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Le champ de ruines de la TV régionale

15 août 2012

La Commune d’Yverdon-les-Bains a coupé son soutien à YTV et la faillite de Créavision est désormais inéluctable. Mais l’association Jenova survivra. Bilan d’un désastre.

L’entreprise formatrice Jenova poursuivra son chemin avec le soutien du CPNV, mais sans le département YTV.

Le Tribunal de l’arrondissement de la Broye et du Nord vaudois, présidé par Véronique Pittet Vuillème, s’est réuni hier pour statuer sur la révocation du sursis concordataire accordé à Créavision S.A., la société qui a été le principal mandataire de feu Canal NV -les deux entités étaient dirigées par Michel Brouard-, et qui aujourd’hui encore, s’agissant des mêmes personnes, constitue la base de la jeune entreprise Jenova, dont YTV est le département le plus visible.

Or la révocation du sursis concordataire accordé à Créavision -elle paraît inéluctable-, et l’inévitable faillite qui suivra, pourrait plonger Jenova dans de graves difficultés.

La Ville se retire

Le dossier de la télévision régionale sent le soufre depuis longtemps. La Ville d’Yverdon-les-Bains, à hauteur d’une aide annuelle de 150 000 francs-, et d’autres communes de la région, ont soutenu Canal NV, une chaîne vraiment régionale dont beaucoup regrettent aujourd’hui la disparition.

Lors de l’ouverture des nouvelles concessions, la Municipalité d’Yverdon-les-Bains, soutenue par le Conseil communal, a opté pour une participation au projet Vaud-Fribourg TV (La Télé).

Cette télévision suprarégionale n’a pas tenu ses promesses. Aujourd’hui, elle n’a même plus un représentant à Yverdon-les-Bains et elle traite l’actualité régionale au gré des disponibilités de ses collaborateurs. Les 250 000 francs engagés par Yverdon-les-Bains dans cette aventure sont… amortis au franc symbolique dans les comptes.

Actionnaire, la Ville est encore représentée au conseil d’administration de Vaud-Fribourg TV par la municipale Marianne Savary. Cette dernière a relayé son collègue Marc-André Burkhard, qui reste président de Canal NV, une association vouée à disparaître.

L’espoir fait long feu

Consciente de la nécessité de traiter l’actualité régionale, la Ville soutenait, depuis son lancement il y a deux ans, le projet YTV, né dans la mouvance de Jenova, une jeune entreprise qui, outre ce département TV, permet aux jeunes médiamathiciens issus du CPNV (Centre professionnel du Nord vaudois) de mettre leur formation en pratique.

Mais cette jeune télévision, qui se veut participative, n’a pas répondu aux attentes. Et le départ, l’automne passé, de la responsable de la communication de la Ville Aude Aegerter, qui était le meilleur avocat de la chaîne auprès des autorités, a précipité la décision de la Municipalité de retirer son soutien à la chaîne. Celle-ci ne survivra pas à ce coup de bistouri.

 

Le Tribunal administratif fédéral (TAF) a tranché le printemps dernier

Canal NV devrait rembourser l’OFCOM…

Créavision a pu bénéficier d’un sursis concordataire, car elle espérait que sa principale mandante, l’association Canal NV, obtienne un montant conséquent de l’Office fédéral de la communication (OFCOM).

Un espoir déçu puisqu’en mars dernier, le Tribunal administratif fédéral (TAF) a débouté Canal NV. Non seulement celle-ci ne percevra pas de subvention pour ses derniers excercices, mais elle doit rembourser des prestations indûes. Par ailleurs, seule une petite partie du montant en jeu aurait pu revenir à Créavision.

Canal NV, qui a cessé de diffuser peu avant la naissance de La Télé, n’a plus en sou en caisse. Outre le montant à rembourser à l’OFCOM, l’ex-chaîne régionale doit plusieurs dizaines de milliers de francs à un établissement bancaire et à des prestataires tiers.

La dissolution est programmée

Que va-t-il advenir de l’association Canal NV? «Nous avons agendé une séance du comité directeur à fin septembre. Celui-ci va certainement proposer la tenue d’une assemblée générale de dissolution», explique Marc-André Burkhard, président de l’association. Cette dernière n’ayant plus de ressources, ses créanciers devront sans doute passer les montants revendiqués par pertes et profits.

Isidore Raposo