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Le cinéaste Fernand Melgar à l’école des émotions

6 avril 2018 | Edition N°2220

Yverdon-les-Bains – Le documentaire «A l’école des Philosophes», qui narre l’histoire de cinq élèves de la Fondation de Verdeil, a obtenu le Prix du jury de la Brenaz, lors du Festival international du film sur les droits humains, à Genève.

Le réalisateur a passé plus d’une année à filmer le quotidien de cinq écoliers de la Fondation de Verdeil. © Michel Duperrex

C’est dans un café du centre de la rue du Lac qu’on rencontre Fernand Melgar. Le cinéaste lausannois, connu pour avoir réalisé des documentaires comme «La Forteresse», «Vol spécial» et «L’Abri», a obtenu le Prix du jury de la Brenaz pour son dernier film «A l’école des Philosophes», lors de la dernière édition du Festival international du film sur les droits humains, à Genève, le mois dernier. «J’ai été particulièrement ému de recevoir ce prix parce que ce sont des prisonniers qui me l’ont décerné», révèle Fernand Melgar. Et d’ajouter: «La plupart des films que j’ai réalisés sentent le souffre, mais celui-ci est différent. Il apporte un véritable message d’espoir.»

Le documentaire «A l’école des Philosophes» retrace la première année scolaire d’Albiana, Louis, Chloé, Léon et Kenza au sein de la Fondation de Verdeil – l’institution offre un enseignement spécialisé à des enfants souffrant d’un retard du développement – à Yverdon-les-Bains. Cinq écoliers pas tout à fait comme les autres. «Un jour, Cédric Blanc (ndlr: le directeur de la fondation) m’a contacté pour que je réalise un film sur commande pour le 60e anniversaire de la fondation, explique le réalisateur. J’ai tout d’abord refusé, parce que je travaille comme indépendant et que je ne sais jamais quel sera mon prochain film.» Cependant, l’idée de réaliser ce documentaire a fait son chemin. «En 2000, j’avais déjà tourné un court-métrage sur la trisomie 21, qui s’intitulait Béatrice. J’ai finalement accepté la proposition du directeur à condition qu’il me laisse carte blanche et que je produise le film moi-même.»

Une école au centre-ville

Le cinéaste – il vit à Bretonnières – a visité une dizaine d’établissements de la fondation, avant de sélectionner l’école située à la rue des Philosophes d’Yverdon-les-Bains. «J’ai choisi cet établissement parce qu’il se situe en plein centre-ville, alors que ce type d’institution se trouve en général à l’extérieur, peut-être parce que la différence gêne.»

En septembre 2015, sa caméra sous le bras, Fernand Melgar a débarqué à l’école des Philosophes le jour de la rentrée scolaire. «Au début, je me suis dit: mais dans quoi je m’embarque!, sourit-il. Il fallait que je sois à la hauteur, et puis finalement je suis allé à l’essentiel, parce que ces cinq gamins ont un désir de vivre et qu’on s’y attache très vite. Au fond, la vie trouve toujours son chemin, même si parfois elle ne file pas tout droit.»

Entre les cinq enfants et le cinéaste, un véritable «coup de foudre» a eu lieu. «Avec eux, il n’y a pas de filtre, soit ils vous acceptent, soit ils vous rejettent. Ce qui m’a plu, c’est qu’ils avaient tous la banane et que toute l’équipe professionnelle qui les entoure était là par vocation.»

Alors que Fernand Melgar avait décidé de consacrer une année à son projet, celui-ci a finalement duré un an et demi. «J’ai filmé près de 600 heures et il m’a fallu huit mois pour sélectionner les séquences et faire le montage, précise-t-il.

«A l’école des Philosophes» a été présenté lors de l’ouverture officielle des Journées de Soleure, en janvier dernier, en présence des parents. Le film, tendre et bienveillant, sera projeté dès la mi-septembre dans les salles obscures.

Une institution qui fête ses soixante ans

Fondée en 1958, la Fondation de Verdeil est une structure privée d’utilité publique, reconnue par le Département de la formation, de la jeunesse et de la culture (DFJC). Elle prend en charge près de 800 enfants et adolescents, âgés de 0 à 18 ans, qui présentent des retards de développement et d’apprentissage, des troubles de la personnalité ou du comportement, ou qui sont en situation de handicap. Elle offre un enseignement spécialisé pour les élèves en âge de scolarité obligatoire, et propose divers ateliers de transition professionnelle pour les adolescents. L’institution compte 65 classes, réparties sur treize sites dans le canton de Vaud, et plus de 400 collaborateurs.

Pour marquer son anniversaire, la Fondation Verdeil organisera divers événements tout au long de l’année en lien également avec le film.

 

Informations sur: www.verdeil.ch

Valérie Beauverd