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Le chauffage à distance monte en puissance
La plateforme du CAD-Santal est en voie d’aménagement. © Michel Duperrex

Le chauffage à distance monte en puissance

13 octobre 2022

La société Y-CAD s’apprête à construire une centrale de chauffe à la limite du périmètre du parc technologique Y-Parc.

Augmenter la part du renouvelable est non seulement une obligation, mais, en raison de la crise, une nécessité absolue. La société Y-CAD SA, contrôlée par la Ville d’Yverdon-les-Bains et dans laquelle les Services industriels de Genève (SIG) sont partenaires, s’apprête à lancer le chantier d’une nouvelle centrale de chauffage à distance, CAD Santal. Celle-ci sera construite entre les voies de chemin de fer et le silo à voitures, en bordure de l’axe prioritaire d’agglomération (APA). La mise à l’enquête vient de s’achever et les promoteurs du projet espèrent que la Municipalité d’Yverdon-les-Bains délivrera le permis de construire d’ici la fin du mois.

Une bonne douzaine de services cantonaux, ainsi que l’Etablissement cantonal d’assurance incendie (ECA) se sont penchés sur ce projet qui nécessite une dérogation au règlement du parc. Mais à l’avenir, les entreprises déjà implantées, et celles qui viendront s’y établir ces prochaines années, pourront bénéficier de cette installation de chauffage à distance.

Deux installations de chauffage à distance sont déjà en service sur le territoire de la ville: le CAD Lotus, dans le quartier de l’hôpital, et le CAD Step, construit à l’occasion de la reconstruction des installations de traitement des eaux usées, dont la chaleur est désormais récupérée.

Selon Benoist Guillard, municipal en charge du Service des Energies, et Pierre-Alain Kreutschy, respectivement président et directeur d’Y-CAD, cette nouvelle installation, qui devrait entrer en service au printemps 2024, permettra de chauffer les immeubles du Centre professionnel du Nord vaudois (CPNV), à la rue Roger-de-Guimps, du collège Léon-Michaud, et quelques immeubles de la rue des Chaînettes. En effet, les futurs bénéficiaires ont déjà été raccordés au cours de l’été. Quant aux conduites les reliant à la future centale, elles ont été installées à l’occasion de la construction de l’axe prioritaire d’agglomération.

Dans cette perspective, Y-CAD a repris en 2017 l’installation de chauffage au gaz – elle a été rénovée – du CPNV. Celle-ci permet d’assurer le chauffage durant la période transitoire et, une fois le CAD opérationnel, elle fonctionnera en appoint lorsque la demande sera forte (pointes) et comme installation de secours.

Le CAD Santal sera étendu dans une étape ultérieure au quartier des Moulins, puis à celui des Charmilles-Général Guisan. Au total, le potentiel représente quelque 700 bâtiments. Y-CAD a informé les régies immobilières et les propriétaires, privés et institutionnels, tels Retraites Populaires. Ces derniers, à l’occasion d’une rénovation ou d’un assainissement, ont ainsi l’opportunité de renoncer aux énergies fossiles. Entre autres avantages, le CAD leur permet de retrouver des volumes disponibles – local technique et citernes – et de se libérer des contraintes d’entretien et d’approvisionnement.

«A plein régime, nous allons diminuer de 15% les émissions de CO2 de la ville», explique le municipal en charge du SEY.

Les responsables des énergies ont pour but d’assurer, d’ici une dizaine d’années, le tiers de la consommation de chaleur de la ville par les installations de CAD.

Réalisé depuis 2014, à partir de l’hôpital, le CAD-Lotus chauffe également le Centre thermal et le Grand Hôtel des Bains. Le projet a non seulement répondu aux attentes mais, en termes de prix, il a été plus avantageux que prévu pour les consommateurs. Bien évidemment, la forte augmentation du prix du gaz a quelque peu modifié la donne. La puissance du CAD-Lotus devrait être augmentée à l’occasion de l’extension du site yverdonnois des Etablissements hospitaliers du Nord vaudois (EHNV).

Dans leur stratégie, les autorités yverdonnoises prévoient également d’utiliser la géothermie à moyenne profondeur. Dans cette optique, elles suivent avec intérêt les sondanges opérés, sur le territoire de Montagny, par une société proche de la famille de maraîchers Stoll.

Actuellement, le Service des énergies achète pratiquement toute l’électricité fournie à ses clients. «Notre objectif est de parvenir à produire 40% d’énergie renouvelable locale, chaleur et électricité confondues. Pour y parvenir, nous devons aussi développer le photovoltaïque, et puis on aura besoin de projets éoliens», explique Benoist Guillard.

 

Du bois naturel et du bois usagé

 

La nouvelle centrale du CAD Santal prendra place sur une parcelle que la société Y-CAD va acquérir de la copropriété du Parc scientifique et technologique (PST). Le bâtiment abritera deux zones distinctes, l’une dédiée au stockage du «carburant», soit le bois naturel (plaquettes) et le bois usagé, et l’autre aux installations de combustion. Celles-ci sont séparées car, au terme du processus, les cendres sont séparées en vue de leur stockage en décharge.

En ce qui concerne les fournisseurs, ils seront choisis au terme d’un appel d’offres. Car une fois en service, ce type d’installation doit avoir la garantie de disposer de combustible en tout temps, en particulier lors de la saison froide.

En principe, le CAD Santal consumera 45% de bois usagé, 35% de plaquettes, le solde étant assuré par le gaz. La mise en service sera progressive, s’effectuant sur quatre étapes, avec une montée en puissance.

Isidore Raposo