrice Métraux, cheffe du Département de l’intérieur, a qualifié l’événement. Une définition qui, pour rappel, faisait référence à la violence rare de l’opération menée par les complices des deux prisonniers, Adrian Albrecht et Milan Poparic, qui n’avaient pas hésité à pousser un champ de barbelés et tirer en rafales à l’aide d’armes de guerre, de type Kalachnikov, afin d’extraire les deux détenus de l’Etablissement pénitentiaire.
Une évasion spectaculaire à la suite de laquelle, quelques jours plus tard, la cheffe du Département de l’intérieur, selon la RTS et 20 minutes, annonçait qu’elle entendait étudier les différentes mesures possibles, afin d’obtenir du géant Google que ce dernier retire ou floute les endroits jugés sensibles sur son service de cartographie Google Maps.
« Effet d’annonce »
Une idée que Béatrice Métraux a annoncé vouloir proposer lors de la prochaine réunion de la Conférence des directeurs des départements de justice et police, dont la genèse se trouve dans le fait que les photographies aériennes, mises à disposition par Google, auraient pu jouer un rôle lors des préparatifs de l’évasion. Une hypothèse qui, sitôt lâchée, n’avait pas manqué de susciter nombre de commentaires pour le moins sceptiques. A l’instar de ceux de Stéphane Koch, spécialiste en sécurité de l’information, pour qui le fait de pointer ainsi du doigt le service de Google «relève de l’effet d’annonce» et de rappeler qu’il existe un grand nombre d’autres portails, gratuits ou payants, qui offrent les mêmes possibilités. Cette affaire, pour Stéphane Koch, étant surtout révélatrice «d’un manque d’anticipation des risques, car cela fait de nombreuses années que ce genre de services existent». Quant au rôle éventuel joué par Google dans cette évasion, «il ne s’agit là que de la pointe de l’iceberg. La véritable question à se poser étant celle de la gestion des risques, tant d’un point de vue du type de détenus incarcérés que de la formation des gardiens».
Des mesures attendues
Une supposition qui apparait même «cocasse», lorsque l’on prend la peine de se rendre sur le site GéoPlaNet, soit le guichet cartographique du canton de Vaud. En effet, ce dernier propose, à n’importe quel internaute et en libre accès, des images similaires -fournies par l’Office fédéral de topographie Swisstopo-, à celles que l’on peut trouver sur Google Maps. Le tout avec des outils bien pratiques, dont un qui permet de mesurer les distances entre deux points. Une situation pour le moins paradoxale qui, selon le responsable ad interim de la communication du Département de l’intérieur, François Huguenet, a été identifiée. «Nous sommes au courant de cette possibilité. Aussi, et comme ce service dépend de l’office de l’information sur le territoire, Béatrcie Métraux a demandé à Nuria Gorrite que des mesures urgentes soient prises.» Ce qui, à l’avenir, permettra d’exclure qu’un fugitif, pour autant qu’il ait décidé d’utiliser un système de cartographie, ait préféré le site du Canton à celui de Google Maps.